ÉNORME
de Sophie Letourneur
Vu
dans le cadre du FIFIB 2019, "Énorme" a été une rencontre improbable
du début à la fin de la séance. Avec un coté doucereux et drôle lorsque la réalisatrice encore embrumée par la fête de la veille au
soir, a du mal à trouver ses mots alors qu'il est 14h, puis
franchement aigre au fil du film.
Claire
est une pianiste prodige, avec tout ce que ça implique de travail et
de sacrifice. Elle vit tournée vers son art. A ses cotés, il y a
Fred son imprésario, son homme à tout faire, son mari. Il gère
tout d'une poigne de fer, avec un sourire et un bon mot. Ils ont une
dynamique de couple qui leur est propre mais qui les satisfait,
jusqu'au jour où il a une envie soudaine de bébé.
Dans son avant propos la réalisatrice disait que c'était sa vision de la maternité, que l'on serait peut être choquée par le corps de la femme filmé autrement que par le prisme de la séduction. Tout ça, ça me plaisait bien, et ça m'interpellait plus que ce que j'avais pu lire sur ce long métrage. Mais ce n'est absolument pas ce que j'ai vu. Premièrement le film ne porte aucunement sur la maternité. Il traite d'une relation qui devient toxique. Là où tout le monde semblait trouver son équilibre, au début. Cela Devient un récit où il est logique qu'un homme puisse utiliser le corps de sa femme et en particulier son utérus comme bon lui semble.
Et si on s’arrête sur quoi se
porte le comique on tombe toujours sur quelque chose de situationnel
aux confins de l'humour absurde pour lui. Quant à elle, c'est toujours
plus proche de la moquerie, de la mesquinerie. Le key maker de ce
blog a dit quelque chose de très juste après la séance: je voyais
une histoire qui m'atterré, puis quelque chose de drôle survenait,
je riais, et je regrettais tout de suite d'avoir ri. Et c'est
exactement ce que j'ai ressenti.
Car
la femme est malmenée, présentée à tout le moins comme une
assistée au début du film, puis comme une idiote quand elle tombe
enceinte. Elle est presque une égoïste quand elle ne veut pas avoir
d'enfant, alors que dans sa vie c'est l'unique chose qu'elle a choisi
. Quant à l’époux, vu qu'il est drôle tout passe. Il commande des
call girls et de gros coussins au nom de sa femme, devant elle mais
dans une langue qu'elle ne parle pas. C'est trop drôle! Il échange pilule contre sucrette, c'est montré avec humour, puis elle est bête elle s'en aperçoit pas. Il bidonne un calendrier pour qu'elle ne
puisse pas se faire avorter, oui mais c'est fait avec humour. Apres
tout le droit de disposer de notre corps n'est qu'un détail. Je peux
égrainer ça longuement. Car cette manière de faire est le mode de
fonctionnement du film. Alors bien sure vous aurez les grands-mères,
dont une de cœur, qui vont de paire avec un nombre aiguë de
clichés, et en point de mire l'accouchement comme une délivrance
douloureuse, mais belle. Bien sure cet accouchement aura autonomisé
Claire et son mari aura compris que ce n'était pas bien. Et
attention PLOT TWIST, ils se réconcilient à la maternité et il la
prendra sur le brancard, elle aura un orgasme en trente seconde...
sur le sexe dans ce film il y a beaucoup à dire aussi, comme des
relations qui semblent moyennement consenties. Mais c'est pas grave
car c'est filmé avec humour. La
forme, j'avoue que j'étais tellement énervée par le fond que je ne
pourrai pas trop en parler. Les acteurs font le taf il n'y a rien à
dire.
Pour
conclure je vous raconterai une scène que le key maker m'a rappelée.
Le futur père en train d'écouter et chanter la chanson de Phil
Barney « avoir un seul enfant de toi ». c'est drôle et
bien amené. Mais c'est à l'image du film. On oublie que dans cette
chanson on ne parle que de ce qu'a envie le père. Jamais de ce que
veut la mère. Et on oublie surtout qu'à la fin elle meurt en
accouchant. Mais lui il a son enfant !
Comme dans ce film, ou l'on s'appesanti avec beaucoup de bienveillance sur ce que ressent l'homme, pendant que la femme c'est secondaire. Mon humanisme a beaucoup saigné pendant cette heure et demi, beaucoup plus que mon féminisme.
Comme dans ce film, ou l'on s'appesanti avec beaucoup de bienveillance sur ce que ressent l'homme, pendant que la femme c'est secondaire. Mon humanisme a beaucoup saigné pendant cette heure et demi, beaucoup plus que mon féminisme.
0 commentaires