THE RAILWAY MAN
de Jonathan
Teplitzky
"The Railway Man" est le film, qui sur le papier, me fascine. Il porte sur une partie de
l'histoire que je ne connaissais pas avant de le voir, un casting qui
n'a plus à faire ses preuves, et l'impression que l'on va toucher
quelque chose d'important.
Lors
de son arrivée sur le marché francophone on l'a affublé de
l'horrible nom «les voies du destin» qui tout d'un coup nous vend
une bluette digne des soap les plus sirupeux, alors que pas du tout. Et c'est
le début des désillusions.
Ce
film transpose à l'écran le livre autobiographique de Eric Lomax.
Il y raconte ce qu'il a vécu pendant la seconde guerre mondiale. En
effet tout jeune ingénieur, il est enrôlé dans les communications
au Japon. Mais la Grande Bretagne ordonne de cesser le combat et il
se retrouve prisonnier aux mains de leurs ennemies. En 1980, au hasard
d'une grève et d'un changement de train, il rencontre Patricia qu'il
épouse et elle se retrouve à faire face au malaise de son mari, et
c'est ici que commence l'histoire.
Et
c'est ici que commence pour moi le sabordage de l'histoire. Au point
de vue filmique, il y a de nombreuses choses qui nous ont dérangé.
Dans
un premier temps, les décors. Je sais que l'on est dans l’Angleterre des années 80. je sais que l'on représente toujours cette époque
soit avec des punks, soit dans un milieu très urbains. Il est évident
que cet homme n'est pas punk, et que pour l'histoire, le bord de mer
était plus sympa, mais mon dieu est-ce qu'on est obligé de
convoquer l'imagerie des cartes postales, les couleurs ternes, et
passées; les décorations hors temps; et un petit arrière goût
suranné. Le tout dans ces maisons typiques du bord de mer. Car oui
bien sure, c'est sur elle que s'ouvrent les fenêtres? Les costumes ont
intégrés les années 80 avec parcimonie (merci), si ce n'est
pendant les premières minutes du film où une moustache improbable
parasite le récit.
Au
bout d'une demi heure de film, je me suis sentie obligée de demander
au Key maker de ce blog ce qu'il pensait du film. Persuadée, que
j'étais, qu'il l'aimerait plus que moi. Et il m'a regardée en me
disant je ne comprends pas la mise en scène. Et il a mis le doigt
sur ce qui me gênait depuis le début. D'abord la direction
d'acteurs. Colin Firth, n'a rien a prouvé. On sait quel excellent
acteur il est, et son aptitude à s'adapter à tous les styles. Là
il est sensé interpréter un homme qui souffre de ce qu'on appelle
aujourd'hui un Syndrome Post Traumatique. C'est très mal interprété.
S'il y a des moments où les situations passent, le plus souvent
elles sont mal amenées. La première étant la plus spectaculaire,
où il se retrouve, recroquevillé au sol, en train de pleurer. Et
elle ne nous a fait ni chaud ni froid, car le jeu de l'acteur était
dans une espèce de surenchère, et car elle surgissait après un flash-back, et que ça donnait l'impression d’être posé là sans
aucun lien.
Les flash-back aussi sont un problème, c'est par eux que nous est narré
ce qui s'est passé pendant la dite guerre. Et si la partie des
années 80 peine à instaurer un rythme, la quête de Patricia pour
savoir ce qu'a vécu son mari, puis la somatisation de cet homme qui
s'enfonce dans ce gouffre au moins raconte quelque chose. Alors que
les flash-back qui pourtant devraient nous verser dans l'horreur, sont
au final bien soft. Bien sure il y a des horreurs, des moments
difficiles, mais même la torture semble être pensée autour d'une
tasse de thé, labellisée politiquement correct. Jamais ces
exactions ne semblent pouvoir exploser le cadre bien propret de
l'histoire que s'est fixé le réalisateur.
L'histoire,
parlons en! D'abord j'ai été aide soignante, et quand je vois le
personnage de Patricia , ayant été infirmière pendant vingt ans,
ne pas voir que son mari a été torturé, et « rafistolé »par
ses camarades, rien qu'à ses cicatrices ou aux déformations de ses
membres «je ris».
Ensuite
pour être spectaculaire, l'une des scènes phares où Eric revoit
Nagase, a été complètement inventée créant un faux suspens, car
on sait très bien qu'il ne va pas le tuer. Et ça ne sert pas Colin Firth qui n'est pas crédible un instant dans ce rôle d'homme sur la
brèche prêt à chavirer. Le spectateur a juste envie de lui dire
« même pas peur ». en plus ça rajoute au coté très manichéen du film. Les bons anglais peuvent comprendre, et évoluer,
pardonner à leurs anciens partenaires, et eux n'ont pas fait de
saloperie.
De même la question du rôle de Nagase dans l’organigramme n'est jamais tranché. Dans ce lieu, où les conditions de vie pour les moins diplômés étaient proches de celles des camps de la mort, il se décrit comme le
traducteur. Ce qui de fait était le principal interlocuteur de Lomax ;
quant à Eric, pour lui c'était son tortionnaire. Et jamais le film
ne tranche. Alors que ce que le roman dit, est que Nagase a écrit
un livre sur ce qui s'est passé en Thaïlande, là où les
prisonniers anglais étaient envoyés, et sur la voie ferrée Burma-Siam. Il a dénoncé ce qui s'y produisait. C'est Patricia qui l'a première la lu, l'a montré à
son mari, et a encouragé ce dernier à écrire à son tortionnaire.
Ce n'est qu’après une longue correspondance qu'ils ont décidé de se
revoir et que Lomax l'a retrouvé près de la rivière Mae Kong. Et je
trouve ça bien plus spectaculaire que la fin inventée, digne d'un
téléfilm, que nous sert ce long métrage.
Je
finirai par ce qui crève les yeux une fois le générique fini c'est
que c'était deux gamins, éduqués, du même age, et que la seule
chose qui changeait c'était la couleur de l'uniforme. Mais que le
coté très manichéen du film, l'oublie pour tenter en vain de faire
du spectaculaire. De plus lorsque l'on voit les soldats, qui n'ont
pas le niveau d'étude de Lomax travailler comme des esclaves à
cette voie, on perçoit majoritairement des blancs. Alors que pendant
cette période 100 000 asiatiques y ont travaillés avec 60 000
alliés prisonniers.
les
deux seuls à tirer leurs épingles du jeu sont Nicole Kidman, qui si
elle n'est pas extraordinaire, laisse transparaître une émotion
salutaire à cette histoire. Et Hiroyuki Sanada, dans le rôle de
Nagase vieux, mais il a un certain don pour être bon quand tout
sombre autour de lui.
Je
suis d'avis que vous donniez une chance à ce film. Je ne l'ai pas
aimé, mais il m'a appris des choses, attisé ma curiosité. Et qui
sait vous vous serez peut être happé par lui.
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