El Topo

by - octobre 21, 2019


EL TOPO
de Alejandro Jodorowsky

Cette année le FiFIB propose une rétrospective et une masterclass du maestro Alejandro Jodorowsky. Et malgré le manque cruel d'un retourneur de temps, nous avons réussi à caler en tout début de cette édition un film d'Alejandro Jodorowsky. Je connais peut cet artiste, je crois n'avoir vu de lui que La Danza de la Realidad. Mais j'avais été assez séduite et nous avons donc sauté sur l'occasion.

Tellement bien vendu par Edouard Waintrop, en avant propos du début de séance, el topo qui se traduit par la taupe, est un western matinée à la sauce Jodorowsky.
Pour vous qu'est-ce qu'un western? Pour moi, c'est avant tout un genre que je subissais petite et auquel je me confronte rarement depuis que je suis adulte. Alors lorsque j'ai écrit sur pour une poignée de dollars, je me suis renseignée. J'ai appris qu'il y avait plusieurs sortes de westerns et que le genre est présent au cinéma depuis que le cinéma est cinéma. Il est cependant assez codifié, et ne peut pas se résumer à des flingues et des tires. Il y a d'abord les plus connus, ceux qui mettent en scènes des «gentils» hommes blancs contre les «méchants» indiens. Les westerns «spaghetti» western plutôt italien, qui est une revisite des précédents qui se situent au moment de la ruée vers l'or, et le plus souvent à la frontière mexicaine et au Texas, il y a des «crépusculaires» où le cow boy devient un anti-héros, les aspects psychologiques et mélancoliques sont plus développés, et il y une bizarrerie appelé les osterns où westerns rouges qui ont été produits par les soviétiques. Et si vous aimez ranger les choses derrière une étiquette vous ne pourrez pas y classer ce long métrage. Ce film n'est pas un western d’après cette définition. Mais très vite, beaucoup trop vite on arrive à le classer dans les films des années 70. Sur la forme c'est un film qui a plutôt bien vieilli. La composition des images, le rythme passent toujours. les couleurs et le faux sang dont le cinéaste abuse sont tout sauf harmonieux, mais ça fait toujours le travail.

C'est après que ça se gâte. Les accents new age, pourrissent l'histoire qui est déjà décousue. Elle se veut quette religieuse entre imagerie catholique à deux balles prime à la scène où un personnage se fait tirer dessus et les blessures forment les stigmates, et un coté bonze bouddhiste avec des tenues qui évoluent, et immolation. Le tout chapitré avec des éléments de liturgies et une vie de taupe. C'est compliqué? Ça va continuer il y a donc toute une imagerie et un bestiaire new age: des spirales, du LSD, et de la sexualité partout tout le temps, tout comme de la nudité. Et là on touche au coté plus que "malaisant" du film, ce qui fait qu'aujourd'hui en 2019, je ne veux plus être confrontée au cinéma à ça.


Je n'en peux plus de la culture du viol. Il n'y a pas un quart d'heure dans ce film où un viol ne soit mis en scène de manière explicite ou non. Ce sont des hommes, des femmes, mais aussi un enfant qui sont victimes. La nudité est partout, et je trouve que c'est toujours une facilité de réalisation, je pense que ça n'amène jamais rien au film. Cependant c'est un choix de réalisation, don't act. Mais je ne comprends pas qu'un petit garçon se balade nu pendant tout le début du film. Je ne supporte pas de le voir monter a cru sur le cheval , alors que l'adulte est habillé et a une scelle. Je ne comprends pas que l'on insinue qu'il y a un choix à faire entre un enfant et une femme adulte, et pire que tout je ne supporte pas que sur le ton de la gaudriole on insinue qu'il va se faire violer. Et si vous croyez que le fait que ce soit le fils de l'acteur qui est aussi le réalisateur, va rendre la chose plus acceptable. Pas pour moi.


La sexualisation à outrance du corps de la femme, l'hyper utilisation de l'attirance homosexuelle entre femmes, ici n'est que représentation libidineuse masculine. Je me refuse d'évoquer la métaphore fruitière, et pourtant elle représentative du coté glauque de la vision du réalisateur . Et cependant c'est beaucoup plus joliment traité que la représentation ridicule des relations homosexuelles masculines. La manière dont ses hommes sont caricaturés et malmenés est édifiante.
Ce film est misogyne à souhait femmes sont fourbes, elles poussent le personnage principal à être un salaud, et j'en passe. Le rôle des femmes dans le récit pourrait être le sujet d'un article en lui même. Il se terminerait surement par le fait que le personnage décide de se marier avec une femme terriblement plus jeune que lui, et qui l'a toujours considéré comme une divinité. Glauque!
Si comme moi vous vous êtes demandé pourquoi on a créé les bandeaux «aucun animal n'a été blessé dans ce film», regardez ce long métrage. Le bestiaire est large et le nombre d'animaux sacrifiés est conséquent, du mouton, à l'oiseau en passant pas le lapin. Ça doit se compter par dizaines. Pour parfois juste être un élément décoratif: coucou petite chouette blanche. C'est difficile à 
voir.


Et je finirai pas le coté Freak show. D'abord je ne comprends pas qu'en 1970 , on puisse dire que les malformations sont causées par des incestes, je ne supporte pas que l'on puisse mettre en scène des gens qui souffrent dans leurs corps pour satisfaire le coté voyeur. Une scène dans «l'arrière court» d'un bar est la quintessence de cette perversion qui est parfaitement assumée dans le film par le personnage que joue le réalisateur.

Ce film est un immense repoussoir pour moi. Je sais que l'art est sensé nous faire réagir, et en ça il a réussi. Il me fait penser aux œuvres de Damien Hirst, je comprends que ça soit pensé pour choquer. Cependant je ne vois pas en quoi ça nous fait avancer. Et je ne peux m’empêcher de contempler dans cette œuvre un flot de perversions, et je ne suis pas une voyeuse ça me donne juste envie de prendre une douche.


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