2010 - 20192017AsieCritiqueHaruna KawaguchiHidetoshi NishijimaKiyoshi KurosawaTeruyuki KagawaYuko Takeuchi
Creepy
Un ex-détective devenu professeur en criminologie s’installe avec son épouse dans un nouveau quartier, à la recherche d’une vie tranquille. Alors qu’on lui demande de participer à une enquête à propos de disparitions, sa femme fait la connaissance de leurs étranges voisins.Creepy – 14 Juin 2017 – Réalisé par Kiyoshi Kurosawa
Découvrir un cinéaste, cela tient souvent à un rien! C'est ce qu'il m'est arrivé il y a cinq mois, lorsque j'ai eu la chance de voir avec Cécile une dizaine de films en peu de temps du réalisateur Kiyoshi Kurosawa et depuis, il fait clairement parti de ces artistes que j'apprécie énormément. Notamment pour ce mélange subtil entre l'ordinaire le plus banal et le fantastique, un cocktail qu'il maîtrise à merveille. Parmi ses films, des thrillers étranges, comme Cure, Charisma ou encore Retribution et désormais « Creepy » ! Une plongée dans cette énigme aussi stressante que passionnante, « le Voisin » !
Suite à un excès de zèle, l'inspecteur Takakura démissionne et devient professeur en criminologie. Pour tourner la page d'une vie passée auprès des pires criminels, il déménage avec sa femme dans une nouvelle maison, située dans un quartier calme de la ville. Très attentionné et prévenante, Yasuko décide pour faire connaissance avec ses nouveaux voisins, de prendre des chocolats pour leur offrir ! Hélas l'accueil est assez glacial, la première voisine ne leur porte guère d'attention, quant au second, il ne daigne même pas sortir de chez lui. Malgré tout, la vie se met en place, Takakura continue de donner ses cours, pendant que Yasuko s'approprie leur domicile, mais peu à peu tout va dérailler, a cause de intriguant Nishino, un voisin timide, craintif, peu bavard et terriblement envahissant.
Si j'occulte les conditions de visionnages particulièrement désagréable (Canicule, salle bondée et pas de climatisation), mon premier Kiyoshi Kurosawa au cinéma fut vraiment un bon moment. Un thriller de qualité sur un sujet qui ne l'est pas moins, le voisin ! Une figure sujette à fantasme, une personne qui peut être un repère, un ami ou encore le pire de vos cauchemars. Le réalisateur s'empare de ce sujet pour le transposer dans son univers, ou le quotidien se confronte au mal le plus ordinaire.
Kiyoshi Kurosawa scénarise avec Chihiro Ikeda, l'adaptation de « Creepy », un roman de l'auteur japonais Yutaka Maekawa. L'histoire ce concentre principalement sur la vie de Takakura qui se dérègle inéluctablement ! Son métier d'inspecteur qui lui échappe, son ménage qui ne va pas bien et l'irruption dans son quotidien d'un voisin des plus dérangeant. Sur bien des points Takakura rejoint l'inspecteur Takabe de « Cure » ou encore celui de « Charisma » l'inspecteur Yabuike, ou tous les trois après avoir perdu le contrôle de leurs univers, devront apprendre à se remettre en question et a devenir plus humble, pour éviter à l'avenir les mêmes déconvenues.
Une humilité que l'on peut mettre en corrélation avec l'autre thème majeur du film, a savoir que le mal n'a rien d'extraordinaire et qu'il ne se limite pas au grande métropole, trop souvent le symbole facile de la déchéance. Et ce n'est pas anodin de s'attaquer a la figure du voisin !Tout le monde a déjà vécu avec des voisins, que ça soit dans une maison, ou dans un appartement, c'est la personne qui fait partie de notre quotidien et de notre entourage sans qu'on lui prête forcément attention. Une personne sur qui ont peut compter, qui peut devenir un ami, voir un proche ou que sais je encore, mais comme je l'ai déjà vécu cela peut aussi devenir la pire des choses ! Une personne qui peut s'immiscer peu à peu dans votre vie, qui peut manipuler votre entourage, ou vous salir auprès de personnes qui ne vous connaissent pas. Le « voisin » dans les mains de Kiyoshi Kurosawa devient un vampire, un être froid et désincarné qui vient littéralement aspirer l'humanité de ses personnages.
La réalisation est quant à elle totalement fonctionnelle et en adéquation avec ce que K.Kurosawa à l'habitude de montrer ! D'une manière différente, il amène cet effet d'immensité que l'on pouvait ressentir face aux villes de ces précédentes œuvres, vers quelques choses de plus intimes et plus petits, en transformant les intérieurs de chaque maisons en des étranges labyrinthes anxiogènes et cauchemardesques. Des ensembles cohérents et complexes comme l'est la psyché humaine, avec ces zones de lumières et d'ombres; du salon cossu de la maison de Takakura, au couloir sombre des sous sols de la maison de l'antagoniste, le travail sur les décors est impressionnant et bien pensé, ce qui donne une ambiance cauchemardesque ! De plus la partition de Yuri Habuka rajoute aisément au stress que génère l'histoire, ce sentiment si particulier d'inconfort constant, à cheval entre le décorum rassurant d'un quartier paisible et ce qu'il se passe des qu'on ouvre l'une des portes des maisons présentes, un contraste sur lequel Kiyoshi Kurosawa joue pour nous tenir en haleine et ne jamais nous laisser redescendre. Bémol toutes fois pour moi, avec une fin qui s'éternise beaucoup trop et qui laisse retomber la tension comme un soufflet !
Le casting du film est vraiment pas mal ! Commençons avec Teruyuki Kagawa qui joue Nishino l'antagoniste de cette histoire. Cet acteur m'a bluffé du début à la fin de par son talent à incarné toutes les facettes de son personnage, avec une candeur aussi froide que désincarné. Il est à la fois naif, craintif et affable tout comme il est aussi manipulateur, froid et capricieux, une palette large d'émotions que l'acteur nous transmet avec talent, parfois cachés par son sourire carnassier. Hidetoshi Nishijima joue l'ex inspecteur Takakura, une personne forte qui a confiance en elle, un peu trop d'ailleurs et c'est la que sa performance va se jouer, en laissant transparaître sa fragilité et ses doutes, ce qu'il réussit ! Avant de reprendre le contrôle à la fin, après avoir tant subit ! Puis on trouve Yuko Takeuchi dans le rôle de Yasuko, une épouse peu à peu délaissée et cible facile de notre antagoniste, un rôle pas facile que l'actrice s'approprie et bonifie avec talent; tout comme celui de Haruna Kawaguchi, jeune lycéen mystérieuse sous l'emprise de Nishino …
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