2010 - 20192019AsieBong Joon-hoCho Yeo-jeongChoi Woo-shikCritiqueJang Hye-jinJung ZisoKang-ho SongLee Sun-kyunPark So-dam
Parasite
PARASITE
de Bong Joon-ho
Classé
dans mon palmarès personnel, dans mon panthéon cinématographique, très bien positionné, il y a memories of murder de Bong Joon-ho.
J'aime toujours autant ce film que je revois plusieurs fois par an.
Nous avons découvert sa conversion blu-ray récemment et je suis
retombée en amour comme la première fois que je l'ai vu. J'ai
l'impression qu'il se réinvente à chaque fois que je le revois.
Depuis j'ai découvert plusieurs des longs métrage de ce
réalisateur, et je n'ai jamais réellement retrouvé le frisson de
Memories of Murder. Apres la palme à Cannes nous avons décidé
d'attendre que cette petite merveille passe dans notre petite ville,
la salle de cinéma propose une expérience tout aussi voire plus
agréable que les grands complexes. Et c'est plein d'espoirs qu'on a
découvert l'objet de toutes les promesses cinématographiques du
moment.
Et
c'est ici que normalement je" pitche" le film. Mais aujourd'hui, je
n'en ferai rien car ce long métrage commence par un jeu de dupes qui
prend progressivement de l'ampleur. Et cette partie mérite un
traitement de faveur, qu'on le protège, et qu'on n'en dévoile rien.
Car la mécanique qui s'installe est si bien huilée qu'elle en est
jubilatoire à découvrir et je refuse d'atténuer l'impact de la
surprise même à travers un pitch à mots choisis.
Comme
pour chacun des films de ce réalisateur on peut dire qu'il est
joliment conçu et réalisé.
Les
cadres sont beaux et profonds donnant à certains moments, et à
certains arcs plusieurs niveaux de lectures.
Les
décors sont très intéressants, les plus marquants étant les
appartements que l'on peut décrire comme deux opposés.
Chronologiquement c'est celui situé dans un entre sol ; que
l'on découvre le premier. Il est surchargé de vie et d'objets
hétéroclites, de souvenirs glorieux, de cartons empilés. Ainsi que
d'un désordre symptomatique d'un appartement trop petit. Et pour
unique horizon, la vue sur une ruelle où les hommes saouls viennent
se soulager (concept universellement connus d'une certaine catégorie
de gars mais assez complexe à appréhender pour nous les femmes). De
l'autre coté une maison d'architecte épurée voire d'apparat. Avec
un panorama magnifique qui s'ouvre sur un jardin paysagé. Les deux
donnent lieux à des plans irréels, spécialement car ses baies
vitrées rectangulaires dessinent un écran sur nos écrans. Mais
ces décors sont plus que ça. Ils impriment une identité, une
épaisseur à ceux qui les habitent.
Bong Joon-ho a un vrai sens du gros plan. Il sait comme personne cadrer
ses acteurs pour mettre en valeur une situation ou une émotion. Ses
regards face caméra sont toujours édifiants, si celui qui conclu
memories of murder, est un cas d'école, il y en a plusieurs de même niveau dans ce film. Dont celui que vous pouvez apercevoir dans la
bande annonce avec une coiffe d'indien qui est au moins aussi
important que celui que je citais précédemment. Ces plans sont de
vrais vecteurs de communication avec le spectateur. Mais je trouve
que dans ce film, ces plans deviennent un marqueur de ce que
ressentent les personnages, voire même du déroulé le film.
L'histoire,
le scénario se déroule en deux temps. Celui de l'arnaque et du jeu
de dupes dont je vous parlais tout à l'heure. C'est une mécanique
bien huilée qui finit par être trop ronronnante à mon goût et perd
de son coté drôle et flirte avec l'ennui. Ensuite un crescendo qui
mène a des positions difficiles à tenir. Et là encore il y a des
moments ou le scénario est un peu trop faciles qui là encore font
perdre de la force à cette histoire.
Et
entre ces deux partie, la transition, un arc improbable. S'y
succèdent différentes sortes d'humour, autour de situations absurdes
presque grand guignolesques, qui le plus souvent sont improbables ,
et qui ont du mal à faire vibrer la corde sensible. Rajoutez à cela
un twist que l'on voit arriver depuis vingt minutes, comme on voit
arriver la pluie en regardant les nuages, qui vient éclipser une
révélation que nous français qui connaissons si peu et si mal
l'histoire coréenne nous n'aurions jamais pu imaginé. C'est
rageant! Tout cela édulcore beaucoup ce film qui est si riche et
brasse une quantité de thèmes forts qui signent un portrait
intransigeant du monde ou nos vivons.
Commençons
par le plus simple, le plus visible car il est mis en exergue par le
titre, les parasites.
Et
dans cet espèce de cercle vicieux que dessine Bong Joon-ho, on ne
sait pas bien qui est désigné par ce mot. Car à l'instar de
l'expression française ou chacun serait le con de l'autre, ici
chacun est le parasite de l'autre. De l'insecte qui squatte les
appartements, à la personne ayant le meilleur revenu. On est chacun
à notre manière des parasites. Car si la classe la plus aisée est
la plus brocardée, chacun en prend pour son grade. Ici la réussite
est revendiquée comme une volonté, et le dédain s'étale à tous
les niveaux. Les discours nauséabond sur l'odeur m'a fait frissonner de rage. Probablement car je suis assez vieille pour avoir
entendu un
président français parler du bruit et de l'odeur. Ce qui prolonge
ce sentiment d’être encerclé par la bêtise. Ou que l'on soit les mêmes mots méprisants. Le scénario met en scène aussi la
condescendance qui est le nerf de la guerre de ces comportements.
Alors oui il y a de l'humour pour faire passer tout cela. Mais
j'avoue que ça ne m'a pas facilité le visionnage.
Il y
a aussi une mise en image de l'instabilité professionnelle dans
laquelle évolue une partie de la population. Les employés sont
virés sans trop savoir pourquoi. Les raisons qu'on leur donne, ne
sont jamais ce qu'on leur reproche réellement. Rajouter à cela une
épée de Damoclès qui flottent au dessus de la tète de certains
d'entre eux. La peur de dépasser une ligne blanche métaphorique,
que personne ne sait vraiment situer ni ce qu'elle peut bien
représenter. Ces comportements se déroulent et s'amplifient au fil
du film. Les plus petits employés, seront de moins en moins bien
traités.
Le
discours sur la famille est aussi déprimant. Les deux étant dysfonctionnelles. Les portraits sont au vitriol. Les enfants entraînés comme des bêtes de concours, pour être exceptionnels.
Des
grands enfants qui portent les parents. Le petit garçon turbulent qui se calme lorsqu'on s'occupe de lui. L'ado qui met tous ses profs
particuliers dans son lit. Ils sont tous très intelligents et traînent dans leurs sillages, leurs parents perdus et aimants, et
comme un boulet les névroses parentales et leurs inadaptation à la
société où ils évoluent, une impossibilité à voir les autres.
Tout ça prend tout son sens dans la scène de fin du film. Où l'individualisme empêche chacun des personnages d'appréhender les
autres. Et au milieu d'une garden party, et gens brillants et
joliment habillés, une goutte d'eau fait craquer violemment le
vernis. Symbole de l'individualisme qui rythme le monde.
Je
terminerai par l'exploitation de la communication. Car ici on
communique par tous les biais, et tout le temps. Le coréen est la
langue du film, mais il est ponctué par des touches d'anglais. "Very
funny!" Bien sur on se parle, mais on se téléphone aussi, on envoie
des sms, on prie le dieu wifi et what's app son disciple, on échange
par talkie-walkie, on s'écrit et on utilise aussi le morse. Mais les
personnages ne se livrent
vraiment que lorsqu'ils ne sont pas sure d’être entendus. Tous ces moyens leur permettent de communiquer sans jamais se rencontrer ou s’intéresser à l'autre. Quel drôle de monde.
vraiment que lorsqu'ils ne sont pas sure d’être entendus. Tous ces moyens leur permettent de communiquer sans jamais se rencontrer ou s’intéresser à l'autre. Quel drôle de monde.
J'ai
apprécié comment sont peints les portraits de femmes. Elles sont
fortes, portent sur leurs épaules le récit, leur familles, les
aspirations des autres.
La révélation de ce film est Park So-dam.
Elle incarne à la fois la détermination et une certaine élégance,
mais aussi une fraîcheur et une douceur incroyable. Elle est
charismatique en diable.
Choi
woo-shik est le fil conducteur. Il est très intéressant, même si son
jeu se perd un peu dans cette histoire. Il est très attachant et
c'est un plaisir de le voir évoluer. Song kang-ho est l'acteur
fétiche de Bong Joon Ho, et il est tellement expressif! Son jeu on
l'aime ou on ne l'aime pas. Il est marqué par ses mimiques et ses
expressions. Moi je suis cliente. Mais je comprends que d'autres le
soient moins.
Ce
film ne m'a pas autant séduit que je l'espérais. Mais il est
tellement riche, il foisonne de critique et assume une vision dure de
la société. On ne peut que le recevoir de manière bienveillante.
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