Hanezu, l'esprit des montagnes

by - septembre 16, 2019


Quand je découvre un ou une nouvelle cinéaste, il n'y a que deux possibilités, la première est que le film que je vois me plais et je continue de découvrir l'oeuvre de la personne derrière le film ou alors je la laisse tomber, sans jamais lui laisser une seconde chance. Ce n'est pas très charitable, mais la vie est trop courte pour s’entêter avec un/une réalisateur/réalisatrice que tu n'aimeras pas. Toutefois, il arrive que j'insiste, comme avec Naomi Kawase, dont je n'avais pas spécialement apprécié « Still the Water », avant finalement de replonger avec « Les Délices de Tokyo », « Vers la Lumière » et « Voyage à Yoshino ».

Et c'est avec une certaine envie que j'ai regarder « Hanezu no tsuki », sélectionné à Cannes en 2011, qui prend ses racines dans la région du Kansai, plus précisément dans la préfecture de Nara au Japon d'ou Naomi Kawase est originaire.


"Dans la région d’Asuka, berceau du Japon, Takumi mène une double vie : tranquille avec Tetsuya son mari, passionnée avec son amant Kayoko, sculpteur qui lui fait découvrir les plaisirs simples de la nature. Takumi apprend qu’elle est enceinte. L’arrivée de cet enfant est l’occasion pour chacun de prolonger son histoire familiale et ses rêves inassouvis. Mais bientôt, Takumi devra choisir avec qui elle veut faire sa vie. Comme au temps des Dieux qui habitaient les trois montagnes environnantes, la confrontation est inévitable. "

« Hanezu, l'esprit des montagnes » c'est certainement le film de Naomi Kawase qui m'a séduit le plus ! Pourtant, une fois le film fini, je n'étais pas convaincu, notamment par cette épure dans la réalisation et ce style très onirique. Mais malgré ça, l'esprit des montagnes ne m'a jamais quitté …

Des quelques films que j'ai désormais découvert de N. Kawase, une constante revient avec vigueur, celle de la place de la nature dans l'intrigue, mais aussi en tant qu'élément pictural de l'image. Une nature pleines de mystères, mais aussi de magies, qui témoigne du temps qui passe et du passage de l'homme sur terre. C'est ainsi que le scénario de Naomi Kawase est articulé, autour d'un poème, vieux de plusieurs milliers d'années, tiré du recueil de poésie Manyoshu. Il raconte l'histoire de trois montagnes, ou deux d'entre elles se disputent les faveurs de la troisième.



"Le mont Kagu aimait le mont Unebi. Le Minimashi était son rival. C'était ainsi depuis le temps des dieux. Les hommes se disputent leurs femmes

Elle propage ainsi l'idée que l'histoire se répète et que les échos d'une vie lointaine ne sont que les irrémédiables variations d'actions passées intimement liée à notre histoire. Si l'intrigue amoureuse, ce trio relativement classique ne surprend pas, il étonne quand même lorsqu'on prête attention au poème, parce que sans être similaire, l'histoire se répète, l'amour éclot, grandit et meurt, à la manière de la nature environnante que la réalisatrice magnifie.

Et les différents lieux de tournages en sont aussi les échos ! Que ça soit les trois montagnes (Kagu, Unebi et Minimashi) de Yamato (Yamato Sanzan) ou encore le village de Asuka et son site archéologique, ils montrent que la vie est faite de transmission, dans des lieux faits pour traverser le temps et ses nombreux aléas. Et avec l'oeil de Naomi Kawase, la région de Nara dépasse le strict cadre qu'offre une caméra, car elle ne fait pas que nous accompagner, elle vit, elle respire, elle s’éteint et renaît au gré des saisons et si on tend bien l'oreille on l'entendrait presque, ce que je trouve admirable tant le travail du son est ici essentiel pour faire d'Hanezu ce qu'il est !



Hanezu, l'esprit des montagnes – 1 Février 2012 – Réalisée par Naomi Kawase

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