20102010 - 2019CritiqueGuillermo FrancellaJavier GodinoJuan José CampanellaRicardo DarinSoledad Villamil
El Secreto de Sus Ojos
La dernière fois que j'ai vu Ricardo Darin dans un film, c'était sous l’œil de Cesc Gay dans l'émouvant « Truman » ! Et ce n'était malheureusement que la deuxième fois que je voyais un film avec lui après « Les Nouveaux Sauvages », mais ça m'a largement suffit pour savoir qu'il est un immense acteur. Donc lorsque ma chérie voit qu'il y a un film sur la chaîne Chérie 25 avec lui, elle me le dit et on se retrouve devant l'oscar du meilleur film étranger en 2010, « El Secreto de Sus Ojos » ou « Dans ses Yeux » réalisé par Juan José Campanella.
1974, Buenos Aires. Benjamin Esposito enquête sur le meurtre violent d'une jeune femme. 25 ans plus tard, il décide d'écrire un roman basé sur cette affaire "classée" dont il a été témoin et protagoniste. Ce travail d'écriture le ramène à ce meurtre qui l'obsède depuis tant d'années mais également à l'amour qu'il portait alors à sa collègue de travail. Benjamin replonge ainsi dans cette période sombre de l'Argentine où l'ambiance était étouffante et les apparences trompeuses...
Moins emporté par le récit que je ne l'aurais cru, « El Secreto de Sus Ojos » n'en reste pas moins pour autant un film très intéressant, qui allie à merveille une belle romance, un policier, ainsi qu'une toile de fond historique riche, intense et complexe.
« Dans ses Yeux », avant d’être un film, c'est un roman ! Il s'agit de « La Pregunta de Sus Ojos » écrit par l'auteur Eduardo Sacheri. On le retrouve d'ailleurs au côté de Juan Jose Campanella pour l'écriture du scénario. Ensemble, ils signent une histoire ambitieuse, qui se passe sur deux époques, ou l'on retrouve les mêmes personnages, hantés par les méandres d'une enquête pour viol et meurtre. Et c'est lorsque le magistrat chargé de l’enquête à l'époque, tente d'écrire un livre sur cette affaire que tout le passé remonte, avec ses doutes et forcément ses mystères.
Parce que l’enquête que l'on nous décrit, masque à peine le climat politique instable argentin et les méthodes plus que troubles employés à l'époque pour étouffer les opposants, surtout que deux ans plus tard, une dictature sera mis en place laissant la place a 7 ans d'une dictature militaire. C'est aussi sur ça que le scénario joue, sur cette frontière qu'on perçoit entre justice et autoritarisme qui brouille si bien les cartes. Parce qu'a partir de là, la seule chose dont on est sur c'est de l'amour que ce porte nos deux personnages principaux, car sinon c'est le flou complet et on entre dans le cœur du film, la mémoire !
La mémoire des mots que l'on prononce, ou que l'on écrit. La mémoire des gestes ou des regards que l'on se donnent les uns les autres. La mémoire des actes que l'on commet ou encore celle de ceux qu'on oublient. Mais surtout il s'agit d'un travail de mémoire sur une période trouble de l'histoire du peuple argentin que l'on vit par procuration en regardant dans les yeux des différents personnages l'histoire et les marques du temps qui passe inlassablement, ainsi que leurs doutes, leurs peurs, leurs certitudes et leurs envies.
Quant à la réalisation de Juan Jose Campanella, elle est à la hauteur ! Il mène habilement le récit, notamment grâce au montage. Le rythme est bon, tout en maîtrise, nous ne sommes jamais perdu entre les deux époques, toujours relié par un raccord entre deux scènes qui se répondent, tout en distillant le doute sur ce que nous sommes entrain de regarder. La direction artistique est suffisamment maligne pour ne pas s'éparpiller et rester crédible, tout comme les maquillages grimant nos deux acteurs principaux que l'on aurait pu craindre mais qui s’avère être exécuter avec soin. La direction de la photographie de Felix Monti est élégante et pleine de raffinement, sachant donner de la chaleur ou de la rudesse quant il faut, voir magnifier certaines séquences, comme à la fin. Le casting quant à lui est impeccable, de Ricardo Darin à Soledad Villamil en passant par l’inquiétant Javier Godino …
El Secreto de Sus Ojos – 5 Mai 2010 – Réalisé par Juan José Campanella
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