Electric Dragon 80000 V
ELECTRIC DRAGON 80
000 V
de Sogo Ishii
Un
petit garçon grimpe le long d'un poteau électrique un soir d'orage.
La foudre tombe sur lui, et bien qu'il n'est aucune séquelle
physique, des troubles du comportement apparaissent. Il est sujet à
des crises de violences extrêmes. La seule solution proposée par les
médecins sont des électrochocs. Et l'enfant puis le jeune adulte
absorbe de l'électricité. Ayant fini par trouver une manière de
dompter sa colère et son énergie, il devient détective privé
spécialisé dans la recherche des reptiles perdus. Et il décide de
se faire appeler Dragon Eye Morisson.
Ce
film est un bijou punk. Ce qui fait certainement de lui une épingle
à nourrice. Il ne fait que cinquante petites minutes, et je vais
donc essayer d’être aussi efficace et concise que lui.
Il
est ma première rencontre avec le cinéma de Sogo Ishii, et ce ne
sera pas la dernière, vu que la prochaine est dans un colis en train
de rallier la maison.
Electric
dragon 80 000 V a pour particularité d'avoir été filmé en une
semaine, pendant que Sogo Ishii réalisait le film Gojoe avec les
deux acteurs d'electric dragon.
Sogo
Ishii est connu pour être un visionnaire et l'une des figures de
proue du cinéma punk japonais. Une grande partie de son œuvre lui
est dédié.
Ce
qui saute aux yeux, lorsque l'on lance le dvd est la beauté
insolente de la photographie. Les noirs et blancs sont somptueux. Le
contraste est toujours présent que ce soit dans les plans, dans les
scènes, entre différentes scènes voire entre les deux personnages
principaux. Le sombre, le clair, l'ombre ,la lumière; le bien et le
mal mais qui est quoi? Ce contraste est aussi présent dans les lieux
qui ont été choisis pour tourner que ce soient les roof tops, ou
les ruelles de Tokyo, chaque personnage à son domaine de
prédilection. Et dans leurs costumes qui n'ont pas du être faciles
à porter de l'improbable panoplie de rockeur avec pantalon en croco
de Dragon Eye Morisson ou de la demi armure étincelante de
Thunderbolt Buddha, il y a une opposition visuelle tout aussi
importante. Cela donne à ce film un coté roman graphique.
Cette
sensation est majorée par des choix de réalisation. La présence
importante d'éléments géométriques qui sont une respiration entre
deux scènes. Des plans filmés comme on dessine une vignette, le
plus souvent autour des personnages et de leurs visages. Mais
également un chapitrage qui ramène à l'univers mangas ainsi
qu'une propension de l'écran a être envahit par des onomatopées et
des kandjis furibonds
Les
personnages que je vous décrivais ont une écriture minimalistes,
mais le talent du réalisateur et de ses acteurs leur offre une
épaisseur. Quasiment jamais à l'écran en même temps, c'est deux
super héros dont les réalités ont été augmentées
électriquement, se retrouvent dans une même ville. Une ville pour
deux c'est trop, alors combat de coqs, de testostérone électrisée,
ou de super héros à vous de jauger. Tout cela créé une ambiance
ambivalente, entre comics version papier, et western spaghettis. En
tout cas c'est un combo gagnant et hypnotique.
Les
acteurs, que je me refuse de dissocier sont Tadanobu Asano et
Masatoshi Nagase. Leurs charismes se mesurent en tonne, tout comme
leurs magnétismes. Ils portent leurs personnages, et leurs donnent
chaire alors qu'ils n'ont quasiment pas de dialogues. Ils font
preuves d'un talent insolent le tout avec une facilité apparente.
Ils sont pour beaucoup dans le fait que ce film fonctionne si bien.
Electric
Dragon 80 000 V est une grande et belle claque cinématographique. Il
est la parfaite conjonction de choix cinématographiques ambitieux,
d'une esthétique recherchée et travaillée, et d'un cinéma sans
concession. Ce
film m'a séduite, voire renversée, mais ces choix déplairont à
d'autres pour les mêmes raisons qu'ils m'ont plu.
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