Pour une poignée de dollars
POUR UNE POIGNEE DE
DOLLARS
de Sergio Leone
Je ne suis pas une grande fan de westerns. Pourquoi? Car j'en ai beaucoup trop vu quand j'étais petite. J'en garde des bribes de souvenirs, des morceaux de films qui m'ont profondément ennuyée et d'autres qui m'ont fascinée. Ce film est le premier d'une trilogie, celui de «la trilogie des dollars»
Un
homme et sa monture cheminent. C'est alors qu'il surprend des cris,et
fait semblant de boire, pour comprendre ce qu'il se passe. Vu ce
qu'il perçoit de la situation, il décide de se rendre dans le
village voisin. L'aubergiste chez qui il trouve le gîte et le
couvert, et le sonneur de cloche lui expliquent ce qui se passe. Il
décide alors de louer ses bras au plus offrant,mais semble avoir
une idée derrière la tète.
Le western est un genre majoritairement américano-américain depuis que le cinéma existe. Il prend sa source dans la littérature et la peinture américaines. Il se passe généralement dans le nord des Etats Unis pendant la conquête de l'ouest. Il était une constituante importante des films muets et a connu son apogée avec l'age d'or Hollywood au milieu du XXeme siècle.
Dans
les années soixante, les européens s'en emparent et réinventent le
genre. Sergio Leone en est l'un des principaux artisans.
Pour une poignée de dollars est un cas d'école.
Pour une poignée de dollars est un cas d'école.
Le contexte n'est plus la sacro sainte conquête de l'ouest, il devient moins «raciste». Les méchants ne sont plus systématiquement les indiens ou les mexicains.Ici les méchants, sont partout à l'exception du
personnage central, de l'aubergiste, et du fabriquant de cercueils. Les deux groupes qui s'affrontent sont mexicains et texans, et sont aussi cruels l'un que l'autre. Les Baxter sont une famille où la mère mène la danse, et sont originaires du Texas, ce sont des trafiquants d'armes. Les Rojo menés par trois frères, eux ce sont l'alcool.
La
vision de la société aussi change par rapport aux westerns plus
classiques.On est dans une société individualiste quasiment une
anomie (société qui perd ses repères sociaux, et où les individus
qui y évoluent ne savent plus comment se conduire; l'un des marqueur
est le taux de criminalité). Il y a très peu d'humanité dans cette
ville, par exemple lorsqu'il y entre , le personnage central croise
un homme, un mexicain mort, que l'on a hissé sur son cheval, et au
dos de son poncho un papier sur lequel est écrit «adios amigo».
Pendant tout le film vous ne verrez pas un représentant de l'ordre,
ou un shérif égaré.
Ces westerns montrent et mettent en scène des actions plus violentes. Et ici, si on devait faire un bingo sur toutes les actions possibles on aurait un bon score: des meurtres à foison, un massacre entre des mexicains et yankees que je vous laisse découvrir, des cadavres utilisés, des viols implicites sur Marisol, ou des scènes de tortures.
Ces westerns montrent et mettent en scène des actions plus violentes. Et ici, si on devait faire un bingo sur toutes les actions possibles on aurait un bon score: des meurtres à foison, un massacre entre des mexicains et yankees que je vous laisse découvrir, des cadavres utilisés, des viols implicites sur Marisol, ou des scènes de tortures.
Les
personnages sont plus complexes et plus proches d'anti héros. Dans
ce genre de westerns, ils sont sensés être moins beaux, plus sales,
moins manichéens. Plus «dirty»
autant
vous le dire ici, on n'y est pas tout a fait. Alors on retrouve le
coté pas très propre et poussiéreux. Ils sont crades et ça paraît
logique. Mais il est impossible de dire que tes acteurs sont moins
«beaux» quand tu alignes Clint Eastwood avec Gian Maria Volonte
comme antagoniste.
Commençons
par ce dernier. Les yeux de Gian Maria Volonte font oublier ceux de
Clint Eastwood, et j'ai tendance à penser que son jeu, fait de même.
Il est super expressif. J'avais déjà été subjuguée par sa
prestation dans enquête sur un homme au dessus de tout soupçon. Là il est un méchant
, vraiment très méchant, ce qui parfois fait perdre en crédibilité,
et il vampirise le film. Un bémol pour le maquilleur fou, qui a
pensé que pour lui donner un aspect sale et poisseux, il fallait
utiliser ce fond de teint pas adapté. Car cinquante ans plus tard
c'est la seule choses qui a mal vieillit.
Notre
personnage central, qui essaie de monter un clan contre l'autre, est
sensé paraîtrecomme une anti héros... et ça prend pas. D'abord
car Eastwood est monolithique, je ne saurai dire si c'est une
indication de mise en scène, ou si c'est son jeu mais le résultat
est que lorsqu'il ruse en allant d'un clan à l'autre, ça ne
fonctionne pas bien. Il a un coté sauveur messianique qui ne colle
pas avec un anti héros qui ne veut pas donner son nom pendant le
film. Rajouter à cela que nous avons vu le film en français et
qu'il se retrouve à sauver une femme qui a l'origine s’appelait
Marisol et qui devient Marie et son enfant qui s'appelle Jésus. Ça
fait un peu beaucoup sur l'imagerie pour moi.
A l'écran, il y a une sorte de charte qui est créée, par Leone. Les gros plans sont très présents, les personnages sont très souvent filmés par ce procédé. Gros plans sur le visage, et gros plans sur les chaussures. Parfois ça devient un peu caricatural.
La
contre plongée est un des éléments caractéristique de la mise en
image de ce genre de westerns.
Ça
donne une impression de facilité et de raccourcis dans ce film.
Impression qui est majorée par des facilités de narration, comme un
massacre qui ne sert pas à grand chose, et différents autres
éléments galvaudés et déjà utilisés; des personnages mal
écrits , et l'utilisation d'un fusil de tchekhov (c'est à dire la
mise en scène d'un élément de manière très visible ici, au début
du film qui va être réutilisé plus tard. Tchekhov était un
dramaturge qui disait que si dans une pièce, il y avait un fusil
chargé au mur dans le premier acte, il fallait l'utiliser avant la
fin de la pièce. Sinon ça ne servait à rien.)
Ce genre de westerns, à beaucoup divisé ceux qui aimaient le genre. Du coup on les qualifiera du sobriquet raciste de westerns spaghettis, car majoritairement italiens. Mais ils ouvriront vers une autre vision du western, le western crépusculaire.
Ce film a une particularité gênante qui fait de lui autre chose qu'un film honorable qui essaie de revisiter un genre.
Ce
film est un plagia.
Que l'on aime Sergio Leone ou pas, que l'on deale avec nos contradictions ou pas. Ce film copie Yojimbo de Kurosawa. Au détour des pages qui sont consacrées à ces deux films, et parfois sur des médias qui ont pignon sur rue, j'ai croisé des expressions comme «lecture recontextualisée»,ou « Sergio Leone s'est inspiré», voire une «transposition dans le monde du western»... alors non, c'est du plagiat.
Que l'on aime Sergio Leone ou pas, que l'on deale avec nos contradictions ou pas. Ce film copie Yojimbo de Kurosawa. Au détour des pages qui sont consacrées à ces deux films, et parfois sur des médias qui ont pignon sur rue, j'ai croisé des expressions comme «lecture recontextualisée»,ou « Sergio Leone s'est inspiré», voire une «transposition dans le monde du western»... alors non, c'est du plagiat.
Toute
la trame est la même, des éléments de l'histoire sont les mêmes, certains plans sont quasiment les mêmes, le rythme du film est le même.
Oui le code visuel est celui du western et non celui du chanbara
(film de samouraï). Mais déjà Yojimbo était très proche du
western. Et les rares choses qui varient, comme le massacre que j'ai
précédemment cité, ou le héro plus monolithique font perdre quelque chose au
film. Dans une poignée....on ne retrouve pas l'aura politique que pouvait contenir Yojimbo
, et le spectateur n'a
pas de sympathie pour le personnage du film de Leone. Il y a une
perte de finesse qui pour moi est bien symbolisée par le nom du
personnage central. Dans aucun cas nous connaissons le nom du
héros des films.
Dans celui de Leone, il refuse de dire son nom. Dans le film de
Kurosawa, il est plus sympathique dit qui s'appelle Sanjuro, ce qui
est plutôt une indication d'age, il
est dans la trentaine. Il donne quelque chose, il s'inscrit dans une relation. Il est dans la société.
est dans la trentaine. Il donne quelque chose, il s'inscrit dans une relation. Il est dans la société.
Je terminerai sans plus conclure sur Sergio Leone et le mépris avec lequel il traitait l’œuvre de kurosawa, disant que ce n'était pas un chef d’œuvre et qu'il s'était beaucoup inspiré de ce film, mais qu'il s'était surtout appuyé sur le livre Arlequin serviteur des deux maîtres. Finalement les tribunaux ont tranché et ont condamné Leone à dédommager la toho et Kurosawa.
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