Ready Player One

by - juillet 20, 2018


Lorsque « Avatar » sort en 2009, j'étais impatient de le découvrir car plus que la promesse d'une révolution technique et visuelle, c'était le dernier film de James Cameron ! Et je ne voulais pas manquer l'occasion de le découvrir au cinéma. Sauf que de temps à autres, comme avec « Avatar », il y a un film, souvent considéré comme révolutionnaire, voire déjà culte pour certains, qui personnellement ne me touchent pas. Et le plus frustrant, c'est que je ne déteste pas le film en question, j'y trouve même des qualités, sauf qu'à moi, il ne me procure absolument rien, ni sensation, ni frisson, ni émotion. Un sentiment étrange que je n'aime pas,car je ne le comprend pas surtout quand il s'agit du dernier film du réalisateur de « Rencontre du 3eme Type », « E.T », « Indiana Jones », « Jaws », « La Liste de Schindler » …

Je parle bien sur de « Ready Player One » de Steven Spielberg, qui après un « Pentagon Papers » éminemment politique, s'attaque à l'adaptation de « Player One », un roman fou et baigné de pop culture écrit par Ernest Cline. Une aubaine pour un réalisateur qui a largement contribué à l'enrichir !


« 2045. Le monde est au bord du chaos. Les êtres humains se réfugient dans l'OASIS, univers virtuel mis au point par le brillant et excentrique James Halliday. Avant de disparaître, celui-ci a décidé de léguer son immense fortune à quiconque découvrira l'œuf de Pâques numérique qu'il a pris soin de dissimuler dans l'OASIS. L'appât du gain provoque une compétition planétaire. Mais lorsqu'un jeune garçon, Wade Watts, qui n'a pourtant pas le profil d'un héros, décide de participer à la chasse au trésor, il est plongé dans un monde parallèle à la fois mystérieux et inquiétant… » 

Bien avant que le film sorte, je connaissais déjà l'effet qu'avais put faire le roman de Ernest Cline auprès de ceux l'ayant lu sur Twitter. D'un coté on trouvait ceux qui l'adoraient, voyant dans ce livre un récit puissamment cathartique et de l'autre des gens qui ne voyaient dans l’œuvre de Cline qu'un amoncellement de références puisées dans les années 80/90. Une dichotomie que l'on a vite retrouvé lorsque la première bande-annonce est sortie, mais à une échelle bien plus grande. « Ready Player One » n'était pas encore sorti, qu'il avait déjà atteint son but, à savoir interroger son public sur la façon dont il a de percevoir la « pop-culture » et son utilisation.

Si je devais donner une définition de ce qu'est « la culture populaire » ou « pop-culture », cela serait pour moi toutes les œuvres, livres, bandes dessinées, comics, films, séries tv, musiques, jeux vidéo, suffisamment fédératrice pour laisser une empreinte durable et modeler de façon consciente ou non, l'imaginaire des gens à travers le temps. Et le plus beau dans tous ça, c'est qu'elle grandit continuellement, nourrissant d'année en année, ce référent commun qui nous réunit. Ici dans « RPO », les références à la « pop-culture » sont avant tout des outils pour faire progresser l'histoire et si le personnage se concentre trop dessus, on le remet sur le droit chemin. De ce fait je ne suis pas d'accord avec ceux qui le réduisent à cela, car me concernant ce n'était pas ce qui m'intéressait, par contre je peux comprendre aisément que d'un point de vue visuel, on puisse frôler l'overdose parce qu'il ne se passe pas une minute sans que l'on est, une référence à un film ou un jeu vidéo qui nous arrive sous les yeux.


Mais est ce que l'usage que l'on fait par exemple de la « pop-culture » sur internet ou sur les réseaux sociaux est différente de la façon dont Ernest Cline s'en est servi pour écrire son livre ou Steven Spielberg pour réaliser son film? Pas vraiment, car nous sommes tous un « peu » des « Wade Watts », des amoureux d'une culture qui nous brasse continuellement et cela depuis notre plus tendre enfance. On la cultive sans cesse, on collectionne des dvd, des figurines ou encore des livres pour prolonger le plaisir; ou alors on se retrouve sur internet avec des personnes ayant les mêmes centres d’intérêts, avec lesquels on peut échanger, inventer des histoires, refaire l'histoire; mettre l'avatar d'un personnage que l'on aime, en changer le lendemain car on le souhaite, le remettre deux jours plus tard. On affirme ainsi qui l'on est, ce que l'on aime ou non et quelles sont nos valeurs, tout comme le personnage de Wade au travers des aventures qu'il vit dans le film !


Sauf que cette imaginaire là, que Spielberg défend, que Cline défend, que Wade Watts défend, il n'est pas comme l'Oasis, libre de toute contrainte ! Il fait le fruit d'une grosse exploitation par l'industrie du divertissement dopée par le cynisme et que l'on aime ou que l'on déteste, cela ne semble pas prêt de s'arreter, surtout si l'on se fie aux quatre dernières années au cinéma. On a ainsi eu un nouveau « Mad Max », un « Ghostbuster », un « Jurassic Park », un « Star Wars », un « Alien », un « Blade Runner » et les projets du meme genre ne manque pas, on verra ainsi un « Terminator 6 » ou encore un « Indiana Jones 5 » dans les années qui arrivent. Une tendance qui n'a pas fini de faire frémir les adeptes du « cinéma doudou », alors qu'eux ont juste oublié derrière leurs apparats de snobisme que la culture populaire n'appartient pas qu'a une « pseudo » élite, elle appartient a tous et chaque personne, avec son vécu, sa culture, ses expériences, décide de ce qu'il aime ou non.

Alors oui il y a des films qui sont plus réussis que d'autres, comme des films qui assimilent les références mieux que d'autres, mais il y a aussi autant de spectateurs possible et imaginable que de films potentiels. Et si cette tendance à le vent en poupe, portée par un fort engouement public, il se peut aussi, qu'un jour, le spectateur déserte ces films là, car c'est lui qui le décidera …

Mais est ce qu'au final, ce film, « Ready Player One », ainsi que tous les autres ne parle pas plus du monde qui nous entoure, que de nous? De ce sentiment profond d'insécurités, de malheurs, d'injustices, de replis sur soi que l'on ressent ? De l'incertitude qui régit l'avenir de notre planète ? Et de cette nécessité toute humaine de trouver un refuge dans ce que l'on aime lorsqu'on est inquiet ? Certainement et ça Spielberg ne le nie pas, il l'encourage meme, sauf si ça doit vous faire oublier ce que l'on appelle la « vie ».

Ready Player One – 28 Mars 2018 – Réalisé par Steven Spielberg


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