2010 - 20192018AsieCritiqueHirokazu Kore-edaKairi JyoKirin KikiLily FrankyMayu MatsuokaMiyu SasakiSakura Ando
Une Affaire de Famille
UNE AFFAIRE DE
FAMILLE
de Hirokazu Kore-Eda
Un film de Kore-eda est toujours un cadeau, une esthétique qui
lui est toute particulière et une histoire qui viendra vous
percuter.
Ce
film s'ouvre sur une scène ou un enfant et un adulte se croisent
dans un magasin. Le petit garçon remplissant un sac à dos de
nourriture. Ils sortent chacun leur tour sans payer, et partent
ensemble. Lors de leur retour chez eux, ils croisent une petite fille
de trois quatre ans, enfermée sur un balcon alors qu'il est tard.
Elle n'est vêtue que d'un pyjama et il fait froid. L'homme lui
donne à manger et décide de la ramener chez lui pendant quelques
heures, jusqu'au retour de ses parents.
Avec
ce film Kore-eda revient à l'essentiel de ce qui fait son cinéma.
Il
réutilise une lumière naturelle, qu'il avait un peu délaissé dans
son précédent film. De la même manière il revient aux plans qu'il
affectionne. Ils semblent simples au premier regard. Mais sont intelligemment composés, ils fourmillent de détails qui nous
immerge dans ce récit, dans cette famille. Ici c'est cette petite
maison surchargée d'habitants et aussi d'objets hétéroclites, et
si vous avez vécu dans un appartement bien trop petit pour vous,
vous vous y reconnaîtrait immédiatement.
Comme
souvent dans ses films, il fait revenir des acteurs avec lesquels il
a déjà travaillé.
Si
ici vous retrouverez le caméo d'une des actrice de MON film de Kore-eda préféré, "Notre petite sœur"; c'est surtout Lily Franky et
Kirin Kiki qui reviennent en force. Le premier que l'on avait vu dans "Tel père tel fils", reprend le rôle du père aimant et exubérant dans un contexte totalement différent. Ici l'ambivalence de la
situation, donne à cette facette un écho quasi dramatique. Kirin
Kiki a joué dans plusieurs pour ne pas dire de nombreux films de ce
cinéaste. Ici il lui offre pour son ultime rôle, une dernière
scène qui me fait monter les larmes aux yeux rien qu'à y penser. Un
adieu aux armes bouleversant, alors que dans ce film comme souvent
elle est lumineuse et pleine de bienveillance avec un petit coté
canaille fascinant.
Comme
toujours les enfants chez Kore-eda sont éblouissants de talent. Le
jeune Kairi Jyo n'est pas sans nous rappeler le jeune héros de "Nobody Knows". Chacun de ses regards nous amène une émotion, il
drive ce film avec délicatesse et force.
La
dose de mignonnerie s'appelle Miyu Sasaki, petite poupée
bouleversante. Elle a su me déstabiliser tout au long du film.
Sakura
Ando est magique. Je ne crois pas avoir déjà vu un film avec elle.
Elle donne une leçon d'acting impressionnante et ça impacte même sa
beauté physique.
Pour
finir je citerai Mayu Matsuoka qui est plus discrète que les autres
mais dans un rôle tout aussi important.
On
retrouve aussi ce qui fait le charme de Hirokazu Kore-eda en tant
que scénariste. Une fluidité du récit, un sens du rythme aiguë,
des petites phrases qui réveil un sentiment chez celui qui le
regarde, qui nous font éclater de rire ou fondre en larmes.
Arrive
le moment le plus compliqué pour moi qui est de parler du film en
lui même.
Ce
film traite de ce qu'est la famille, celle que l'on choisit en
opposition avec celle que l'on hérite. Ce film parle comme souvent
de la place des enfants dans la société japonaise.
Ce
film parle aussi des maisons, voire des foyer. De la maison idéale, une petite ancienne ou il fait bon se retrouver et de ses nouvelles
habitations qui se ressemblent toutes.
Toute
cela dans une histoire qui se découpe en deux phases, une
bienveillante presque hors du temps et de la réalité; et une autre
qui nous cloue violemment au sol.
Nous
avons eu deux perceptions très différentes de la fin de ce film le
Key maker de ce blog et moi. Je ne vous dirai donc pas si il est une
ode optimiste à la famille car je crois que chacun donnera sa
réponse en fonction de son vécu. Et c'est surement la preuve du
grand talent du réalisateur.
Ce
long métrage vient juste derrière "Nobody Knows" et ex-aequo avec "Air
Doll" dans la liste des films de ce réalisateur qui m'ont laissée
chancelante. Il m'a profondément secouée presque autant par ce
qu'il montrait que par ses silences.
Rajouté
à cela que c'est le dernier film de Kirin Kiki et sachez que je suis
sortie de cette salle de cinéma sonnée comme un boxeur, et qu'il
m'a fallu quatre ou cinq débuts d'articles avant de réussir à
écrire celui-ci.
Alors
lorsque vous verrez ce film, faites attention dans certains cas il
peut être considéré comme de la dynamite émotionnelle.
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