Still The Water
STILL THE WATER
de Naomi Kawase
Still
the water est un caillou dans ma chaussure.
Dans
une des petites îles japonaise un corps est trouvé noyé. C'est en
premier un adolescent qui le trouve mais effrayé il s'enfuie. Seule
une de ses amie avec qui il avait rendez-vous le devine. Si
jamais, vous vous êtes déjà intéressé à ce film et que vous avez
lu ici est là qu'il y a une enquête sur le mort, détrompez-vous.
Ce long métrage est tout sauf ce genre de film. Et cet homme n'est
là que pour servir le propos du-dit film.
Ce
long métrage est avant tout une ode à la nature, Amami l’ile où il
se déroule semble évoluer en communion avec tout ce qui l’entoure et tout ce qui la constitue. Les mangroves, la mer, les arbres, tout
ici à sa place... et les hommes aussi bien sure. Les images parlent
avec amour de ces éléments, les scènes sous marine où l'on se
perd dans les nuances de bleu, la lumière qui perce au travers des
branches d'un arbre et qui semble chauffer votre peau autant que
celle du personnage, vous en arrivez presque au point de plisser les
yeux pour ne pas être aveuglé par le soleil. L'image pleine de
poésie est belle, mais peut être clivant. Car tout le monde n'est
pas sensible à cette facette contemplative. Mais ce qui moi, m'a
perdue et qui m'a sortie à plusieurs reprises du film est la manière
de filmer. Probablement à dessein, pour imiter la houle de la mer,
la réalisatrice fait tanguer sa caméra et pendant quasiment tout le
film, on subit le roulis. Je comprends l'effet recherché, je
comprends ma démarche, mais ça a eu un effet paradoxal sur moi. Et
j'en suis la première déçue, ça doit être une expérience
sensitive assez extraordinaire ce film, si vous arrivez à être prise
par ses images et sa bande son. Pour moi ça a été un petit
calvaire.
Et
c'est vraiment idiot, car ce que raconte le film est passionnant.
C'est avant tout une œuvre pleine de poésie et de métaphores, sur
la vie, le passage à l'age adulte , la sexualité, la mort
« l'empowerment » comme on dit aujourd'hui. Je ne dirai
pas que c'est un récit initiatique car je trouve qu'il est plus
complexe , mais il y a de ça.
Puis
il y a tellement de ponts entre mon histoire personnelle et celle de
Kyoko, que c'était facile de m'identifier à elle. Une adolescente
qui vit au bord de l’océan, qui voit mourir un de ses parents sur un
lit médicalisé au milieu du salon, a vaguement un air de déjà vu
pour moi. Mais mon dieu que c'est joliment fait (si on fait fi du
tangage de caméra). La maman de Kyoko qui part (j'utilise ce mot à
dessein) est chaman, pour elle ce n'est qu'une étape, est sublime.
La scène où elle meurt est splendide, elle est renversante
d'humanité, et d'une justesse dans les sentiments, je me suis
reconnue dans chacun d'entre eux, qui m'a laissée exsangue une fois
qu'elle a été terminée. Rajouter à cela les mouvements rapides et
énergique de la caméra qui font perdre pied au spectateur,
quasiment perdre l'équilibre; et qui se retrouve presque à coté du
lit en face de Kyoko et à coté de Kaito. Je n'arrive pas à trouver
les mots justes pour exprimer combien cette scène est à la fois
unique, belle, juste …. et qui tangue un peu.
Souvent
les scénario ont tendance à valoriser un parent plutôt qu'un autre,
voire un genre plutôt qu'un autre. Là Naomi Kawase qui est donc
également la scénariste traite avec douceur les parents. Elle
fait d'eux un tableaux bienveillant. Les pères sont formidables et
ce quelque soit la situation;qu'ils aient divorcé comme celui de
Kaito ou qu'ils soient encore éperdument amoureux de leurs femmes
comme celui de Kyoko, ils sont présents. Ils cherchent à
transmettre à leurs enfants et à les aider. Si la scène à Tokyo
ou Kaito retrouve son père est belle, par la joie et l'émotion
qu'elle dégage. J'avoue avoir adoré le personnage du père de
Kyoko, qui fait face à tout avec un sourire et une force tranquille.
Il ne revêt jamais les habits d'un pater dolorosa. Et c'est la prestation de Tetta Sugimoto qui le
rend plausible, il arrive à interpréter la douleur à bas bruit
alors qu'elle est toujours présente.
Les
mères sont plus complexes, mais l'amour qu'Isa porte à sa fille,
jusqu'au dernier moment est assez sublime. Il y a quelque chose des
madones dans ce qu'elles renvoient toutes les deux. Miyuki Matsuda
m'a éblouie, par sa manière d'incarner l'amour maternelle.
Ce
film est donc porté par deux jeunes acteurs assez inégaux, à mon
humble opinion. Si je suis convaincue par Jun Yoshinaga qui
interprète Kyoko. Qui déploie une galaxie d'émotions et de nuances
dans ce film. Le coté monolithique du personnage et le jeu Nijiro
Murakami ne font pas bon ménage, et le moment où il laisse éclater
ce qu'il est et ce qu'il ressent est en sur jeux.
Je
conseillerai ce film malgré tout. Mais je ne sais vraiment pas si
je l'aime.
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