2010 - 20192019AsieCatherine DeneuveClémentine GrenierCritiqueEthan HawkeHirokazu Kore-edaJuliette Binoche
La Vérité
LA VERITE
d' Hirokazu Kore-Eda
Dans
notre maison et sur ce blog nous avons une admiration sans bornes pour Hirokazu Kore-Eda. Il m'a fait vivre les heures les plus acidulées
de ma cinéphilie l'année dernière, lorsque nous avons dévoré
sa filmographie. Et si j'aime tous ses films, j'avoue et ne me jetais
pas de pierres, que son dernier film "une Affaire de famille" ne ferait pas partie de ma short-list, si j'en
avais une évidemment. J'ai beau avoir été émue par les funérailles
cinématographiques viking de Kirin Kiki; bouleversée par
l'histoire, il n'a pourtant pas fonctionné sur moi comme l'on fait
d'autres films de ce cinéaste. J'étais donc très impatiente et
anxieuse de découvrir cette vérité.
Ce fut le dernier film que nous avons découvert en 2019 et il l'a
parfaitement conclu cette année
Il y a quelques jours on me disait qu'il y avait des problèmes
dans toutes les familles, et c'est pour cela que la littérature s'est
tant appuyée dessus. Le cinéma de Koré-eda aussi, et là encore
c'est sur cet aspect de nos vies que porte ce film. Lumir scénariste
vivant à New York, rentre à Paris car sa mère actrice emblématique
française sort une autobiographie. On découvre une star comme on
les imagine, tres fière de qui elle est, et utilisant au moins
partiellement les autres.
Ce film a beaucoup parlé à la fille que je suis. Il a su recréer
à merveille la dentelle que sont les relations dysfonctionnelles entre une mère et une fille. Ainsi que la manière dont les années cristallisent les incompréhensions et les non-dits.
Le réalisateur cependant dessine une dynamique différente entre
Charlotte du haut de ses dix ans et sa mère. Ce qui permet de
soulever la question de l'influence du temps sur les relations entre
parents et enfants et la vision à mesure variable des souvenirs que
l'on garde de cette période. Cet axe du film a des accents philosophique, la variabilité de ce qu'est la vérité pour l'un ou
pour l'autre est questionnée. Entre mensonges, non-dits, mauvaises
interprétations, souvenirs oubliés, tronqués, tout un panel de
choses qui érodent les certitudes.
La place de la famille en tant que telle est aussi l'un des
sujets; celle que l'on hérite, celle que l'on adopte, celle que l'on
créé; sont elles différentes ou ne forment-elles qu'une seule
entité; Réussit-on sa famille comme on réussit une carrière.
Plein de questions qui n'ont pas forcement de réponses dans la film,
mais qui méritent de rester dans l'air bien après le générique
Ce film questionne aussi son influence sur l'acting, et plus
largement sur l'artiste. Est-ce qu'une telle prise avec la réalité
ne peut pas être nuisible à la créativité. C'est dans ça cadre que
le personnage interprété par Ethan Hawke prend toute sa place.
La
création, l'acting, et le mécanisme pour tourner un film ont une
place importante. Car ce qui se passe dans le texte, ou dans les
coulisses nourrissent les échanges entre les trois générations de
femmes. Si le pitch du film que tourne Fabienne m'aurait fait acheter
un billet de ciné. Il sonne chez moi aussi comme une continuité
dans l'oeuvre d'Hirokazu Kore-Eda. Le premier film que j'ai découvert
de lui est After life
, film d'une poésie infinie, qui déjà utilise les mécanismes de la
fabrication d'un film. Tout un pan se déroulant sur des tournages,
et les machineries, petits trucages, étaient montrés avec
délicatesse.
Car
disons le, ce long métrage bien que français, est une pure œuvre
du cinéaste. Et son parfum, sa manière d’être, sa signature est
partout. Et ce dès les premières minutes dans sa façon de filmer la
nature, de poser sa caméra sur un arbre, capter le son et en créer
une ambiance. C'est aussi dans sa manière d'utiliser la lumière,
souvent naturelle, et de la transformer en écrin pour son histoire
et son message.
Il met tout son savoir faire pour raconter une histoire en évitant de poser un jugement sur ses personnages, autant que possible. Son art sa technique sont toujours au service de son sujet. J'ai pu lire certaines personnes disant que les nuques des actrices n'avaient jamais été aussi bien filmées. C'est un peu plus que ça. Il ne faut pas oublier que le thème principal du film, son titre est la vérité et sa versatilité. Lorsqu'il positionne sa caméra filmant une actrice en premier plan de dos, et en perspective son interlocuteur en plus petit et de face, il met le spectateur dans les pas du personnage en premier plan, tout en lui laissant l'espace nécessaire à la distanciation. Les figures de styles ne sont pas là que pour en mettre plein les yeux ou pour satisfaire un égo-trip du réalisateur, surtout dans le cinéma de ce cinéaste elles sont là aussi pour nous dire quelque chose. Il n'y a pas de narrateur omniscient, le curseur de la vérité dans ce film comme dans la vie , c'est nous qui le poussons. La vérité est subjective.
Il met tout son savoir faire pour raconter une histoire en évitant de poser un jugement sur ses personnages, autant que possible. Son art sa technique sont toujours au service de son sujet. J'ai pu lire certaines personnes disant que les nuques des actrices n'avaient jamais été aussi bien filmées. C'est un peu plus que ça. Il ne faut pas oublier que le thème principal du film, son titre est la vérité et sa versatilité. Lorsqu'il positionne sa caméra filmant une actrice en premier plan de dos, et en perspective son interlocuteur en plus petit et de face, il met le spectateur dans les pas du personnage en premier plan, tout en lui laissant l'espace nécessaire à la distanciation. Les figures de styles ne sont pas là que pour en mettre plein les yeux ou pour satisfaire un égo-trip du réalisateur, surtout dans le cinéma de ce cinéaste elles sont là aussi pour nous dire quelque chose. Il n'y a pas de narrateur omniscient, le curseur de la vérité dans ce film comme dans la vie , c'est nous qui le poussons. La vérité est subjective.
Evidemment, il est plus confortable de trouver une méchante et
une gentille. Une qui ment et une qui dit la vérité. Mais ce ne
serait pas un film de Kore-Eda. A l'exemple du livre de Charlotte, si
la sorcière transforme les hommes en animaux c'est avant tout car
ils ont été méchants. Dans la vie c'est plus complexe, mais
beaucoup de choses s'expliquent malgré tout
Hirokazu Kore eda aime ses acteurs, toujours, et là on voit à
quel point il a été heureux de jouer avec ce casting. Casting qui
le lui rend bien.
Catherine
Deneuve est
flamboyante dans une posture finalement ingrate. Elle est la fois
pénible et attachante, toujours sublime. Dans un rôle qui n'est pas
sans rappeler certains épisodes de sa vie.
Juliette
Binoche
est toute en fraîcheur et en légèreté. Elle est lunaire quand
Catherine Deneuve est solaire et vice versa. L'éclipse qu'elle soit
symbole de colère ou d'amour est toujours formidable
Ethan
Hawke, même si j'ai peu parler de lui, est clé dans ce film. Mais son positionnement pourrait spoiler et j'ai choisi de peu en parler. Sa
composition respire l'humanité,la bienveillance. Les scènes avec
l'actrice jouant Charlotte sont touchantes.
Clémentine
Grenier
joue Charlotte. Elle a dix ans, donne la réplique à tout se beau
monde avec grâce et sans ciller. On sait le talent de Kore-Eda pour
diriger les enfants. Mais on ne peut pas nier qu'elle a quand même un
sacré potentiel.
Ce film est donc un pur film de Kore-eda. Mais en français, ce
qui réjouira ceux qui n'aiment pas lire les sous-titres. Ce film est
un film juste et équilibré.
Une rencontre avec une œuvre de ce cinéaste n'est jamais
gratuite. On ne sort jamais tout à fait le même après avoir vu l'un
de ses film. Alors si vous n'avez pas encore danser un tango avec
lui, ce morceau est peut-être celui sur lequel vous devriez débuter
1 commentaires
Excellent film, petite chronique douce-amère qui repose sans doute trop sur le duo Deneuve-Binoche.
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