2000 - 20092006Arata FurataAsieCritiqueHirokazu Kore-edaJun KunimuraJunichi OkadaRie MiyazawaTadanobu Asano
Hana
Hormis « Une Affaire de Famille » qui sort au mois de décembre, ils ne nous restent à Cécile et moi que deux films à découvrir de Hirokazu Kore-eda, « Maborosi » et « Tel Père, Tel Fils ». Au milieu de cette filmographie qui ne compte pour moi, aucun faux pas, un film qui dénote par rapport à ce qu'il a l'habitude de faire, il s'agit de « Hana yori mo naho », un film d'époque, un jidai-geki dans la plus pure tradition japonaise. Un film sur un samouraï réticent, si je me fie au titre anglais, ou l'on fréquente « les Bas-Fond » de Akira Kurosawa et les samouraïs de la « Vendetta d'Ako », les 47 ronins.
« A
young and inexperienced samurai, Aoki Sozaemon, has come
from Matsumoto to Edo. Living in a slum, he waits to
locate and take revenge against his father's killer, to restore honor
to his clan's name. However, his impoverished, revenge-driven life
takes a negative toll on him, as does his discovery that his intended
victim, another low-status samurai, has a wife and young children.
Eventually, Soza must decide: to kill, or not kill? »
Des
différents films de Hirokazu Kore-eda, j'admets qu'il ne fait pas
partie de mes préférés, mais comme à chaque fois, malgré tout
j'ai été bluffé (Doux paradoxe) ! Par ce mélange si doux
entre l’âpreté du quotidien dépeint, les situations banales
qui s'y passent, la vie de ce samouraï et la grande histoire
qui se joue en fond. Bref c'est un jidai-geki à la « Kore-eda »,
avec une histoire de samouraï, de vengeance et de rédemption, mais
avec la simplicité qui le caractérise et qui rendent ces films si
sympathique.
Comme pour l'intégralité de ces films (hormis Maborosi), c'est Hirokazu Kore-eda qui écrit le scénario. Il se concentre sur l'histoire de Aoki Sozaemon, qui part à Edo, identifier le meurtrier de son père afin de le venger, comme se devoir de samouraï lui dicte. Mais une fois sur place, il s'installe dans les bas fonds de la ville et commence à mener une vie « presque » paisible, loin de toutes la pression que son clan lui fait subir. Un quotidien qui change tout pour notre personnage, car il fait l’expérience d'un calme et d'une quiétude auxquels il n'a jamais été confronté. Un monde sans haine (ou presque), sans contrainte et surtout loin de toutes traditions, comme celle de venger la mort de son père. Un dilemme que c'était déjà fait avant lui, des cinéastes comme Akira Kurosawa ou Masaki Kobayashi, ou le poids des traditions devenaient un fardeau, le symbole d'un monde devenu injuste.
C'est
aussi une ode à la simplicité, aux gens que l'on ne voit pas (ou
qui ne seraient rien dans notre monde moderne). Des « sans
voix » qui ont évidemment une voix qui porte, bien plus
qu'ils ne l'imaginent. Le réalisateur nous entraîne à leurs
cotés, en partageant un bout de vie, un moment dehors ou une
représentation de théâtre. Des instants de vies traversés par des
sourires, de la bonne humeur et une solidarité sans faille malgré
les problèmes du quotidien. Faisant de ces personnages, des
personnages purement « Kore-edaien », généreux,
rayonnant, solidaire et simple.
La réalisation est quant à
elle, extrêmement solide ! Si j'émets un bémol sur la
longueur du film et son rythme, Hirokazu Kore-eda n'a pas son pareil
pour capter avec aisance l'apparente simplicité du quotidien. Les
différents interprètes sont souvent cadrés au niveau du buste dès
qu'il s'agit de dialogue, ou dans son ensemble, lors de scènes à
plusieurs, où l'on apprécie la composition des plans du réalisateur,
donnant ainsi de la dynamique à des scènes qui en semblaient
dépourvus. A cela on peut ajouter l'impeccable tenue des décors,
qui rend tangible les bas fonds d'Edo, tout comme les costumes que
l'on doit à Kazuko Kurosawa, qui fait une nouvelle fois des
merveilles. Et un film de Kore-eda ne serait pas un film de Kore-eda,
sans une musique bien travaillée, qui ici sonne comme un appel à
l'aventure, à briser les codes et à avancer vers l'inconnu, une
bande originale entêtante que l'on doit à ****** !
Et
le casting se révèle être à la hauteur du film ! Junichi
Okada joue Aoki Sozaemon aka Soza. Un samouraï avide de
vengeance, du moins en apparence, car il n'en est rien et c'est
exactement ce qu'il transmet ! Un homme peu sûr de lui, en
proie au doute, qui découvre peu à peu une vie qui lui convient.
Une performance attachante et de qualité. Rie Miyazawa qui joue Osae
est une actrice infiniment talentueuse ou sa finesse de jeu n'a
d'égal que son extrême sensibilité. Et avec Junichi Okada ils
forment un duo complémentaire, qui porte le film avec grâce pendant
près de deux heures. On trouve aussi Tadanobu Asano, Arata Furuta ou
encore Jun Kunimura qui complète ce casting fort talentueux.
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