Lettres de la guerre
LETTRES DE LA GUERRE d'Ivo M Ferreira
Il est difficile de parler de ce film. Son scénario étant composé des lettres qu'Antonio Lobo Antunes envoyait à sa femme, durant l'une des dernières guerre coloniale celle qui a eu lieu a l'est de l’Angola menée par le Portugal. Cet homme est un auteur et c'est lui qui décida de les publier dans Desde viver aqui neste descripto : cartas da guerrera. Chaque mot est pesé, chaque virgule et chaque silence en disent plus que des lignes de script, écrire sur cette perfection est un challenge auquel on échouera tant il semble compliqué de se hisser à la hauteur du film.
Le réalisateur créé un film épistolaire, les lettres sont lues, en voix off par l'acteur qui incarne l'écrivain. Uniquement les mots envoyés par antonio. Ce sont quasiment les seuls phrases que l'on entend dans le film, très rares sont les dialogues ajoutés aux scènes. Ce qui permet au film d’éviter les horreurs de la guerre car elles sont toutes passées par le tamis de l'homme amoureux qui cherche quand même à protéger sa femme. Ce qui permet aussi de mettre en exergue ses silences, ils sont aussi bruyants que le bruit des explosions qui le changent et modifient sa vision du monde. Ces lettres nous font perdre la notion du temps qui passe, comme on ne le suit qu'à lui. Depuis combien de temps est-il dans cet enfer, pour combien de temps encore? En qu'elle année est on. Un soldat armé, avec une blouse en plus (il est médecin) a une forme assez intemporelle. A plusieurs reprises je me suis surprise à dire mais oui, on est en 1971. De plus le fait que l'on ne traverse ce film que par ses mots, donne ce sentiment de ne voire que par ses yeux et ne marcher que dans ses pas.
Le coté épistolaire de ce livre est aussi renforcé par sa photographie. Une œuvre en noir et blanc. Une photo magnifique pleine de contraste et de nuance sachant à merveille retranscrire le sentiment que l'on ressent face à une page blanche et de l’encre noire. Ce sentiment d’être là sans vraiment y être.
Si ce noir est blanc est vraiment prodigieux (le spectateur a parfois l'impression d’être devant une photo sur papier glacé), il est surtout superbement bien utilisé par le réalisateur qui fait varier le contraste et la lumière en fonction de l'état d'antonio. Par exemple lorsqu'il arrive sur le premier camps, qu'il cherche sa place,les scènes sont majoritairement tournées de nuit. Avec un noir profond et opaque. Bizarrement, la couleur est quand même partout dans le film. Par les mots du héros qui décrit les paysages, la chaleur, les habits, le vert. Elle est dans ses yeux transparents à l'écran et que l'on imagine bleus. Miguel Nunes qui prête ses yeux et ses traits à l'écrivain est tout simplement fabuleux. Il incarne plus qu'une personne, il incarne ses mots avec justesse et sans falbalas. Il a un charisme à tout épreuve et il fait presque oublié tous les autres personnages du film. A la fin il reste seul avec les mots et le paysage, les uns comme les autres tout aussi somptueux
J'ai tout aimé dans ce film, j'ai aimé qu'il commence avec la première lettre envoyée à l’épouse d'antonio, et qu'il se termine avec la dernière. J'ai aimé tout ce luxe dans le choix des mots de l'auteur ou dans sa photographie magnifique. J'ai aimé l'amour, j'ai ressenti la séparation, et j'ai eu mal pendant la guerre. Maintenant j'attends avec impatience de pouvoir revoir ce film, car je suis certaine d'avoir loupé des petits détails et des petites choses tant il est riche.
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