Penguin Highway

by - novembre 16, 2019


Plus je devenais grand, plus les films d'animations me lasser et je finissais par ne plus en découvrir, considérant à tort que cela appartenait exclusivement au monde des enfants. Mais j'ai été idiot, car ses dernières années, le monde de l'animation m'a apporté des films que je n'aurais pas soupçonnés aimer et qui se sont révélés être touchant, prenant et profondément exaltant. A chaque fois, ils ont su me cueillir et me submerger d'émotions. Une chose qu'à réussit « Penguin Highway » ou « Le Mystère des Pingouins » en français, le premier long métrage de Hiroyasu Ishida.

« Quand des pingouins apparaissent partout dans sa petite ville, semant au passage une joyeuse pagaille, le jeune Aoyama se dit qu’il y a là une enquête à mener. Ce studieux élève de CM1, accompagné de son meilleur ami, enrôle également sa rivale aux échecs et une énigmatique assistante dentaire pour percer le secret des pingouins. Mais ces petites bêtes ne sont que le premier signe d’une série d’événements extraordinaires. Commence alors pour le jeune garçon une aventure pleine de surprises… et de pingouins ! »


Avec un titre aussi cryptique que « Le Mystère des Pingouins », on ne sait pas vraiment sur quel pied dansé, même si l'incertitude à son charme. Alors que je fais ça rarement, ça fait parfois du bien de laisser la place à la surprise, car quand c'est positif, la découverte à tout de suite plus de saveurs, ce qui est le cas avec l'un de mes coups de cœur cette année, « Le Mystère des Pingouins »

Tomihiko Morini est un auteur assez réputé à l'univers bien affirmer, qui a déjà eu certaines de ses œuvres adaptées en animé (The Tatami Galaxy) ou encore en long métrage d'animation (Night Is Short, Walk On Girl). Son roman « Pinguin Highway » s'est distingué au Japon en remportant le prix Nihon en SF2010. Et au scénario on retrouve Makoto Ueda qui a eu aussi la particularité de participer à l'adaptation de Night Is Short, Walk On Girl en 2017, une autre œuvre de Tomihiko Morini. Cette familiarité avec l'oeuvre est idéale pour que le film se lance de manière optimale. Makoto Ueda écrit une histoire relativement simple, qui compte l'aventure d'enfants, au prise avec un élément « surnaturel », des pingouins.

Dit ainsi, ça n'a rien de bien excitant ! Pourtant « Le Mystère des Pingouins » est un film palpitant, qui prend le temps d'installer son univers, de nous faire découvrir ses personnages et de développer une intrigue au combien captivante. D'un récit qui nous emmène dans une dimension parallèle se greffe un éventail de thématiques riches et variés, utilisant à la perfection l'aspect allégorique du dit récit. On nous parle de la douloureuse période de la pré-adolescence, un age charnière ou les sens s'éveillent et ou l'amour s'invite, avec tous les troubles que ça provoque intérieurement, que ça soit chez les garçons comme chez les filles, avec une belle finesse dans le traitement. Mais c'est aussi un film qui plonge les enfants dans un monde qui brise leurs certitudes, qui leurs apprends que l'on ne peut pas tout maîtriser et surtout qui les confrontes à la perte d'un être cher. Sur ce dernier point, car j'y étais confronté jeune, je peux vous dire qu'ici c'est traité avec une élégance et une finesse remarquable.



Les personnages sont quant à eux très réussis. C'est clairement l'un des points forts de ce film, voir peut-être le meilleur. Alors, je le conçois, ils sont tous basés sur des archétypes classiques, qu'on croise généralement dans ce genre d'histoire. Toutefois, le scénario à la bonne idée de les détourner, afin d'en faire des personnages uniques. L'exemple le plus parlant, c'est Aoyama ! Dans un autre film d'animation, cela serait le héros classique, valeureux, fougueux et intrépide qui finirait avec la fille, alors que là, c'est un jeune garçon presque asocial, au comportement d'adulte, qui a déjà planifié son avenir. Il a un fort esprit d'analyse, il s'astreint à toujours à prendre une nouvelle chose chaque jour tout en comptant les jours qui le séparent de la majorité. Une coquille qui va peu à peu se fendre, pour faire de lui un jeune garçon tout neuf, avec une conscience renouvelée sur l'état des choses qui l'entourent.

Quant à la réalisation, c'est du beau travail ! Hiroyasu Ishida signe un premier long-métrage globalement maîtrisé, qui se plait a nous emmener dans cet univers perturbé par des pingouins. C'est un savoureux mélange entre tendresse, humour, émotion, mystère et poésie ou l'on ne s'ennuie jamais et cela qu'on soit à l'école, chez le dentiste, ou avec d'autres enfants afin de résoudre l'énigme des pingouins. L'animation est de qualité et elle s'adapte au style assez affirmé du réalisateur. Il met en valeur la belle direction artistique, qui réserve quelques excentricités, notamment dans le final avec l'utilisation des pingouins ou encore la plongée dans cet univers onirique qui se dévoile à nous. Le chara-design de Yojiro Arai est vraiment bien trouvé, on sent tous le travail passer auprès d'enfants pour se rapprocher d'une gestuelle naturelle, car je trouve que cela apporte un plus dans la personnalité des personnages. La musique est quant à elle signé Umitaro Abe et il livre une belle partition, qui accompagne à merveille les pérégrinations du jeune Aoyama.

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