Dilili à Paris

by - avril 14, 2019


Lorsqu'on a entendu pour la première fois parler de « Dilili à Paris » c'était en 2017 lors du festival international du film indépendant de Bordeaux. Michel Ocelot tenait après la projection de l'un de ses films une masterclass, où il a échangé avec une salle remplies pour sa venue, sa vision et quelques-uns de ses secrets de productions. Il a notamment fait projeter un passage de son film à venir. Mais c'était surtout l'occasion pour Cécile comme pour moi, de découvrir que le réalisateur était aussi tendre, touchant et humain que ses films le laisser penser …

« Dans le Paris de la Belle Époque, en compagnie d’un jeune livreur en triporteur, la petite kanake Dilili mène une enquête sur des enlèvements mystérieux de fillettes. Elle rencontre des hommes et des femmes extraordinaires, qui lui donnent des indices. Elle découvre sous terre des méchants très particuliers, les Mâles-Maîtres. Les deux amis lutteront avec entrain pour une vie active dans la lumière et le vivre-ensemble… »

Depuis quelques mois, le « pays des lumières » semble avoir oublié d'allumer les siennes, mais fort heureusement qu'il reste des gens comme « Michel Ocelot » pour nous montrer la voie d'un monde plus juste, à la fois proche et tellement loin. Avec Dilili, jeune Kanake, instruite et pleine de convictions, il nous entraîne dans "le Paris de la Belle-Epoque" et nous livre un conte fabuleux, profondément féministe !



Le film est écrit par Michel Ocelot comme ses précédents films. Si la femme, ou l'enfant a toujours eu une place de choix dans l'oeuvre de ce cinéaste, il n'avait pas encore réalisé de film ou une fille/femme en était l’héroïne. Et c'est chose faites avec « Dilili à Paris », qui commence avec l'image d'un zoo humain, ou des kanaks divertissent les Parisiens. C'est ainsi que l'on découvre « Dilili » notre héroïne, une jeune enfant éduquée par Louise Michel et élevée par une comtesse qui lui a appris les bonnes manières. Et avec une « naïveté » dans l'esprit de « Kirikou », elle découvre un monde qui ne lui sied guère, un monde où on la rejette pour sa couleur de peau, mais aussi parce qu'elle est une fille.

Et si l'on devait paraphraser un mouvement féministe, Michel Ocelot dirait bien « Me Too » car la parabole entre notre époque et celle décrite dans le film est claire. Le réalisateur parle du « patriarcat » (la secte des mâles maîtres) et de tous les méfaits qui sont lié à ça … Il dénonce aussi le racisme que subit Dilili au quotidien ! Le renvoi à ses origines Kanake, le fait qu'on prononce mal son prénom, on la traite de « guenon » ou que l'on s'adresse à elle comme Michel Leeb l'aurait fait dans l'un de ces sketch insupportable et raciste.



Parce qu'il est aussi un incroyable optimiste, le réalisateur ne fait pas que dénoncer, il dessine les contours d'une société ou toutes les femmes seraient à leurs places, ou toutes les petites filles seraient éduquées et où elles vivraient une vie loin de toutes exploitations, sans discriminations. Une vie que notre jeune héroïne souhaite embraser, si et seulement si toutes les petites filles peuvent le faire, car comme dit Marie Curie, il y a de la place pour toutes les chercheuses. De plus, le fait de montrer un grand nombre de personnages féminins majeurs participent à l'émancipation des jeunes filles, qui peuvent se voir dans différents métiers, en 1900 c'était des chercheuses, peintres, institutrices, sculptrices ou encore actrices, quand en 2019 cela serait chef d'état, patronnes de grandes entreprises, directrices de médias …

Quant au film, il est bien réalisé ! Michel Ocelot mêle son style classique, à des décors photos réalistes qui rendent grâce à la belle ville de Paris. Un mélange qui fonctionne plutôt bien, prenant par instant les contours d'un road-movie intra-muros où Dilili et son ami Orel cherchent les indices pouvant les amenés à la secte des « mâles-maîtres ». Le montage est bon, le rythme bien équilibré, alternant comme il se doit entre son exposition, son développement, l'action et la résolution de l'intrigue. Ajoutons à cela la bande originale de Gabriel Yared et le casting vocal du film vraiment talentueux.


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