Only God Forgives

by - octobre 19, 2013


 Pour les petits nouveaux, Nicolas Winding Refn est le réalisateur à la mode qu'il faut apprécier, pour se donner un tant soi peu une conscience cinéphilique. Sauf que le bonhomme on le réduit un peu trop souvent à Drive alors que c'est son œuvre la plus impersonnelle, bien loin de Pusher, de Bronson ou de Valhalla Rising. Ce qui peut expliquer l'accueil Cannois très mitigés de Only God Forgives, car il revient avec une œuvre plus radicale, plus complexe mais aussi personnelle, avec Ryan Gosling en ange de la mort ….

A Bangkok, dans la moiteur de la mégalopole thailandaise, deux frères aux tempéraments assez radical mènent une vie dissolue. Sous l'aspect respectable du club de boxe thai qu'il dirige, Julian gère avec ses associés un trafic de drogue tout en évitant les ennuis, ce qui n'est pas le cas de son frère Billy. Un soir, mué par une envie sordide, une pulsion meurtrière, Billy sort et massacre une prostituée mineure ; ce qui va très vite se retourner contre lui, car la justice en Thaïlande est expéditive. Quand Julian l'apprend, il veut venger son frère mais l'atrocité de son crime l'en dissuade jusqu'au moment où sa mère, cynique et manipulatrice débarque pour exiger à son fils la tête du tueur ….

Si les bandes-annonces m'avait convaincu, je reste déçu de ce Only God Forgives mais pas au point de le sifflet. Commençons par ce qu'il y a de bon, une fois de plus Nicolas Winding Refn fait preuve d'une maîtrise dans la mise en scène hors du commun, plans fixes couplés à des travellings circulaires lancinant, des scènes d'expositions semblable à des tableaux, une photographie de toute beauté signé Larry Smith, une ambiance assez glauque souligné comme il se doit par la b.o de Cliff Martinez. D'un point de vue formel c'est juste splendide par contre il oubli juste une chose, c'est de raconter une histoire …

Et là c'est le gros point faible du film, car ce qu'a écrit NWR pour ce film, c'est aussi fin et délicat qu'un mauvais épisode de Confessions intimes !!! Car si l'histoire est basique, son déroulement est grossier, ses personnages sont profondément caricaturaux et cela plombe tout, l’ambiguïté avec la mère fait pschitt … Le complexe d'Oedipe aussi, la vengeance ne paraît pas un seul instant nécessaire … la violence n'est pas là et n'inflige pas la claque attendu, seul la présence de Vithaya Pansingarm insuffle de la tension, de la variation et suffisamment de peur pour nous marquer et incarner une justice divine expéditive.

Coté casting, je ne retiendrai que deux noms, tout d'abord le thailandais Vithaya Pansingarm et Krystin Scott Thomas ; le premier incarne à lui tout seul la face sombre de Bangkok, dangereux, violent et sans pitié tandis que la seconde est juste délicieuse en mère possessive, manipulatrice et surtout castratrice, si son rôle manque de finesse, sa prestation rattrape largement les errements du scénario.

Alors que Karine Grandval aurait régler ça en 30 minutes, Nicolas Winding Refn s'étale sur près de 90 minutes, tantôt brillante, tantôt fascinante mais au fond tellement vain et sans saveur ….


ONLY GOD FORGIVES
Réalisé par Nicolas Winding Refn
Sortie en salle le 22 Mai 2013

À Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue. Sa mère, chef d’une vaste organisation criminelle, débarque des États-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers. Julian devra alors affronter Chang, un étrange policier à la retraite, adulé par les autres flics …

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20 commentaires

  1. Un film qui devrait trouver à terme son public, cela dit le karaoké thaï pour ce qui me concerne c'est pas pour tout de suite.

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    1. Je pense aussi, il a une certaine radicalité qui peut plaire

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  2. De l'expérimental à la Valhalla Rising mais curieusement ça m'a largement plus passionné. Déjà par le portrait du fils et de la mère, le fils étant soumis à sa figure maternelle qui ne l'est pas au point de se laisser massacrer par un flic. La mère est la pourriture par excellence qui essaye par tous les moyens de contrecarrer son fils alors qu'il cherche à l'aider. Le pire étant que le fils ne veut pas aider sa mère, car le crime de son frère est horrible et il connaissait l'attitude de son frère. Sans compter le flic qui est une merveille. Une sorte de Judge Dredd entre flic et bourreau. C'est peut être lui le héros du film. Au delà de l'influence de Santa Sangre marquante mais pas que (d'ailleurs, il faudrait vraiment que tu parvienne à découvrir le cinéma de JODO Fred et notamment ce cru ou son dernier La danza de la realidad), le film de Winding Refn a des images souvent géniales, à l'image de Gosling s'avançant dans le couloir vers la zone d'ombre. On comprendra par la suite que c'était prémonitoire. Par contre, Gosling que j'adore m'a bien gonflé. Il s'autoparodie trop et on préfèrera sa performance dans The place beyond the pines.

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    1. Ah c'est pas Drive en effet ... Par contre je n'aime pas tout ce que tu apprécie, à part le Thailandais qui est juste parfait dans son rôle. La relation mère/fils est inintéressante au possible car c'est d'un caricatural; on a ainsi plus aucun suspense, pas de variations, pas d’ambiguïtés pourtant Kristin Scott Thomas est superbe. Concernant Jodo ^^ il est sur la liste aussi :)

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    2. Mais de toutes manières, Winding Refn ratisse tellement large à chaque film qu'il est impossible de savoir à quoi s'attendre. Clairement il ne fallait pas s'attendre à un Drive 2 et venant de Winding Refn c'est une excellente idée. Il a voulu faire autre chose. Justement le film mise beaucoup sur la mise en scène et on trouve plus d'une caractéristique entre la mère et le fils que ce soit par les actes, les attitudes ou les regards plus que les paroles qui ne sont que routines. Je ne vois pas en quoi le fait qu'il n'y ait pas de suspense est dramatique. Justement, dès que Gosling est envoyé pour liquider l'assassin de son frère, on sait que cela va mal finir. Parce que dès le rêve que j'ai évoqué, il sait qu'il va passer à la casserole. Son défonçage de gueule qui plus est sans musique n'est qu'un avant-goût. Peut être qu'en voyant Santa Sangre, tu comprendras un peu plus certaines influences du film mais même sans en parler je réussi à trouver des arguments positifs! ;)

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    3. Car il n'y a aucune tension dans le film !!! Et les gestes l'un envers l'autre sont tellement soulignés que cela en est grossier. Mais bon je comprend que ça plaise :)

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    4. Et pourtant si. Cela se montre par certaines images. Gosling incarne quelqu'un qui n'est pas sûr de lui, qui n'est pas un bon fils selon sa mère ce qui lui impose une pression supplémentaire. L'engrenage est visible au fur et à mesure du film.

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    5. Enfin vivement le prochain Refn ...

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    6. Cela prouve une nouvelle fois que ce cinéaste attire le spectateur. Là il est parti sur une série sur Barbarella avec Gaumont, il a un projet avec la miss Carey Mulligan.

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    7. J'aimerai bien le revoir avec Tom Hardy a nouveau, par contre si il pouvait se passer de Gosling :)

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    8. Attention à ne pas sous-estimer Ryan Gosling. Je ne sais pas quels films tu as vu avec lui mais je te conseille de regarder un peu plus de ses films d'avant Drive. Avec un film comme Blue Valentine tu risque d'être assez surpris pareil avec d'autres. J'ai oublié le projet d'adaptation de L'incal pour Refn.

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    9. Je n'ai pas dis ça, mais le coté placide, sans expression ne lui va pas trop ...

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    10. Je crois que c'est une question de films. Même dans Only god forgives je ne le trouve pas convaincant. Mais dans les autres films que j'ai vu il était très bon.

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    11. je n'ai pas assez vu de film avec lui pour me faire une opinion définitive a son sujet ...

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  3. Pas du tout été sous le charme de celui-ci, en effet certaines fois ça demeure assez fascinant mais pour la majorité c'est creux et un peu prétentieux...

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    1. J'ai quand meme bien apprécié la forme, le visuel mais je comprend ton opinion, c'est vraiment spécial ...

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  4. On en sait pas trop où le réalisateur veut nous emmener. Une façon de présenter son histoire qui est trop hermétique, un montage qui sonne trop "film psychologique". Je rejoins donc ton point de vue.

    Par contre, tu dis que "la violence n'est pas là". Je ne sais pas ce qu'il te faut quand même car niveau violence, le film fait fort tout de même.

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    1. Par contre, tu dis que "la violence n'est pas là"
      Oui je coomprend ce que tu veux dire, mais je dis cela car elle ne m'a pas marquer, elle m'a pas chambouler et c'est quand meme dommage quand tu montes une ambiance "infernale" au relent d'Enfer ...

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  5. Pas vraiment d'accord avec toi sur ce coup-là ! Ce n'est pas parce que le scénario est extrêmement simple (trop peut-être) que le film est creux, bien au contraire. Les enjeux passent simplement davantage par la mise en scène et le découpage de l'histoire que véritablement par le scénario et les dialogues. Du coup, les métaphores sont nombreuses et beaucoup de sujets sont abordés (pas assez en profondeur malheureusement). Après, je peux comprendre que l'on reste hermétique à ce type d’œuvre car c'est un peu tout ou rien. Soit on accroche rapidement et on passe un bon moment, soit on n'adhère pas et on reste un peu sur le carreau.

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    1. On ne peut pas être toujours d'accord :)
      Me concernant, je n'ai jamais dit creux car il ne l'est pas et je te rejoins la dessus, toutefois ce qui m'a gêné c'est la façon dont c'est aborder. Ce triangle entre les deux frères et la mère est beaucoup trop grossier à mes yeux, la relations qu'ils ont ne surprend pas et tout est beaucoup trop évident, beaucoup trop souligner !!! Pourtant j'ai trouver Kristin Scott Thomas assez hypnotique et vénéneuse ...
      Et cette facilité dans l'écriture du personnage désamorce à mon sens toutes tensions, tout suspense mais heureusement que le thailandais est là.
      C'est quand meme une expérience intéressante, toutefois c'est pas pour tout le monde....

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