2010 - 20192015AsieCritiqueHaruka AyaseHirokazu Kore-edaKahoKirin KikiMasami NagasawaRyo KaseSuzu Hirose
Notre petite soeur
NOTRE PETITE SOEUR
de Hirokazu Kore-eda
Ce
film est perfection, alors que je ne suis qu'imperfections. Mais je
vais essayer de vous parler de ce petit bijou. J'ai été très étonnée de m'apercevoir combien les gens étaient partagés au
sujet de ce film. Alors venez le voir avec mes yeux, mettez vos pas
dans les nôtres et rencontrez ce magnifique long métrage qui fit
l'unanimité chez nous.
Trois
sœurs vivent ensemble dans la maison que leur a légué leur grand
mère. Elles ont toutes la vingtaine. Un jour elles apprennent que
leur père qu'elles n'ont pas vu depuis quinze ans est mort et va être enterré dans la ville balnéaire où il vivait. Elles
apprennent également, que la femme avec laquelle il était parti est
morte, et qu'il avait une autre fille qui a quatorze ans aujourd'hui.
Et qu'à la fin de sa vie il s'était remarié avec une troisième
femme. Lors des funérailles, les sœurs rencontrent leur demi sœur;
la « grande sœur » avec son œil d'infirmière habitué
à jauger des situations, devine la personnalité de la femme
de leur père et comprend tout le poids qui pèse sur les épaules de
la « petite sœur ». Alors assez naturellement, au moment
où les trois sœurs aînées ont un pied dans le train, elles lui
proposent de venir vivre avec elles. Et c'est comme ça que Suzu
aménagea chez ses sœurs.
Si
ce film a un joli titre en français, en japonais il se nomme Umimachi
diary soit « le journal
de la ville de la mer ». titre qui plante un décor. Il est
tiré de l'oeuvre de la mangaka japonaise Akimi Yoshida,c'est un
Josei manga qui se nomme Kamakura diary.
Un josei manga est un manga dont la cible éditoriale sont des femmes
entre 15 et 30 ans, et parfois un peu plus âgées. Ils abordent des
sujets matures, avec des représentations plus crues, et plus
violentes psychologiquement. Les histoires d'amours sont souvent
éphémères, les relations sexuelles sont explicites, les thèmes
sont plus durs comme la drogue, le viol... et par exemple ici la
mort. On y voit les personnages boire et fumer.
Si je n'ai pas encore fini de lire le premier tome de ce manga qui
en compte sept en français, il paraît évident que Kore-eda a tenu
à rester proche de ce matériel.
Des les premières images du film, les costumes et même les coupes
de cheveux de certaines sont proches de celles du manga tout en
gardant ce qui fait la signature du cinéma de Kore-eda.
C'est
d'abord un cinéma lumineux, avec une volonté d’utiliser les lumières
naturelles. Avec des scènes en extérieur sublimes comme celles
autour de cerisiers en fleurs, ou celle d'un feu d'artifice sur
l'océan. Sa lumière est une signature, elle est toujours pleine de
nuance
et semble nimber ce paysage d'une ambiance "aquarellée".
Tout
comme le choix de ces décors naturels, les points de vues à couper
le souffle qui vous immergent dans cette histoire, sont la patte du
réalisateur. Ou encore les scènes de « cuisine »,où les femmes
se regroupent autour d'un plat que ce soit pour le cuisiner ou pour le manger. Des moments qui
font sens. Mais un sens différent dans chaque film. ici, ils parlent
de transmission, de protections,et de souvenirs. Ces moments plein de
délicatesse où les protagonistes nous invitent à leurs tables et à
leurs cotés. C'est un cinéma conviviale qui nous transporte au sein
de l'histoire.
Par ailleurs le cinéma de ce réalisateur n'est jamais avare de
jolis cadres avec des angles de vues toujours pensés et millimétrés , de portes qui coulissent et s'ouvre sur un extérieur en contre
jour. Et ici ils prennent un sens différents, un retour au manga
dont l'histoire est issue. Certains plans autour d'un seul personnage, comme
suzu récoltant les prunes, avec des dégradés de verts, ou plutôt un camaïeu, on est presque devant une peinture. C'est une beauté
discrète qui sert l'histoire et qui vous touche en plein cœur.
Je
n'ai pas envie de vous en dire trop sur l'histoire, j'ai envie que
vous la découvriez comme nous, et que vous ayez envie comme moi
d'avoir une place dans ce dortoir de filles. Mais je peux vous parler
de certains thèmes qui seront abordés. Autour du père et de
l'abandon de la famille, diverses réflexions se ramifient, comme
trouver sa place et son identité quand on est la fille d'un second
lit, et qu'une famille a implosé avec l'éclosion du couple de vos
parents ( et ce spécialement dans la société japonaise), ou
comment se créer par rapport à vos parents lorsque vous ne les avez
quasiment pas connus. La mort est abordée sous un angle très différent que le deuil habituel, et finalement de manière tellement
juste et inintéressante. C'est aussi une réflexion sur la vie, sur ce
que l'on devrait être, comment on devrait être, et quel point
d'équilibre nous devrions atteindre.
Je suis tombée amoureuse de ce casting. Je connaissais déjà
Haruka Ayase depuis Real un film de Kiyoshi Kurosawa, qui à ce jour
est celui que je préfère de ce réalisateur. Cette actrice est
pleine de douceur, et respire la force. Son visage peut être traversé
par toutes les émotions sans pour autant se départir d'une dose
d'humanité. Suzu Hiroze, joue Suzu. Elle est extraordinaire, cette
jeune femme dévore l'écran avec une aisance incroyable. Il est
difficile pour certains acteurs de jouer à ses cotés. Là, elle est
une petite sœur splendide et attachante. Masami Nagasawa, est la
seconde de la fratrie, elle est drôle, elle arrive à donner de la légèreté dans le film, sans pour autant se départir d'une certaine
dose de sérieux, et en sachant toujours faire poindre la fragilité derrière ce personnage. Kaho interprète la plus jeune des trois sœur
Chika, elle arrive à interpréter toute la bienveillance et le coté
décalé de cette femme qui a été élevée sans aucun de ses
parents et qui fait avec.
Ce film a été un gros coup de cœur autant pour le key maker de
ce blog que pour moi. Et si je vais lire les sept tomes déjà édité
en français du manga. Le key maker espère qu'un peu à la manière
de Linklater, Hirokazu Kore-eda reviendra filmer ses personnages dans
dix ans pour voir leurs évolutions
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