Les Oubliés

by - mars 01, 2017



LAND OF MINE (les Oubliés) de Martin Zandvliet


Land of Mine est un film danois, ce qui est rarement le cas des films que je regarde. Land of Mine est un titre parfait pour le film dont je vais vous parler, mais un traducteur fou est passé par là et l'a transformé en les oubliés. Titre qui ne fait pas vraiment sens à la vue de ce long métrage.

Ce film nous ramène en 1945 lorsque la guerre se termine et que le Danemark doit déminer ses cotes ou ont été enterrées 2,2 millions de mines, plus que nulles part ailleurs en Europe. Pour rendre les cotes à nouveaux accessibles, les soldats danois décident d'utiliser les prisonniers de guerre allemands avant de les renvoyer dans leur pays. Dans L'Histoire ils furent deux milles à déminer et la moitié furent tués ou blessés. Cette histoire suit une quinzaine de soldats et nous nous attardons sur un petit groupe. Le réalisateur n'est jamais dans la complaisance. Et surtout pas avec l'histoire de son pays, ce qui est assez rare quand ça concerne les films qui traitent de la seconde guerre mondiale et de ce qui s'est passé après.

Il dessine l'animosité qui confine à la haine du soldat allemand par touches, créant un contexte et dépeignant un climat. Ceci dès la scène d'ouverture très explicite sur les sentiments du sergent qui va encadrer les soldats germaniques. Ou par le biais de la haine et la peur d'une mère (probablement veuve) au quotidien. Elle qui aux allures si douces semblent capable de souhaiter le pire pour des enfants tant qu'ils sont allemands. Ou encore en montrant comment les soldats victorieux prennent les perdants pour leurs jouets voir des sous hommes.
Ensuite il utilise les décors naturels somptueux de bord de mer. Il les filme sous la pluie. Donnant ces images en hiver ou tout est kakis et les gris, on ressent l'humidité le froid et la crasse. Mais lorsque le temps s'éclaircit, la réalisation desature toutes les images. Il créé un univers particulier, ou les uniformes ont un aspect délavé et passé. la luminosité est blanche et froide, même le sable devient blanc.

La chose la plus marquante de ce film est le choix de ces acteurs. A la fin de la guerre l'armée allemande est décimée, et partent au front des enfants, des jeunes adolescents. C'est eux qui sont capturés et qui vont déminer les plages. la majorité de ces soldats n'ont jamais été au combat. Il ont des envies d'enfants. Le parti pris est donc de caster que des jeunes hommes, aux teints de lait et aux yeux translucides. Cela créer des moments en complet décalages avec la cruauté de ce qui les entoure. Par exemple lors des interactions avec une petite fille blonde et pleine de candeur et d'innocence. Ces relations sans idées préconçues sont un contrepoint à la situation qu'ils vivent.

Le film n'est pas rythmé par une musique ou tout autre chose, il n'est habillé que par des voix pas encore matures et des explosions par ci ou par là. Je pense que je n'ai jamais autant sursauté devant mon écran. Cette ambiance sonore, et l'économie des dialogues font ressortir le peu de mots prononcés. Et ils revêtent une importance particulière mettant en exergue la jeunesse de ces soldats et leurs rêves d'avenir.
Les acteurs sont incroyables si jeunes et pourtant si doués. Je ne vais en citer que deux, mais j'aurai pu m’arrêter sur chacun d'eux. Il y a l'adulte, le sergent allemand qui évolue tout le long du film, interprété par Rolland Moller.  Puis il y a l'un des jeunes soldats des plus charismatique, il mange l'écran, et nous fracasse l’âme. Il est interprété par Louis Hofmann. C'est la première fois que je le vois dans un film, mais il a déjà une longue carrière. Il est extraordinaire.

Ce film m'a séduit car il n'est pas manichéen. Il est à la fois épuré, et fort. Il n'est pas étonnant qu'il soit nommé aux oscars dans la catégorie « best foreign language film » car il est à la fois une bijou technique et nous rappel une par de notre histoire à laquelle on n'aime pas être confronté.


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