Un après-midi de Chien

by - mai 16, 2019


Une vie n'est clairement pas assez longue pour que l'on puisse découvrir tous les génies qui ont jalonné le 7ème art et je ne suis même pas sûr que deux vies seraient suffisantes. Quand j'aime un réalisateur, je me plonge avec pas mal de facilité dans sa filmographie, chose que je n'ai malheureusement pas fait avec Sidney Lumet. Pourtant, lorsque j'ai découvert « 12 hommes en colère », j'ai adoré son film ! Ce fut un coup de cœur immédiat, ou lors d'un huis-clos fascinant, épris de justice et de liberté, Lumet passe au crible les préjugés propres à chacun ainsi que la peine de mort. Malgré cet amour pour ce film, j'ai attendu que France 5 diffuse « Un après-midi de Chien » pour continuer à découvrir ce cinéaste.

« Des gangsters débutants braquent une banque et se retrouvent cernés par la police et les médias. Ils prennent en otage les employés de la banque. Débute alors un cauchemar qui va durer des heures... »

Au final ce film ne m'a pas autant convaincu que « 12 hommes en Colère » ! Cela ne veut pas dire que je ne l'ai pas aimé, car malgré ça c'est un film qui m'a quand même bien plu, grâce notamment à son histoire, qui 40 ans auparavant dépeint avec une certaine clairvoyance ce que la société allait devenir en s'emparant d'un fait divers, symptomatique des maux qui la touchent !

Frank Pierson que l'on retrouve au scénario et qui sera récompensé pour cela, a écrit cette histoire en s'appuyant sur l'article qui s'intitule « The boys in the banks » et qui fut écrit par P. F. Kluge and Thomas Moore pour le magazine Life. Cela racontait l'histoire d'un braquage commis par John Wojtowicz et Salvatore Naturale. Naturellement aux vues des faits (prise d'otages) l'intrigue devient un huis-clos, mais tout comme le braquage, ce n'est pas ça qui se révèle passionnant, car même si c'est bien écrit on déjà vu cela. C'est ce qui se passe autour de cette banque attaquée par Sonny et son ami qui est intéressant, parce que c'est là que le film développe sa substantifique moelle.




Première chose, c'est avec le profil de Sonny ! Au début on peut croire que c'est un braqueur comme un autre, qui est attiré simplement par l'argent facile. Sauf que peu à peu on découvre que c'est quelqu'un de plutôt ouvert et affable, qui même s'il est nerveux, il ne veut pas faire de mal aux otages pour finir par découvrir que c'est un homme qui ne se conforme pas aux carcans en vigueur aux USA. Il à divorcé une fois, il est ensuite en couple avec un homme transgenre, bref il représente tout ce que la société met très souvent de côté ! Et c'est au pied du mur, mais aussi par amour qu'il souhaite trouver de l'argent pour son ami afin qu'il puisse avoir son opération de transition. Ce qui fait qu'on le comprend, qu'on sait pourquoi il fait cela et c'est ce qui le rend si humain.

Cette humanité qu'il cherche à retrouver, on va tenter constamment de là lui enlever. La police, ainsi que le FBI ensuite, ne propose comme alternative que le bâton pour résoudre cette crise, alors que l'acte de Sonny est le symbole d'un malaise profond qui appelle une réponse globale. Une réponse que les médias pourraient véhiculer, profiter de leurs positions pour infléchir sur des situations aberrantes, bref se comporter en véritable contre-pouvoir ! Hélas ils ne pensent ici qu'à faire de l'audience et à salir le nom de Sonny, en le montrant comme un dépravé, abreuvant ainsi une meute de téléspectateurs et de spectateurs avides de sensationnel et de sang. Des jeux du cirque indécent, ou le dindon de la farce est un homme perdu, seul face à sa détresse et qui ne reçoit en retour que du mépris.

Quant au film en lui-même, il est indéniablement bien réalisé ! Dès le départ, Sidney Lumet met en place avec une série de plans, la société dans laquelle le film va évoluer, celle des quartiers populaires et des gens qui ont peu de moyens, avant de s’arrêter sur la voiture des malfrats. C'est avec la fin du film, les seules fois ou l'on sortira de la banque, lieu de ce huis-clos étouffant ! Même si je trouve le film trop long, il ne manque pas de vie, ni de mouvement, Sidney Lumet alterne avec talent entre les différents points de vues, sans jamais perdre de vue « Sonny » ! Le montage est assuré par Dede Allen et Angelo Corrao qui font un excellent travail, ils donnent au film ce rythme si particulier, entre urgence et attente, ou se transcende un Al Pacino des grands jours …




Un après-midi de chien – 30 Janvier 1976 - Réalisé par Sidney Lumet

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