The Assassin

by - septembre 13, 2019


THE ASSASSIN
de Hou Hsiao-Hsien

Lors de sa diffusion sur Arte, ce film fut décrit comme un wu xian pian contemplatif . Donc sur papier je suis le parfait cœur de cible. Car si vous réussissez à accoler l'un de ces qualificatifs à n'importe quel film, vous verrez mon nez se retrousser et mes oreilles frémir. Alors là le combo des deux a eu toute mon attention. Et c'est le cœur léger et emballé que je me suis installée devant ma télévision. Sans jamais me poser la question suivante. Est-ce que dans mon expérience des Wu xian Pian en ai-je déjà vu un contemplatif? N'est-ce pas antinomique?

L'histoire se déroule au VIIeme siècle. Une jeune fille qui a été envoyée dans un monastère pour étudiée est devenue le bras armé d'une organisation qui tue les dignitaires qu'ils perçoivent comme indignes. Après avoir laissé vivant un notable corrompu car elle a été émue de le voir s'occuper d'un de ses enfants, elle est punie. Elle est renvoyée dans sa famille, qui est tout a fait consciente de ce qu'a été sa formation, avec pour mission de tuer son cousin qui accède au trône.
Ce long métrage qui a gagné la prix de la réalisation à Cannes de 2015, est basé sur une nouvelle écrite au IX eme siècle par Pie Xing. A douze ans, Nie Yinniang (qui est le titre original de ce film) est placée chez une tante, dans un monastère où elle devient une combattante redoutable. Exactement comme le début du film que je vous ai pitché plus haut. Et c'est après que le film sans pour autant s'éloigner de l'histoire originelle, arrête plus ou moins de raconter quoique ce soit, il effleure son sujet tout au plus, laissant le spectateur deviner. Et je ne vais pas vous mentir, pour moi c'est un gros problème.

Ma première interrogation est, est-ce que l'on peut qualifier ce film de wu xian pian? Car alors que le film déroulait ses beaux tableaux, je disais au key maker de ce blog, que nan... c'en était pas un.
Lui il me regardait avec ses grands yeux compréhensifs, et son joli sourire me disait si, je crois que si. Et diantre, il avait raison. Ce film, malgré une lenteur difficilement descriptible, répond parfaitement aux critères de ce genre si particulier du cinéma chinois. Ce long métrage reprend les thèmes caractéristiques de la lutte entre le bien et le mal (et ça peut se décliner à plusieurs niveaux). Quant à la lutte entre le devoir et le désir elle est omni-présente.
La seule variante est que le chevalier solitaire, est une combattante. Tout y est sauf peut être le coté palpitant qui est inhérent à ce genre. Ici le récit et les combats sont d'une lenteur improbable. Mais ce n'est en aucun cas un critère. Je ne peux cependant pas m’empêcher de penser que ce film ressemble à tout sauf à un film de héro martial.

Mettons les choses au clair, dans ce long métrage, l'histoire est secondaire. Ici ce qu'y est mis en avant, est la photographie et les voluptueux décors. Un prologue somptueux dans un noir et blanc aux contrastes forts et très beaux. Puis une photographie majoritairement vibrante, aux éclats de couleurs. Et comme transition entre ces deux étapes? Une chanson accompagnée au shamisen. Ce moment est magnifique, parfaite union entre un son sensuel et une image soignée... mais vide de sens.
 A la photographie Mark Lee Ping-Bin, qui n'est pas un débutant. il a travaillé sous la direction Christopher Doyle pour In The Mood For love, ou encore comme directeur de la photographie d'à la verticale de l'été. Ça maîtrise ne pose pas de questions, et il est le point fort du film. Mais à force de contempler, le cinéaste admirer sa photo, ça a fini par beaucoup m'ennuyer. 
L'un des meilleurs exemples est une scène explicative, et elle n'est pas de trop, où le prince parle à sa favorite. Il y a moult voilages, et bougies qui volent doucement dans l'air doux et suave de la chine du VIIeme siècle. Mais pour faire un effet de style, ils volettent devant la caméra,. L'intensité du récit est sacrifiée au ballet des voilages, mais surtout ça vous sort complètement de l'histoire. Quant aux dialogues, les rares qui existent, ils sont tous parasités par le vent, les crépitements des bougies... mais est-ce que les dialogues sont vraiment utiles quand on délaisse tant le récit

Pour m’être intéressée à l'histoire qu'y a inspirée le scénario, je me suis aperçue que tout un pan avait été passé sous silence, et plus encore des personnages centraux sont présents à l'image, mais n'ont aucun vrai rôle dans le film. Alors qu'ils avaient un sens dans le récit d'origine. D'autres protagonistes sont créés pour la photo, je pense à la femme au masque d'or. Elle sort de nulle part, je n'ai pas compris qui elle était, pourquoi elle était là, ni pourquoi elle disparaissait. Je clôturerai ce problème autour des personnages par leurs designs. J'ai eu un mal fou à distinguer deux femmes. La mère de notre héroïne, et la femme de l'homme qu'elle doit tuer (mêmes habits, mêmes coiffures, mêmes maquillage), il m'a fallu la moitié du film pour remettre tout le monde à sa place.... Mais à la fin de ce long métrage, je me suis aperçue qu'il y avait eu une troisième femme. Alors elles sont sublimes, mais c'est gênant. Car si on suit le film elles sont tout sauf interchangeables. Et à plusieurs reprises je me suis retrouvée dans cette situation à propos d'autres protagonistes. 
C'est récurant je trouve que les acteurs sont malmenés.
Shu Qi tient le film sur ses épaules. Je l'ai vu dans le film du même réalisateur "Millennium Mambo" Ici elle n'est pas à son avantage. Il est toujours difficile de jouer les personnages taiseux et une intériorité, et elle n'y arrive a aucun moment. Elle est coincée entre une posture de combattante peu aboutie et un sourire inapproprié. De plus la chorégraphie des combats et son rythme, donnent l'impression qu'elle ne maîtrise pas du tout ce qu'elle fait. Ce qui est probablement faux.
Meme punition pour Chang Chen qui interprète sa cible. Il passe une partie du film à entrer dans une pièce, s'asseoir, prendre une posture et grogner. Evidemment à la maison c'est devenu un running gag. C'est un acteur que j'ai vu dans les films Wong Kar-wai et je sais à quel point il est brillant. Mais ici, il n'en a pas l'occasion

Je vous laisserai sur une remarque d'une autre blogueuse. Elle disait que ce film nous demandait quel cinéma nous touche le plus, celui qui parle à vos yeux ou celui qui s'adresse à votre esprit? Evidemment ce n'est pas aussi binaire. Mais ce long métrage permettra tout à chacun de bouger le curseur sur sa toise personnelle.

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