La
« Shaw Brothers » est un studio mythique du cinéma
hongkongais qui fut et qui reste encore une affaire de famille, plus
précisément, une histoire de frères. Ils distribuent ainsi des
films muets, avant d'étendre peu à peu leur influence, vers la
Malaisie, puis vers toutes l'Asie du Sud-Est. Hélas la seconde
guerre mondiale et l'occupation japonaise tuèrent dans l’œuf
toute expansion d'une industrie cinématographique chinoise, sauf que
les frères Shaw furent prévoyant, en mettant suffisamment d'argent
pour recommencer leur activité à Hong-Kong. Et c'est ainsi que fort
d'une concurrence acharné, que les frères crées sur près de 46
hectares tous ce qu'il faut pour produire de A à Z un film, la
« Shaw Brothers » était né !
C'est
au travers du cinéma de Quentin Tarantino que j'ai appris
l'existence de ce studio. Car lors de la sortie de son film « Kill
Bill », il a dit plus d'une fois, lors de la promotion du film,
avoir été influencé par les pratiques de ce studio, mais aussi par
les nombreux films qu'il a produit. Et c'est ainsi que l'on retrouve
dans le diptyque « Kill Bill » un acteur de la trempe de
Gordon Liu, acteur habitué des films de l'illustre Liu Chia-Liang,
dans deux rôles distinct, dont un (Pai Mei) semble tout droit sortie
du cinéma de la « Shaw Brothers ». Et c'est un chose qui
m'a gêné lorsque j'ai découvert « Les 14 Amazones »,
parce que j'avais en tête la vision de QT et qu'au final la « Shaw
Brothers » c'est bien plus qu'un moine à cheveux long et
grande moustaches.
« Trahis
par un ministre véreux, les célèbres guerriers chinois de la
famille Yang sont anéantis par l'armée du Roi du Hsia de l'Ouest.
Deux généraux ayant échappé au massacre annoncent la terrible
nouvelle aux 14 veuves et filles Yang dirigées par la Grande Dame
She Tai Chun. Profondément attristées mais également révoltées,
les Amazones sont déterminées à partir sur le front pour défendre
leur pays et venger les membres de leur famille, avec une nouvelle
armée composée essentiellement de femmes. »
Ce
que j'aime avec le cinéma asiatique, qu'il soit chinois,
hongkongais, thailandais ou japonais, c'est qu'a contrario de la
production française, il n'en oublie pas ses traditions et il y
plonge allègrement dedans pour sortir des films inspirés de vieux
récits, ancrés dans son histoire. Ce film réalisé par Cheng Kang
s'inspire des différents écrits relatant les exploits des généraux
de la famille Yang pendant le règne de la dynastie des Song. Une
mythologie propre à la Chine que le film nous fait découvrir, par
le prisme de cette histoire de femmes, prêtent à tout pour venger
leurs maris et protéger leur pays.
Le
scénario est écrit par Cheng Kang et se concentre sur la vengeance
de ce clan de femmes, qui désormais doivent faire sans leurs maris.
Même si nous les découvrons lors d'une réception, l'histoire ne
laisse jamais penser qu'elles étaient que de simples femmes aux
foyers. Si elles sont garantes de leurs maisons, et des traditions,
elles sont également proactives et les personnages principaux; par
exemple elles n'hésitent pas une seule seconde à se lancer aux
trousses des personnes ayant tué leurs maris. C'est ainsi que tout
le clan s'engage dans une campagne à l'avenir incertain, avec la
vengeance comme leitmotive chevillé au corps. Mais ce n'est pas
seulement ça, car derrière des thèmes comme la filiation,
l'héritage, l'amour, le sacrifice ou encore la vengeance, il se
cache un récit puissamment féministe, ou les femmes ne sont plus
les faire valoir des hommes, mais bel et bien leurs égaux. Une
égalité qu'on ne leur donne pas mais qu'elles prennent, avec
détermination et beaucoup d'audace, affirmant à une audience
médusée qu'elles iront jusqu'au bout.
Elles
compensent ainsi le nombre par la ruse, la force par la stratégie et
la faiblesse par une implacable ténacité et c'est cette
détermination sans faille, qui fait toute la beauté de ce récit.
Une opposition de style qui se retrouve dans la narration, d'un coté
les hommes du « King of Asia Hsia » seulement définis
par leur « pedigree » (roi, prince 1, 2, 3 ... »
faisant d'eux des personnages violents et complètement déshumanisés,
alors qu'a contrario nous connaissons les noms et prénoms des
différentes femmes s'engageant auprès de Mu Kuei Ying, de ceux qui
les animent et qui les lient. Le poids de la dramaturgie est alors
porté par les femmes du récit, par leurs dévouements, marquant de
leurs empreintes une histoire pleines de rebondissements et
d'actions.
Si
l'histoire est intéressante, dans sa construction et dans ce qu'elle
dit, elle est aussi mis en image avec une grande habileté par Cheng
Kang qui nous délivre un film où l'on ne s'ennuie jamais. Alors
soit il y a beaucoup trop de personnages pour qu'ils soient tous
développés avec soin, ou encore un moment totalement « WTF »,
mais à part ça, c'est un spectacle total. On alterne entre les
extérieurs et des décors plateaux somptueux. Ils sont colorés,
riches en détails et majestueux, des qualificatifs que l'on peut
reprendre sans mal pour l'ensemble des costumes de ce film. Et c'est
ainsi que le réalisateur nous gratifie de belles batailles, avec
leurs lots de figurants, de morts sanglantes et d'affrontements
épiques, dont seul le cinéma asiatique à le secret, jusqu'au
climax de fin épique à souhait ! Le casting qui est presque
exclusivement féminin se débrouille à merveille, avec en tête
Ivi Ling Po ou encore ma préféré, Lisa Lu dans le rôle de
l’irremplaçable « The Great Grand Mother » ...
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