Still The Water

by - octobre 19, 2018



STILL THE WATER
de Naomi Kawase

Still the water est un caillou dans ma chaussure.

Dans une des petites îles japonaise un corps est trouvé noyé. C'est en premier un adolescent qui le trouve mais effrayé il s'enfuie. Seule une de ses amie avec qui il avait rendez-vous le devine. Si jamais, vous vous êtes déjà intéressé à ce film et que vous avez lu ici est là qu'il y a une enquête sur le mort, détrompez-vous. Ce long métrage est tout sauf ce genre de film. Et cet homme n'est là que pour servir le propos du-dit film.

Ce long métrage est avant tout une ode à la nature, Amami l’ile où il se déroule semble évoluer en communion avec tout ce qui l’entoure et tout ce qui la constitue. Les mangroves, la mer, les arbres, tout ici à sa place... et les hommes aussi bien sure. Les images parlent avec amour de ces éléments, les scènes sous marine où l'on se perd dans les nuances de bleu, la lumière qui perce au travers des branches d'un arbre et qui semble chauffer votre peau autant que celle du personnage, vous en arrivez presque au point de plisser les yeux pour ne pas être aveuglé par le soleil. L'image pleine de poésie est belle, mais peut être clivant. Car tout le monde n'est pas sensible à cette facette contemplative. Mais ce qui moi, m'a perdue et qui m'a sortie à plusieurs reprises du film est la manière de filmer. Probablement à dessein, pour imiter la houle de la mer, la réalisatrice fait tanguer sa caméra et pendant quasiment tout le film, on subit le roulis. Je comprends l'effet recherché, je comprends ma démarche, mais ça a eu un effet paradoxal sur moi. Et j'en suis la première déçue, ça doit être une expérience sensitive assez extraordinaire ce film, si vous arrivez à être prise par ses images et sa bande son. Pour moi ça a été un petit calvaire.

Et c'est vraiment idiot, car ce que raconte le film est passionnant. 
C'est avant tout une œuvre pleine de poésie et de métaphores, sur la vie, le passage à l'age adulte , la sexualité, la mort « l'empowerment » comme on dit aujourd'hui. Je ne dirai pas que c'est un récit initiatique car je trouve qu'il est plus complexe , mais il y a de ça.
Puis il y a tellement de ponts entre mon histoire personnelle et celle de Kyoko, que c'était facile de m'identifier à elle. Une adolescente qui vit au bord de l’océan, qui voit mourir un de ses parents sur un lit médicalisé au milieu du salon, a vaguement un air de déjà vu pour moi. Mais mon dieu que c'est joliment fait (si on fait fi du tangage de caméra). La maman de Kyoko qui part (j'utilise ce mot à dessein) est chaman, pour elle ce n'est qu'une étape, est sublime. La scène où elle meurt est splendide, elle est renversante d'humanité, et d'une justesse dans les sentiments, je me suis reconnue dans chacun d'entre eux, qui m'a laissée exsangue une fois qu'elle a été terminée. Rajouter à cela les mouvements rapides et énergique de la caméra qui font perdre pied au spectateur, quasiment perdre l'équilibre; et qui se retrouve presque à coté du lit en face de Kyoko et à coté de Kaito. Je n'arrive pas à trouver les mots justes pour exprimer combien cette scène est à la fois unique, belle, juste …. et qui tangue un peu.

Souvent les scénario ont tendance à valoriser un parent plutôt qu'un autre, voire un genre plutôt qu'un autre. Là Naomi Kawase qui est donc également la scénariste traite avec douceur les parents. Elle fait d'eux un tableaux bienveillant. Les pères sont formidables et ce quelque soit la situation;qu'ils aient divorcé comme celui de Kaito ou qu'ils soient encore éperdument amoureux de leurs femmes comme celui de Kyoko, ils sont présents. Ils cherchent à transmettre à leurs enfants et à les aider. Si la scène à Tokyo ou Kaito retrouve son père est belle, par la joie et l'émotion qu'elle dégage. J'avoue avoir adoré le personnage du père de Kyoko, qui fait face à tout avec un sourire et une force tranquille. Il ne revêt jamais les habits d'un pater dolorosa. Et c'est la prestation de Tetta Sugimoto qui le rend plausible, il arrive à interpréter la douleur à bas bruit alors qu'elle est toujours présente.

Les mères sont plus complexes, mais l'amour qu'Isa porte à sa fille, jusqu'au dernier moment est assez sublime. Il y a quelque chose des madones dans ce qu'elles renvoient toutes les deux. Miyuki Matsuda m'a éblouie, par sa manière d'incarner l'amour maternelle.
Ce film est donc porté par deux jeunes acteurs assez inégaux, à mon humble opinion. Si je suis convaincue par Jun Yoshinaga qui interprète Kyoko. Qui déploie une galaxie d'émotions et de nuances dans ce film. Le coté monolithique du personnage et le jeu Nijiro Murakami ne font pas bon ménage, et le moment où il laisse éclater ce qu'il est et ce qu'il ressent est en sur jeux.

Je conseillerai ce film malgré tout. Mais je ne sais vraiment pas si je l'aime.

You May Also Like

0 commentaires

Rechercher dans ce blog