1990 - 19991993Alex WiesendangerBernardo BertolucciBridget FondaChris IsaakCritiqueJo ChampaKeanu ReevesRaju LalRuocheng YingSogyal Rinpoche
Little Buddha
LITTLE BUDDHA
de Bernardo
Bertolucci
Les
souvenirs des films sont trompeurs, et j'ai souvent peur de revoir
ceux que j'ai aimé jeune adulte ou adolescente. Certains survivent
mal à mon évolution, et je me trouve encore plus difficile depuis
que j'écris sur ce blog. J'avais gardé un souvenir ému de celui-ci
et j'avais peur de le revoir. Mais le maître des clés de ce blog,
ne l'avait pas vu. Alors on s'est laissé tenté, et j'avoue que la
magie a refait son travail. Différemment de la première fois mais
elle était toujours là.
Alors
qu'il partage son enseignement avec ses jeunes élèves dans un
temple au Bhoutan, Lama Norbu apprend que l'on pense avoir trouvé la
réincarnation de son maître le Lama Dorje à Seattle. Il s'embarque
avec un jeune moine et rejoint un monastère américain et un moine
qui a établi le contacte avec la maman de l'enfant. Il se présente
dans la magnifique et majestueuse maison dessinée par le père de
famille architecte en vogue. Ils se présentent et expliquent aux
parents pourquoi ils sont là. Parents qui ne savent pas trop quoi en
penser. En partant ils offrent au petitou, Jesse, l'histoire de
Siddhartha et de comment il devint Bouddha? A partir de ce moment le
film nous raconte le cheminement de Siddhartha et suit Jesse et ses
parents pendant la recherche de la réincarnation de Lama Dorje.
Ce
film est malin. Je me souviens que la première fois que je l'ai vu
je ne connaissais que peu de choses au Bouddhisme et pourtant j'ai
toujours été en mesure de comprendre
l'histoire. Chaque moment du film est expliqué avec
délicatesse et sans jamais être lourd. Lorsque l'on commence, le
Lama Norbu explique aux enfants le principe de la réincarnation. Et
si c'est une notion familière, on en découvre son origine.
Mais plus encore ici c'est la pierre angulaire du scénario. Jesse
est-il ou pas la réincarnation de lama Dorje? Et lorsque les moines
expliquent pourquoi ils sont là à ses parents, nous les spectateurs y
trouvons de la cohérence. Ce qui n'aurait probablement pas été le
cas sans la scène qui précède ce passage.
Ce
film est beau, mais l'image n'est pas qu'une belle photographie. Elle
habille d'un bleu froid tout ce qui se passe à Seattle. Un bleu
froid et sombre. Et de couleurs chaudes orange et jaunes tout ce qui
touche à l'histoire de Siddhartha. Ce jaune chaud et lumineux. Ces
moments s'alternent dans une partition parfaitement équilibrée.
Cette succession forme un tableau splendide et complexe, à l'image
de ceux des mandalas. Il y a cependant des limites à cet exercice,
car si on est attaché au petit Jesse, tous les passages avec ce
filtre bleu deviennent rapidement moins intéressants, on développe
moins d’empathie avec ces personnages et il nous reste que les
actions qui se passent au Bouthan et ceux de la vie de Siddhartha.
Arrêtons
nous cinq minutes sur la manière de filmer Siddhartha. Si lorsque
vous cherchez des images sur ce film la majorité des occurrences
sont des images de ce personnage, ce n'est pas anodin. Ce
sont les moments les plus éclatants, lumineux de ce long
métrage. Tout ça est du à son traitement. La lumière a son
importance, à la fois chaude et éclatante, elle inonde ce film et
contraste violemment avec les filtres bleus. les décors et tout ce
qui l’entoure, quelques soit le moment du récit sont étudiés
pour souligner sa stature et son aura exceptionnelle. L'une des scène
avec un cobra alors que lui est totalement immobile
en est le plus parfait exemple. Ensuite les choix sur les costumes
ont leur importance. Lorsqu'il est un prince ce sont des étoffes et
des parures de bijoux sublimes. Les tissus sont riches en couleurs
toutes plus chaudes les unes que les autres et l'or scintille autour
de son cou, dans ses cheveux, et a ses poignets.. quand il est un
ascète cachectique c'est le choix de sa coiffure qui lui donne une
allure et son maintien extraordinaire. Quant à la dernière partie,
de sa tenue à son visage tout est lumineux. Siddhartha est
interprété par un Keanu Reeves, assez méconnaissable, maigre à
l’extrême et aux cheveux longs et bouclés. Sa prestation est
unique dans sa carrière. Et il joue dans la douceur pendant tout le
film, son charisme et son talent le rende pleinement crédible en
tant que divinité en devenir
Ce
film, en nous plaçant dans les pas de Jesse, nous raconte son
histoire; et nous initie aux rudiments du bouddhisme, sans aucun
prosélytisme. Et cette notion d'éducation et de transmission est
importante ici. La maman est professeur de mathématique, et coincée
dans quelque chose d'assez rigide; le moine qui découvre Jesse est
professeur de mathématique et d'astronomie car dans cette
philosophie l'un ne va pas sans l'autre, les lamas enseignent à des
jeunes moines tous assis en tailleur dans une petite pièce. Cette
notion de partage est partout, c'est l'image de Lama Norbu qui
raconte l'histoire à Jesse. Et ce n'est pas étonnant car c'est
Siddhartha qui après être devenu l’éveillé propagera
l'enseignent bouddhiste.
La
fin se déroule au Bhoutan. Partie du film qui n'a pas besoin de
filtres, et s'habille des couleurs magnifiques de Katmandou. Et un
parallèle se fait entre l'architecture de Bodnath qui allie l'eau
l'air le feu, et le building gigantesque qu'a construit Dean avec son
associé et qui ne trouve personne pour vouloir y habiter. Et
apparaît le delta entre les deux sociétés, et l'importance de
trouver un point d'équilibre, de trouver sa voie du milieu. Cette
partie avec un Dean transformé est l'occasion d'aborder différents
thème avec douceur bienveillance et légèreté tel que la mort, la
volatilité des choses, et l'aptitude que tout un chacun a à
évoluer.
Si
je vous ai déjà parlé de l'interprétation de Keanu Reeves, le
reste du casting est aussi attachant Chris Isaak est le papa de
Jesse, le filtre bleu est juste parfaitement de la couleur de ses
yeux. Il se départi assez peu de l'expression de visage qui lui est
si caractéristique (mi pensive- mi chien battu). Mais il tient bien
son rôle, et est crédible. Jesse prend les trais d' alex
wiesendanger, une bouille à bisous ce petit, le lama Norbu est
interprété par Ruocheng Ying qui est terriblement attachant.
Ce
film est riche et beau.il y a une volonté de partage qui fait du
bien. J'aime l'idée que touchés par le projet des lamas aient joué
dans ce film. Je le regarderai encore dans quelques mois car je sais
que je n'ai sûrement pas tout appréhender. Il est autant un voyage
qu'une expérience.
1 commentaires
Ça me fait plaisir de lire ce petit éloge à ce film, pour lequel je garde aussi un souvenir assez joli, et que je risque de considerer avec le même bienveillance si j'ai l'occasion d'y rejeter un œil. Il faut mentionner le score absolument sublime de Sakamoto.
RépondreSupprimerE.