Toro

by - mars 13, 2017


Après quelques temps passés à l’ombre, Toro, un ancien membre de la mafia, est bien décidé à refaire sa vie. Il souhaite plus que tout laisser derrière lui son passé. Mais lorsque sa nièce se fait enlever, il se retrouve entraîné dans une spirale infernale de fuite, de pièges et de violence. Son instinct de tueur va resurgir…

Toro – Réalisé par Kike Maillo - 22 Février 2017

Je ne recommencerai pas mon laïus sur les sorties tardives en France des films, mais sachez que dans le cas de « Toro » il s'est passé presque 10 mois entre la sortie en Espagne et la sortie en dvd/bluray en France. C'est peu dire que je suis content de pouvoir le découvrir, car il s'agit du deuxième long-métrage du cinéaste espagnol Kike Maillo, déjà auteur en 2012 de la petit pépite pleine de poésie « Eva ».

Toro est l'homme de main préféré du mafieux Romano. Une place qui lui donne une certaine autorité, mais c'est aussi la place que l'on veut prendre. Un poids qui pèse sur les épaules de Toro, qui décide contre l'avis de son chef, de se retirer après un dernier cambriolage. Hélas rien ne se passe comme prévu. A peine arrivé sur le lieu du vol, la police arrive et force Toro et ses complices à fuir, provoquant une confrontation inévitable qui fini par l'arrestation de Toro et par la mort d'Antonio l'un de ses amis qui participait au vol. 5 ans plus tard, Toro est sur la voie d'une vie nouvelle. Sa peine est aménagée, il a un travail de chauffeur et il entretient une relation durable avec une institutrice, la chaleureuse Estrella. Malgré tout ça, il ne peut tenir à l'écart trop longtemps un passé bien décidé à lui pourrir la vie, notamment son frère Lopez, un escroc notoire qui vient de se mettre à dos Romano, le parrain de la mafia de Malaga. Toro ne veut plus rien avoir à faire avec Lopez, mais il ne peut lui refuser son aide, car sa fille à été enlevée par Romano et elle ne mérite pas ça. Entraîner dans un engrenage qu’il ne maîtrise pas, Il s'engage alors dans une fuite en avant qui va mettre ses bonnes résolutions à rudes épreuves …

Si son premier film « Eva » m'avait bouleversé, on ne peut pas en dire autant de son second long-métrage qui si il se laisse regarder, ne possède pas la surprise et la fraîcheur qui habitait son premier film. Kike Maillo avait le mérite malgré la science-fiction de minimiser ses effets, de jouer la carte de l'humain et de personnage bien incarné pour se détacher du genre en question. Ici c'est tout le contraire, des le début on sent l'influence énorme d'un film, le « Drive » de Nicolas Winding Refn, une influence qu'il ne digère absolument pas et c'est assez problématique …

Le début du film ne perd pas de temps. L'intrigue nous plonge directement dans l'action, on découvre les personnages et ceux qui les lient. C'est assez rapide et l'efficacité est là, mais des que l'on rentre dans le cœur de l'intrigue, le scénario écrit par Rafael Cobos et Fernando Navarro fonce droit dans le mur des clichés et stéréotypes (La mafia, le parrain, l'homme de main taciturne, le repentis, la vengeance …) , le tout saupoudré d'une narration plate qui ne cherche jamais à surprendre. De plus il s’assoit allègrement sur la cohérence ce qui n'aide pas à s'attacher et a comprendre les différents personnages. Cependant tout n'est pas à jeter, le fait de se concentrer sur une période de 24 heures par exemple imprime un rythme implicite au récit qui lui donne une certaine dynamique; mais là ou c'est vraiment judicieux, c'est le fait d'ancrer l'histoire dans son folklore et de confronter passé/présent. On retrouve ainsi le senorito andalou (le Mafieux Romano), la relation seigneur/sujet (Romano et les personnages qui lui donnent de l'argent) et enfin la corrida avec l'affrontement entre le Matador et le taureaux (Romano/Toro). Des traditions qui donnent de la tension, du cœur et un sens de la solennité qui rappelle les mises à mort dans la corrida; un apport au récit essentiel et qui nourrit la relation entre Romano et Toro, la rendant beaucoup moins artificielles.

Bon l'histoire ne vous emmènera pas vers des territoires inconnus et le visuel qui penche en plus vers du NWR (Nicolas Winding Refn) en rajoute avec cet air de « déjà-vu ». Parallèlement à ça je reconnais aisément que Kike Maillo signe un film impeccable visuellement; il y a toujours ce soucis du plan bien composé, bien éclairé, d'ailleurs il retrouve le chef-op de « Eva » Arnau Valls Colomer qui avait fait un bon travail la aussi.

Le réalisateur ne se contente pas de mettre simplement en image son histoire, il recherche constamment à mettre de l'ampleur dans sa mise en scène (travelling aérien, caméra portée) et même si ce n'est pas toujours réussis, cela donne un certain caractère à l'image, on est pas sur quelques choses qui cherche la sécurité. D'un autre coté Kike Maillo gère bien le rythme assez soutenu du film, il intègre aussi dans sa mise en scène toute le folklore de la corrida, ou la ville de Malaga devient une arène à ciel ouvert, une ambiance solennelle assez juste qui nous entraîne jusqu'au final attendu, qu'il gère avec pas mal de maîtrise, avec une montée en tension finale réussi apportant une dose d'émotion bien venue.

Quant au casting, je n'ai honnêtement rien à dire dessus, car ils sont globalement bons. Sauf qu'il y a un mais ! Si j'ignore les 20 dernières minutes, les deux rôles principaux, tenu par Mario Casas et Luis Tosar, moi je les aurais inverser. Alors je pense que ce n'est pas ce que le réalisateur aurait aimer, car ça participe au décalage qu'il veut nous montrer, mais pendant les ¾ du film, je ne crois pas au personnage interpréter par Mario Casas. Il manque de consistance, de charisme, de force et de puissance, puis c'est Luis Tosar en face et personnellement ça pardonne pas, car même si lui joue un personnage roublard, pleutre et lâche, je n'ai pas de mal à le croire. Une sensation qui ne m'a pas quitter jusqu'au final du film ou Mario Casas se lâche enfin et s'approprie son personnage. Reste Jose Sacristan dans le rôle de Romano, qui joue assez juste, puis avec flegme et retenue quand il se transforme en Matador prêt à donner la mort. 

Une série B pantouflarde !


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