Un film librement inspiré de la vie et de l’œuvre de Nelly Arcan. Le portrait d'une femme fragmentée, perdue entre ses identités irréconciliables d'écrivain, d'amoureuse, de putain et de star. Plusieurs femmes en une seule, naviguant entre grandes exaltations et grands désenchantements.
Nelly – Réalisé par Anne Emond
Nelly c'est le septième film de la compétition principale du « F.I.F.I.B » que je découvre ! C'est aussi la première fois je crois, que l'on découvre un « biopic » au festival. Ceci dit, c'est loin d’être quelque chose de classique dans la forme, c'est un film qui se montre à l'image de ce que l'on voit depuis quatre ans, il surprend et Anne Emond fait ça avec beaucoup de talent.
C'est l'histoire d'une femme aux multiples vies ! Une écrivaine, une prostituée, une amoureuse, une star et une petite fille s’entremêlent pour mieux cerner la vie de la première, celle de Isabelle Fortier, que les amateurs de littérature connaissent sous le pseudonyme de Nelly Arcan. Pour tenter d'exorciser une vie faite de mystères, d'injustices et de frustrations, qui n'ont fait qu'alimenter ses propres névroses, elle s'essaye à la littérature. Un domaine ou elle fait preuve d'un grand talent, les mots volent avec aisance et la franchise de sa plume séduisent un éditeur français qui la publie. Le succès est là, mais les problèmes et interrogations restent. Et entre fiction et réalité, elle tente de retrouver le chemin entre ses vies, pour exister à nouveau.
Au final c'est un film intéressant qui sort un peu du lot de la sélection proposée par le festival, mais qui hélas pèche pour moi par excès, ce qui l’empêche d’être complètement abouti. Le scénario est écrit par Anne Emond qui signe ici son troisième long-métrage de fiction. En s'attaquant au biopic, elle s'essaye a un genre pas forcément évident à aborder, car cela donne souvent lieu a des films plan-plan qui se contente de filmer la vie de la personne d'un point A à un point B. Un piège que Anne Emond esquive grâce à son scénario qui « éclate » littéralement la vie de « Nelly Arcan » pour mieux l'analyser, d’où l'enfant, la prostituée, la star et la femme amoureuse. Des personnages éloignés, extrêmes dans leurs vies et dans leurs attitudes qui se répondent au fil du film par un montage audacieux et cohérent dans les thèmes qu'il abordent.
Que cela soit le désir, la passion, la sexualité, l'amour, l'envie d'aimer et d’être aimer ou encore la peur de vieillir, tout ceci éclairent la personnalité de la femme qu'était Nelly Arcan, mais aussi la difficulté pour une femme d’être elle-même dans la société. Et cet entrelacs de sentiments est aussi un vecteur d'émotion, qui nous bouscule, nous touche ou nous révolte, mais qui ne nous laisse jamais indifférent.
Jusqu’à cet instant fatidique se situant environ à 15/20 min de la fin ou le film aurait du se finir et non continuer. [Spoiler is inside] Le destin des quatre personnages (la prostitué, l'amoureuse, la star et l'écrivaine) touche à leur fin, l'intensité gagne et l'on assiste à la mort des personnages, la plus brutale étant la mort de la prostituée, qui pour se sortir de l'emprise d'un client dangereux, saute dans le vide [Spoiler End]. C'est désespéré, tragique et sans concession, mais au lieu de rester sur cet acte qui illustre ce propos désenchanté que la vie de cette femme « Nelly » nous raconte et de nous faire réfléchir à ce que l'on voit. La réalisatrice continue et rationalise ce dernier tiers, dans un épilogue redondant qui ne sert strictement à rien, si ce n'est enlever toute puissance évocatrice et émotion au dernier acte précédent l'épilogue.
Une chose que je regrette, car jusque la, Anne Emond m'avait convaincu et Mylene Mackay qu'elle dirige est absolument brillante dans un rôle pas du tout évident, mais voilà ce petit accroc gâche cette belle expérience qu'est « Nelly ».
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