A Girl Walks Home Alone at Night
A GIRL WALKS HOME AT
NIGHT
Ana Lily Amirpour
La
première fois que j'ai vu ce film, c'était à la fin d'un festival,
et j'avais été hypnotisée. Mais un déménagement et d'autres
petites choses peu sympathiques l'ont court-circuité, et je n'en ai
pas parlé. Je l'ai donc revu avec un grand plaisir bien décidée à
écrire dessus.
Dans
la ville de bad city, qui se situe en Iran, un homme rentre chez lui.
Il vit avec son père qui doit de l'argent à son dealer.
Ce
film ne ressemble à rien de ce que vous ayez déjà vu. Sa
réalisatrice le décrit comme le bébé rock'n roll de Sergio Leone
et David Lynch qui aurait eu comme baby sitter Nosferatu. Pour être
plus explicite c'est un film américain, issu d'un court réalisé
par Ana Lily Amirpour, tourné en persan, dans une ville fantôme de
californienne, l'action se situe en Iran, mais dans une ville dont le
nom fait violemment penser à un comics.
De
ce film, je dirai que c'est d'abord un très joli film. Sa principale
caractéristique est un sublime noir et blanc. Avec une majorité de
scène de nuit, avec des noirs intenses uniquement percés par les
lumières de la ville. Les contrastes sont forts. Symbole d'un film
sans compromis. On y rentre ou l'on se perd.
Les
rares scènes de jour, dont celles d'ouvertures, renvoient
directement à l'imagerie du western moderne. Filmé dans une ville
fantôme californienne, les rues vides, le désert, le sable balayé
par le vent sont tout de suite présentés comme des composantes de
ce film. Et tout ce qu'ils impliquent comme la violence, les
inégalités, la loi du plus fort, et la manière dont sont traitées
les femmes et les hommes deviennent implicites. Le tout résumé en
une séquence magnifiquement filmée. Ce sentiment est renforcé par
le choix du format 2.35 qui a ravivé mes souvenirs d'enfants, ceux
des westerns filmés en cinémascope que regardaient les adultes.
Mais
la réalisatrice ne joue pas uniquement sur ça. Le graphisme épuré
et la composition des images amènent le spectateur dans le monde des
romans graphiques. Les personnages caractérisés par leurs costumes,
et le nom de la ville où se situe l'action en sont des exemples
frappant. Certains décors comme ceux de l'appartement de notre
héroïne, ornés d'une accumulation de posters aux murs semblent
directement tirés de l'un d'entre eux . De plus les scènes qui s'y
passent si lentes avec des moments presque immobiles, nous ramènent
au style et à certaines vignettes de ces œuvres dessinées.
Les
personnages et la manière dont ils sont traités nous ramènent
aussi à ces basiques.
Notre héroïne n'a
pas de nom. On ne l'appelle
pas. Elle promène sa silhouette si caractéristique dans les rues
désertes la nuit.
Cette silhouette est
composée à la fois une tenue religieuse traditionnelle qui
ressemble terriblement à une cape de super héros ou de vampire, et
d'une tenue basique jean et marinière.... son moyen de locomotion,
un skate. C'est une héroïne très silencieuse, elle ne prononce pas
plus de quelques mots dans ce film. Sheila Vand
qui l'interprète est ultra expressive. Même sa manière de se
maquiller parle d'elle, de la violence qui l'habite, de la manière
dont elle se perçoit. Cette actrice qui ressemble étonnamment à la
réalisatrice, porte ce rôle avec maestria.
Alors
si elle est un vampire, et ça nous le découvrons dès le début,
elle est plus que ça. Dans cette ville où l'on n'aperçoit jamais
un policier ou quelqu'un qui peut représenter l'ordre, elle est
l'ordre. Du moins ce qu'elle croit être l'ordre. Elle punit les
dealers, et les gens qui profitent des femmes. Elle «éduque» les
enfants qui traînent la nuit. Ce personnage est complexe,
fou, riche et tellement intéressant.
Ce
film et son message, on fait beaucoup parler tous ceux qui ont écrit
dessus. Beaucoup ont voulu y voir un message politique sur l'Iran.
Pourtant la réalisatrice réfute cette lecture. Et à force de lire
ce qui a été écrit dessus, je trouve que ce film parle de ce que
nous sommes. Le problème du costume de l’héroïne, que personne
ne sait définir est caractéristique. Il focalise presque plus les
spectateurs que le fait que cette jeune femme, qui nous ressemble
soit un vampire, qu'elle puisse tomber amoureuse d'un pauvre mortel,
qu'elle soit la loi par contre, ça ne nous questionne pas. Le voile
aujourd'hui même dans un film, biaise la vision même s'il est plus
une cape qu'un signe religieux
Ce
long métrage nous parle d'une vie binaire, où l'on est riche ou
pauvre; une femme ou un homme; drogué ou pas... le fait que notre
vampire soit autre chose, la met dans une position différente et lui
fait prendre de la hauteur. Puis il y a la drogue. Le vert dans la
pomme, celui qui pourrit ceux qui y touchent.
Ce
film est tellement beau, que l'on peut se perdre en le regardant. Ce
film est si riche que je ne suis pas sure d'avoir tout perçu et je
pense qu'il va falloir que je le déguste une troisième fois. Si
vous avez l'occasion, regardez le.
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