Made in Britain

by - octobre 11, 2018


[FIFIB 2018] Carte blanche Kleber Mendonça Filho:

Habituellement, lorsque je découvre un film, je me renseigne sur ce que je vais voir ! Son synopsis, ses acteurs, bref le minimum à mon humble avis, sauf que fifib oblige, je n'ai rien fait de tout cela. Ici la seule chose que je savais, c'était qu'il s'agissait d'un film anglais, ce qui est déjà pas mal. Car c'est pour moi une sorte de tradition lors du festival de ne rien savoir, parce qu'une fois j'ai essayé de me renseigner et cela c'est retourné contre moi. Désormais j'y vais à l'aveugle, en souhaitant le meilleur pour la séance que je vais passer, de plus avec le fifib, c'est l'occasion de voir des films qui n'auront pas été rincés par une promotion trop visible. Et des fois cela donne des bonnes choses, des mauvais et parfois c'est un peu les deux !

Au bout d'une heure seize que dure le film, c'est le soulagement qui prédomine, car "Made In Britain" est un film pénible et cela dans le bon sens du terme, parce que Alan Clarke vous confronte à un personnage que vous ne pouvez pas aimer et qui va passer son temps à vous le dire, en vous le crachant à la figure en continue.

L'intrigue écrite par David Leland tourne autour de Trevor, skinhead de 16 ans, qui se voit placé pendant 6 semaines dans un centre social, après avoir agressé une personne d'origine pakistanaise. Dernier levier avant la maison de correction, ce qui ne le réjouit guère. Mais voilà rien ne semble avoir de prise sur ce jeune paumé, qui ne veut pas suivre la ligne qu'on lui indique, rejetant en bloc la moindre main tendue. Cette intrigue ne surprend pas d'une certaine façon, car ce n'est pas le premier film qui explore cette veine là, mais par la manière que l'histoire s'offre à nous, par la manière qu'elle à d’être raconté, on se retrouve devant un film qui met mal à l'aise. Ce jeune en perdition semble tellement jusqu'au-boutiste, qu'il en est effrayant, rien ne lui convient, rien ne l'atteint ou ne l'effraie, bref il est une énigme que la société ne veut plus, ou ne veut pas entendre et c'est ce qui est dramatique. 

Parce qu'hormis l'abandon, l'institution, l'état anglais, n'a qu'une seule solution, c'est la violence pure et simple. Ce que le réalisateur nous montre en une scène, frontale d'une violence sèche et gratuite, quand deux officiers de police sont dans la cellule de Trevor, l'un d'eux lui explique son avenir. Un futur sans lendemain, sans lumière ni tendresse, ou la police l'aura à l’œil et ou elle n'hésitera pas à le briser. Et c'est ainsi que le film gagne toute sa profondeur et sa richesse, quand en un clin d’œil, ceux que l'on présentés comme des humains, comme les garants de l'ordre, deviennent de puissants tortionnaires, alors que Trevor tombe le masque et redevient qu'un simple adolescent en manque de repère. Une fin terrible, qui montre sans aucune retenue, la faillite des institutions, les violences policières, le racisme et aussi que si un citoyen se met à la marge du reste du monde, par choix ou par son comportement, la société voudra l'isoler, le laisser ou l'abandonner.

La réalisation de Alan Clarke est adapté à la TV, de part le format de son image mais malgré ça, cela ne l’empêche pas de soigner ses compositions, le mouvement de ses caméras, son montage et le rythme du film. Il n'a par ailleurs pas son pareil pour capter la moindre expression de ces interprètes, dont "Tim Roth" qui trouve ici son premier rôle. Et quant à son interprétation, elle est assez particulière, même si c'est bien des années avant sa façon hors normes de flirter constamment (ou non) avec le cabotinage intensif. Ici il ne semble posséder qu'une palette limitée d'expressions, qu'il répète constamment. C'est par moments pénibles, même si la fin lui donne en partie raison. Ou ce côté froid et énervant, n'est qu'une façade pour affronter les événements d'une vie fort peu sympathique.

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