ZULU
de Jerome Salle
il y
a plusieurs années, je me suis offert le roman éponyme de Caryl Férey dont est tiré le film. Puis un livre chassant l'autre, un
livre de mon auteur préféré est sorti j'ai mis celui ci en
stand-by et je ne l'ai jamais repris. Mais j'en gardait ce sentiment
d'un bon roman âpre et fort.
Dans
l'Afrique post Apartheid trois enquêteurs doivent faire
face à un meurtre particulièrement horrible d'une jeune
femme blanche.
Ce
film n'est pas qu'un énième thriller bien ficelé. Il lance un
regard sans concession sur une Afrique du Sud qui tente de continuer
à avancer tout en faisant avec son passé et les fantômes de
l’apartheid. Et pour cela il s'appuie sur les mécanismes du
thriller, avec une intrigue qui sonne juste, des basiques aussi, le
flic qui d’emblée semble brisé par la vie, alcoolique, mais plus
que performant; et le sage, légèrement plus gradé, qui semble
avoir fait la paix avec ce qui l'entoure et
qui est un fin enquêteur; ajouter un rookie, l’analyste qui
sort du bureau pour se frotter à la réalité.
C'est
la base de cette histoire, c'est eux qui sont confronter à cette
boucherie. Et c'est par leur prisme que l'on va visiter la société
sud africaine post Mandela.
Si
l'on commence avec un meurtre sanglant, ne croyait pas que ça va
s’arrêter là. La narration monte crescendo, alternant les choix
scénaristiques moches, avec les faits sociétaux encore plus laids.
C'est non stop, sans répit. Au final même celui qui semble le plus
heureux ne l'est pas, et c'est la même chose pour le plus apaisé.
Cet enchaînement est si rapide que jamais le spectateur n'a le temps
de respirer, il doit faire face à une suite d'uppercuts, et
finalement détourner les yeux lorsqu'il veut prendre une
inspiration. Ce n'est vraiment qu'à la fin que l'on se rend compte
de tout ce que nous dit ce film. En plus de ce discours il y a une
réflexion intéressante sur la parentalité.
Ce
film est riche de sens, de messages, de sujets de réflexion,
et il a une trame intéressante, par conséquence l'écrin se
devait d’être sobre et
efficace. Et il est. La lumière et les couleurs sont froides, jamais
on ne tombe dans l'écueil de la carte postale. A aucun moment on a
envie d'aller y passer ses vacances. Les plans sont simples en
général, mais au détour d'une situation ils peuvent se
complexifier pour mettre en valeur un personnage ou une idée. Le
contraste est toujours là, on passe de scènes de jours baignées de
lumières froides, aux scènes de nuit sombres. Même dans un bar,
dans les loges, la lumière est ténue, dans la maison de Brian, tout
est obscur et désordonné voire sale. Le même delta est présent
lorsque l'on passe d'un quartier à l'autre. Les beaux quartiers où
ils ne croisent que des blancs, sont luxueux, les maisons semblent
sorties des pages de magasines de décorations. Mais lorsque Ali va
voir sa mère, qui habite dans les quartiers pauvres, les maisons
sont rarement en dur et la population que l'on aperçoit y est
toujours noire.
Les
acteurs sont géniaux et principalement les deux principaux Forest
Whitaker est parfait comme d'habitude. Il semble traversé de divers
sentiments plus forts les uns que les autres sans pourtant se
départir de son visage stoïque. La fin du film lui laisse déployer
son talent et prouver à quel point il peut faire passer des émotions
sans mots et sans sur jeux; à quel point il est un acteur puissant.
Orlando
Bloom est impeccable. Il abandonne son coté bellâtre, et est juste
charismatique. Il porte ce personnage qui pourrait être fatiguant
ou galvauder avec fougue et cohérence. Il arrive à mettre de la
nuance avec brio. Il est à noter que l'un des pères de l'acteur
était un militant anti apartheid notoire, ami de l'avocat qui
défendit Mandela entre autre.
Ce
film absolument pas prétentieux est une vraie belle surprise.
Lorsqu'on s'est mis devant je ne m'attendait pas à explorer un
spectre aussi grand, je ne m'attendais pas à voir un film si riche
et si porteur.
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