Zulu

by - janvier 01, 2018




ZULU
de Jerome Salle


il y a plusieurs années, je me suis offert le roman éponyme de Caryl Férey dont est tiré le film. Puis un livre chassant l'autre, un livre de mon auteur préféré est sorti j'ai mis celui ci en stand-by et je ne l'ai jamais repris. Mais j'en gardait ce sentiment d'un bon roman âpre et fort.

Dans l'Afrique post Apartheid trois enquêteurs doivent faire face à un meurtre particulièrement horrible d'une jeune femme blanche.
Ce film n'est pas qu'un énième thriller bien ficelé. Il lance un regard sans concession sur une Afrique du Sud qui tente de continuer à avancer tout en faisant avec son passé et les fantômes de l’apartheid. Et pour cela il s'appuie sur les mécanismes du thriller, avec une intrigue qui sonne juste, des basiques aussi, le flic qui d’emblée semble brisé par la vie, alcoolique, mais plus que performant; et le sage, légèrement plus gradé, qui semble avoir fait la paix avec ce qui l'entoure et qui est un fin enquêteur; ajouter un rookie, l’analyste qui sort du bureau pour se frotter à la réalité.

C'est la base de cette histoire, c'est eux qui sont confronter à cette boucherie. Et c'est par leur prisme que l'on va visiter la société sud africaine post Mandela.
Si l'on commence avec un meurtre sanglant, ne croyait pas que ça va s’arrêter là. La narration monte crescendo, alternant les choix scénaristiques moches, avec les faits sociétaux encore plus laids. C'est non stop, sans répit. Au final même celui qui semble le plus heureux ne l'est pas, et c'est la même chose pour le plus apaisé. Cet enchaînement est si rapide que jamais le spectateur n'a le temps de respirer, il doit faire face à une suite d'uppercuts, et finalement détourner les yeux lorsqu'il veut prendre une inspiration. Ce n'est vraiment qu'à la fin que l'on se rend compte de tout ce que nous dit ce film. En plus de ce discours il y a une réflexion intéressante sur la parentalité.

Ce film est riche de sens, de messages, de sujets de réflexion, et il a une trame intéressante, par conséquence l'écrin se devait d’être sobre et efficace. Et il est. La lumière et les couleurs sont froides, jamais on ne tombe dans l'écueil de la carte postale. A aucun moment on a envie d'aller y passer ses vacances. Les plans sont simples en général, mais au détour d'une situation ils peuvent se complexifier pour mettre en valeur un personnage ou une idée. Le contraste est toujours là, on passe de scènes de jours baignées de lumières froides, aux scènes de nuit sombres. Même dans un bar, dans les loges, la lumière est ténue, dans la maison de Brian, tout est obscur et désordonné voire sale. Le même delta est présent lorsque l'on passe d'un quartier à l'autre. Les beaux quartiers où ils ne croisent que des blancs, sont luxueux, les maisons semblent sorties des pages de magasines de décorations. Mais lorsque Ali va voir sa mère, qui habite dans les quartiers pauvres, les maisons sont rarement en dur et la population que l'on aperçoit y est toujours noire.

Les acteurs sont géniaux et principalement les deux principaux Forest Whitaker est parfait comme d'habitude. Il semble traversé de divers sentiments plus forts les uns que les autres sans pourtant se départir de son visage stoïque. La fin du film lui laisse déployer son talent et prouver à quel point il peut faire passer des émotions sans mots et sans sur jeux; à quel point il est un acteur puissant.
Orlando Bloom est impeccable. Il abandonne son coté bellâtre, et est juste charismatique. Il porte ce personnage qui pourrait être fatiguant ou galvauder avec fougue et cohérence. Il arrive à mettre de la nuance avec brio. Il est à noter que l'un des pères de l'acteur était un militant anti apartheid notoire, ami de l'avocat qui défendit Mandela entre autre.

Ce film absolument pas prétentieux est une vraie belle surprise. Lorsqu'on s'est mis devant je ne m'attendait pas à explorer un spectre aussi grand, je ne m'attendais pas à voir un film si riche et si porteur.

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