Gone Girl

by - février 24, 2015



A l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Sous la pression de la police et l’affolement des médias, l’image du couple modèle commence à s’effriter. Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ?

Gone Girl – 8 Octobre 2014 – Réalisé par David Fincher

Quand l'intrigue a démarré, que les médias sont arrivés sur place, moi qui aime beaucoup les émissions criminelles, je m'attendais presque à voir le sourire ultra brite (Et moche) de Morandini ! Heureusement que l'on est pas dans une émission mais bien dans un film, un film de monsieur David Fincher. Connu pour avoir réalisé quelques pépites du 7eme art (doux euphémisme) devenu depuis des classiques comme Seven ou encore Fight Club ! Dans « Gone Girl » il retrouve l'ambiance de ses films comme Zodiac et Millénium ou l'histoire tirée du best seller de Gillian Flynn «les Apparences », nous plonge dans une enquête criminelle passionnante, complexe et cynique qu'un David Fincher hitchcockien va transcender ….

Être en couple, se marier, avoir des enfants, un travail, une maison et passer une vie heureuse au coté de celui ou celle qu'on aime est en quelque sorte une fin en soit, un aboutissement pour ceux qui le souhaitent mais aussi un fardeau pour ceux qui subissent les diktats d'une société de l'apparence, ou celui qui n'est pas dans la norme est pointé du doigt, ou le père qui veut élever ses enfants est moqué, ou la femme qui n'est pas en couple avant 30 ans est destinée a finir vieille fille ....

Une pression exterieure que le couple Dunne illustre à merveille, tous les deux sont des stéréotypes destinés a finir ensemble. Nick est grand, beau, avec un charme enfantin, Amy est une femme séduisante, brillante et intelligente qui le rencontre 5 ans avant les événements du début du film ! Une fois en couple, tous les deux incarnent la réussite, le charme et une certaine idée du couple parfait. Alors qu'ils semblent faits pour vivre une vie paisible, les problèmes arrivent, les masques se fissurent laissant apparaître les mensonges et autres non-dit ! Une situation qui atteint son paroxysme le jour de l'anniversaire de leurs cinq ans de mariage, quand Nick découvre qu'Amy a disparu …

En 1995 il y eu John Doe et Kevin Spacey, en 2014 il y eu Amy Dunne et Rosamund Pike ! Leurs point commun ? Un scénario de qualité et un certain David Fincher !!! En presque 20 ans, ces deux films ont pour moi redéfinit ce que devait être les méchants au cinéma, en repoussant constamment les limites de la perversité dans un monde ou les ténèbres règnent ! Fincher creuse une fois de plus les travers de son pays pleins de contradiction, en sondant une institution sacrée « le mariage », le culte des apparences ainsi que l'omniprésence des médias sur une histoire de Gillian Flynn absolument parfaite.

Souvent critique envers son pays et ses pratiques, Fincher fait de ses films un reflet de sa pensée ! Si ici il parle de mariage, d'apparences et de médias, son métier fait de lui un excellent critique, car le dénominateur commun des faits traités, c'est l'image ! Et quoi de mieux qu'un immense réalisateur pour en parler. L'image sous toutes ses formes, celle que l'on donne, celle que l'on a de soi ou encore celle les autres ont de nous. Le mariage, union de deux personnes réalisé dans le respect mutuel le plus total ou ici un mensonge apparent seulement fait pour contenter la pression sociétale et familiale car « il fallait » se marier et montrer la perfection du couple ! Celle que l'on a de soit est la plus pernicieuse, car c'est celle qui est compensée par l'apparence que l'on renvoie aux autres, le couple Dunne est le plus bel exemple, parfait en façade, on découvre des personnes manipulatrices, intelligentes ou lâches et sans courage qui n'assument pas ce qu'elles sont ! Tandis que les médias agissent comme un tribunal a ciel ouvert, influençant en masse l'avis des gens, condamnant sans savoir mais qui pardonnent tout aussi vite si l'on veut bien jouer le jeu au travers de talk show sur médiatisés ou noirceur et divertissement sont au programme …

Tantôt caustique, drôle et cynique, David Fincher surprend et manie l'humour noir avec tact et talent. Mécanique froide et implacable en premier lieu, le film se délie autour d'un twist savoureux mais un poil prévisible, toutefois cet as de la mise en scène qu'est Fincher réussi a maintenir un suspense latent et implacable, notamment grâce a une écriture sans faille, qui ne s'éparpille pas et qui sait distiller les fausses pistes habilement ! Techniquement irréprochable, tournée en très haute définition (Le premier en 6k), tout est en adéquation pour souligner et amplifier la sensation de malaise ambiant, le chef op Jeff Cronenweth qui a déjà collaboré précédemment avec Fincher livre un travail sur le visuel irréprochable, couleurs froides, aucune imperfection, aucune saturation, une perfection si nette qu'elle pose les mêmes questions que l'intrigue !!! D'un autre coté on trouve les artistes Trent Reznor et Atticus Ross à la musique qui continuent leur collaboration avec David fincher après les bijoux composés pour « The Social Network » et « Millenium », une fois de plus c'est une réussite incontestable, entêtante, prenante et qui colle a merveille au film !


Et pour qu'un film soit grand, voir excellent, le casting est essentiel et Fincher l'a bien compris ! On a souvent reproché à Ben Affleck son jeu d'acteur, assez plat dont la face de nounours endormi en agaçait plus d'un, pourtant ces défauts sont ici sa plus grande force car son personnage est nourri de ça, par un brin de maladresse, de froideur involontaire, de sourire forcé ! Une prestation de choix pour un acteur qui cache bien son jeu !

Qu'elle est loin l'époque ou Rosamund Pike jouait une James Bond Girl, alors qu'ici elle est a une marche de l'oscar de la meilleur actrice après son interprétation monumentale d'Amy Dunne. C'est le personnage clé de cette histoire, complexe et séduisante, Rosamund Pike incarne avec talent toutes les facettes de son personnage, jolie, fragile, amoureuse, perverse, manipulatrice, enragée et instable, qu'une vie contrainte par la perfection a déréglé ! Ainsi Fincher guide son actrice vers une froideur de mort, ou son teint pale se confond avec celle d'une poupée, parfaite mais terrible à l’intérieur, ou son regard perce les gens a jour et ou son sourire semble aussi acéré que des couteaux …

A coté des deux acteurs principaux, on a des solides seconds rôles ! Carrie Coon qui joue la sœur de Ben Affleck, convaincante et convaincue, elle est un soutient de poids pour lui ; Kim Dickens joue l'inspectrice chargé de l’enquête, une actrice qui joue juste et avec passion; le très drôle Neil Patrick Harris dans un rôle inattendu mais qui lui va bien puis enfin Tyler Perry, l'avocat, le showman, a la fois drôle et professionnel !




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14 commentaires

  1. Quelle claque ce film quand même !... Entièrement d'accord sur les acteurs, Rosamund Pike trouve la performance de sa carrière, et le jeu morne de Ben Affleck a été parfaitement exploité par Fincher. Allez vite, qu'ils fassent leur remake de Strangers on a Train !!!

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    1. Le remake de Strangers on a Train est prometteur ! C'est d'ailleurs une histoire qui peut etre adapté facilement :)

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  2. J'avais énormément aimé le livre et le film est une vraie bonne claque, même en connaissant déjà l'intrigue. La mise en scène est nickel, le scénario bien foutu, la réflexion sur le couple et les médias pertinente et les acteurs parfaits.

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    1. J'imagine qu'il y a une petite pointe de stress au moment de la découverte quand on connait l'histoire mais comme tu le dit si bien, c'est nickel !

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  3. Une adaptation excellente où Fincher continue à aborder des thèmes habituels, admirablement bien joué.

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    1. Entièrement d'accord, une excellent film de plus a rajouter a la filmo de mr fincher

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    2. Dès que j'ai lu le roman je savais qu'il n'avait pas entrepris l'adaptation pour rien. Le roman de Gillian Flynn est terriblement fincherien. Certains ont dit qu'ils ne voyaient pas trop de lien avec la filmo de Fincher pourtant tout y est : la vision pessimiste du couple (Seven; fight club, Zodiac, Millenium, Benjamin Button, the social network), l'engrenage qui se referme sur le héros (The game, Alien 3, Seven, Fight club, Zodiac, The social network, Benjamin Button), la critique des medias (Zodiac, The social network, Millenium)... Ce sont des thèmes que l'on repère très facilement au fil de sa carrière.

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    3. Tout à fait d'accord avec toi, c'est un film qui est en parfaite cohérence avec le reste de sa filmo

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  4. Un très grand Fincher, magistralement réalisé et interprété.
    Et un chouette billet de ta part !

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    1. Comme toujours c'est très grand avec Fincher :)
      Et merci pour le compliment

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  5. J'ai eu la mal chance de le louper au cinéma, et suite à cet article je ne manquerai pas de le regarder dès ce soir ! Un Fincher qui promets un bon moment sans aucun doute ;)

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    1. C'est un immanquable, surtout quand il illustre un personnage féminin aussi complexe avec tant de talent...

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  6. Les posters sont pas top, il faut dire que je n'ai jamais accroché aux affiches de Fincher.

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