Quai des Orfèvres
QUAI DES ORFEVRES
D'Henri-Georges
Clouzot
Jenny
est une «délicieuse» jeune chanteuse. Si elle joue de sa plastique
avantageuse pour avoir des contrats. Elle aime son mari, qui
d'origine bourgeoise a tout abandonné pour elle, pour pouvoir
l'épouser. Mais la jalousie le taraude, et le comportement de sa
femme accentue cette douleur. Un jour un vieillard pervers et
manipulateur se rapproche de Jenny en lui proposant un rôle, on n'a
pas de doutes sur ce qu'il attend d'elle, mais Jenny pense maîtriser
la situation...
Alors
que le key maker de ce blog et moi avons vu un certain nombre des
films de ce cinéaste, quai des orfèvres est pour moi à la fois un
film représentatif de ce qu'est l'art d'Henri-Georges Clouzot et un
film d'une modernité déstabilisante.
Ce
film est un thriller efficace. Un meurtre, plusieurs suspects des
pans de l'histoire qui expliquent une partie de l'intrigue mais qui
épaississent le mystère. Un
scénario efficace qui nous mène par le bout du nez qui s'appuie sur
un roman policier
de Stanislas andré Steeman.
La
réalisation, quant à elle, choisit d'emprunter aux films noirs
quelques éléments. Une femme fatale, et glamour Jenny. Enfant
malheureuse qui veut que sa vie d'adulte soit glorieuse et riche,
oubliant qu'elle a déjà l'essentiel. C'est pour elle que son mari
et une autre personne se mettront dans une situation périlleuse.
Interprétée par Suzy Delair, le rôle de Jenny est à la fois clé,
mais jamais aussi sombre que les femmes fatales des films noirs. Elle
arrive à y mettre de la légèreté et à faire percer son amour
pour son époux.
Les
éléments caractéristiques de ces films sont mis en avant. Ici, une
fourrure, une voiture sublime, sont bien plus que des accessoires,
ils deviennent des points clés de l'histoire
Pour
un film noir il faut un enquêteur, avec chapeau de préférence. Ici
c'est un policier revenu de tout, «des colonies» reflets d'une
autre époque, revenu des femmes avec qui il est malchanceux, revenu
de sa hiérarchie et de la volonté de prendre du galon. Et c'est
Louis Jouvet qui l'interprète. Malgré les maladresses de son
personnage, il est toujours attachant et c'est en partie grâce à
son interprétation.
À
l'écran Quai des orfèvres est
un film très sombre, avec des contrastes très forts. Et les rares
scènes baignées de lumières ne sont jamais les plus transparentes.
La succession très rythmée des scènes, et le montage dynamique
explique le rythme haletant de la narration, et permet aussi de
passer outre les rares facilités de scénario.
Ce
long métrage est la version optimiste du film noir. Les postulats se
ressemblent, le cahiers des charges y ressemble, mais les twists ne
sont jamais ceux que l'on aurait anticipé. Et s'il a les attributs
du film noir, il n'en est pas un. Mais une question se pose, cachée sous ce thriller au titre qui rappelle le siège historique de la
police judiciaire; n'y aurait-il pas un film sur l'amour?
Sur
la difficulté d'aimer de Jenny et Maurice. La manière dont Clouzot
filme l'inconséquence de jenny en la baignant de lumière, contraste
tant avec celle qu'il utilise pour filmer Maurice, des noirs intenses
qui se transforment en noirs et gris. Sur certains plans, quand il
perd pied, il y a une sensation de profondeur provoquée par le
format et la mise en scène, qui nous fait ressentir le vertige de
cet homme. Bernard Blier prête ses traits à Maurice, il est touchant
dans ce rôle d'homme déchiré, il y est quasiment à contre emploi.
Son interprétation est épidermique. Il transcende son rôle.
Ce
long métrage parle des malheureux en amour, à l'image de
l'inspecteur principal adjoint Antoine, qui a quitté «les colonies»
comme il le dit avec son fils et se retrouve seul à l'élever.
Et
cet amour filiale transperce le film. Il est son supplément d’âme.
Il ne rend pas plus humain le personnage de l'inspecteur, il rend
plus humain le film tout entier. La mignonnerie avec laquelle il
s'occupe de lui, dont il parle de lui, réchauffe le scénario.
Cet
enfant et un des points qui m'a le plus éblouie dans le film.
Film
qui sort sur les écrans en 1947 et qui met en scène cet enfant un
enfant métisse. Sans en faire des tonnes autour de lui, juste en le
couvrant d'amour.
Et
une personne homosexuelle, pas représentée de manière
stéréotypée,et que l'une des dernières phrases du film, mettra au
même niveau qu'un hétérosexuel.
Ce
long métrage est un ovni cinématographique qui s'est glissé dans
des habits de normalités. C'est un film qui est ponctué d'amour et
de respect,le tout autour de l'histoire d'un couple et de la
jalousie. La petite histoire rattrapa celle du film. Le réalisateur
reparti avec la femme de l'un de ses acteurs
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