Ma Famille et le Loup

by - novembre 19, 2019


MA FAMILLE ET LE LOUP
d'Adria Garcia

Il est très rare que nous allions au ciné les yeux fermés. Pourquoi ? D'abord car ça a un coût, et que l'on préfère être dévoré par l'envie avant de s'installer dans une salle obscure; ensuite car je suis frileuse au sujet des rencontres à l'aveugle. Deux heures, enfermée dans une salle sombre, avec aucun moyen de fuir, devant un film sur lequel je n'ai aucune prise. C'est une expérience que je n'accepte de vivre qu'au cour du fifib, et c'est car j'ai une grande confiance en ce festival. Ma famille et le loup, nous en avions vu trente secondes avant notre séance de parasite. J'avais tout de suite été séduite. Mais je restais sur ma réserve tant ma confiance envers les bandes annonces est écornée. Mais le key maker de ce blog a gagné des places (pour moi), et on a tenté l'expérience de ce film

Hugo et son père descendent de Paris, pour passer quinze jours chez sa grand-mère en Provence. Le petit garçon ne connait quasiment pas sa famille paternelle, ni la maison où a grandi son père.
Ce film est un petit bijou. Un bijou de famille que l'on se transmettra de génération en génération, en oubliant à quel point il est pertinent, il nous parle de nos sentiments d'enfants et de nos quêtes d'adultes. Ou peut-être est-ce l'inverse?
Ce film est formellement très joli. Sa lumière majoritairement naturelle, dorée, est réconfortante, elle nous ramène aux douces photos jaunies qui réchauffent nos cœurs. Cette maison en ruine,ce donjon au milieu de ses pinèdes, cette vue sur la mer, sont filmés avec élégance et soin. Les plans sont toujours finement pensés et nous font toujours nous approchés un peu plus de cette famille, de ses mécanismes, de ses rigidités et de son amour.


Il faut ajouter à ça, que le réalisateur vient du cinéma d'animation. Et que ce film devait en premier lieu être un animé. Mais la pré-production a fait évoluer le concept jusqu'à ce long métrage...qui intègre tout un arc de «souvenir» en animation. Il reprend l'histoire de mamie Sara, de sa rencontre avec papy Felix à sa rencontre avec le loup. Cet arc n'est que poésie et métaphores dans son discours et que douceurs et graphismes éthérés et légers dans sa forme.
Ce qui prend tout son sens car cette histoire revêt la forme d'un conte. Pour Hugo qui dans un premier temps devra intégrer la communauté «secrète» des cousins, après des épreuves et une cérémonie d'adoubement. Puis pour la communauté des cousins qui auront pour but de sauver mamie Sara et de tuer le loup, il faudra dompter sa peur, trouver un chasseur de loup, et lui faire face. Le réalisateur dit que petit il aimait beaucoup les goonies et ce genre de film de groupe d'enfants et qu'il souhaitait retrouver quelque chose de l'esprit de ces films. Et sans être la meilleure cliente du genre, je peux dire que ça fait mouche. Ça à même mieux fonctionner sur moi que certains de ces films des années 80. 


Cette forme est finalement aussi présente chez la fratrie, qui fonctionne en clan, et qui réagit et interagit comme telle. Et il faudra des épreuves pour qu'ils réfléchissent et s'entendent. Prime, à la course pour aller chercher le gâteau d'anniversaire. Qui part avec une envie de coller une paire de claques à chacun des quatre, et a fini par me faire mourir de rire. Car ce film est vraiment drôle, il est à l'image de la vie, des rires, des larmes (beaucoup pour moi), de l'amour. Il y a une vraie notion d'universalité, ou plutôt d'intemporalité dans ce récit. La caméra embrassant les situations créé un mouvement de va et vient dans les périodes. Ces petits choux qui établissent leur QG dans une vielle voiture désossée, le père d'hugo qui s'endort dans cette battisse qui s'écroule avec son mac sur les genoux.... tout est encré au présent avec cet ancrage viscéral dans un passé plus ou moins éloigné
Les acteurs, désolée mais dans ce film, si harmonieux je me refuse d'en mettre un en avant plus qu'un autre, pour quelques raisons que ce soit. Ils sont tous extrêmement talentueux, des adultes aux enfants. Ils sont lumineux et créés une mosaïque d'accents et de personnalités qui fait du bien. Avec au centre du tableau Carmen Maura, toute en douceur et détermination. Sublime.


Il est évident si vous nous lisez régulièrement, que je suis très sensible aux thèmes des films. C'est surement la petite cécile en moi, qui cherche des moyens d'aborder certains thèmes. Ce film parle de la famille, de ses vicissitudes, de la manière de l'aborder et de cultiver cet amour et ce lien. Mais surtout ce film parle de la vie et de la mort, d'une des manières les plus belles et probablement les moins traumatisante que j'ai pu voir au cinéma. Et ne serait-ce que pour cela, ce film devrait être dans nos dvdthèques de survies. Son intelligence et sa poésie pouvant être d'utilité publique

J'ai aimé d'amour ce film. Et sa non rencontre avec le public, questionne notre relation au cinéma français. Ce film n'est pas un long métrage intello ou condescendant à propos duquel twitter pourra se déchirer. Il n'est pas non plus un film comique à gros budget, à propos duquel on fera des procès en «vrai cinéphilie». Il ne choquera personne, mais il en bouleversera plus d'un! C'est juste un très beau et bon film, avec un message, mais il a été snobé. Ma question est, doit-on s'attendre à ce que ce cinéma proche de l'humain s'éteigne en France. Et que plus jamais un film français réchauffe nos cœurs?

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