The Bad Batch

by - juillet 21, 2017


THE BAD BATCH
d'Ana Lily Amirpour

En français on pourrait traduire the bad batch, par la mauvaise graine, et c'est le seul bagage dont on a besoin pour commencer ce film.

Dans une période futur les personnes que l'on aurait mis en prison sont conduites à la frontière du Texas, ou un immense grillage sépare le désert d'un coté les usa et leur législation, de l'autre une zone de non droit. Ils ne sont pas des prisonniers ils sont des « bad batch ». C'est à ce moment de sa vie que l'on rencontre Arlen, toute pépette avec jupe pastèque, sac à dos avec écussons et smiley, porte feuille vans avec photo de son ex et un petit air de jeune femme énervée.

Ce film que l'on a eu envie de voir en partie pour son casting est l'un des plus wtf que j'ai eu l'occasion de visionner ces dernières années. Il est extrêmement ambitieux (autant dans la forme que sur le fond). Il est également totalement hors sol tout en restant en prise avec la société ou nous évoluons.
Son esthétisme est à l'image de son héroïne. Il est très beau. La manière de filmer le désert, de créer des villes ou des campements. Tout cela en mélangeant les styles. Il y a un petit coté stealpunk dans la prothèse de jambe, de l'onirisme dans sa manière de filmer la nuit... Mais il est amputé de choses qui nous semblent nécessaires pour garder un certain équilibre. Très rapidement on s’aperçoit que même les interdits que l'on pensait de base sont transgressés.
Ce qui marque dans un premier temps ce qu'il reste c'est le silence. Il n'y a pas un seul dialogue pendant les vingt premières minutes. Et quand les conversations commencent c'est souvent ces mots que l'on échange pour ne rien dire. Arlen commence à communiquer réellement que vers la moitié du film. Et c'est judicieux comme ça on est confronté au film, à sa brutalité (les scènes de cannibalisme et ce qui va autour, le grincement de la carriole de l'hermite, ou le bruissement de comfort). Le spectateur prend tout de plein fouet, et doit deviner et déduire.

Quant à la musique elle est réconfortante et surgit de notre passé au moment des scènes d’anthropophagie et elle prend des rythmes électroniques quand ce sont les habitants qui font la fête et s'amusent.
L'histoire est bien menée, et rythmée. Il n'y a pas de temps morts, elle rebondit et évolue à chaque étape. Le scénario sait laisser rouler l'histoire et la parsemer de moments de tensions extrêmes, de cruauté, et de douceurs quasi irréelles. Il n'y a pas un moment ou l'on est complètement serein. Et pour parler des deux personnages principaux, la réalisatrice utilise des images dans l'image. Les tatouages de Miami man et d'arlen racontent leurs histoires. Pour elle sont premier et grand amour qu'elle cache sous ses cheveux, les cerises sur sa poitrine, suicide qui est gravée sur son bras, puis le dernier, le numéro qu'on lui a tatoué avant d'arriver; tant de choses dont elle peut parler. Ceux de l'homme commencent à s'effacer, comme cuba dans son cou, et les autres qu'on a du mal à décrypter. Seul celui qui barre son torse est visible et il est devenu son identité. Alors qu'il est taiseux, il communique majoritairement par ses dessins. Et les plus beaux sont les portraits qu'il fait de sa fille.
Le casting est délicieux. Jason momoa est un miami man très efficace. Il a une présence animale inquiétante et fascinante à la fois.
Suki Waterhouse et bien dans son rôle, lumineuse, mais pas toujours à la hauteur de son personnage. Cependant ça ne gène pas le film. La réalisation arrive à palier à ses faiblesses et à s'en servir.
Puis il y a une myriade de second rôles prestigieux. Keanu Reeves en dreamer. Il est à contre emploi et pourtant à chaque fois qu'il est présent à l'écran ça fonctionne. Il est à la fois inquiétant et magnétique, malgré des tenues disgracieuses. On pourra noter la présence de Jim Carrey et un caméo de Diégo Luna.

Ce film est riche de sens. Il formalise les dires de certains. Éliminer de la société ceux qui ne se fondraient pas dans le moule (délinquants, sans papiers...), créer une séparation entre le Texas et le Mexique, une zone de non droit. Et il pousse l'exercice au bout de lui même. Mais l'histoire met à mal cette dystopie (société imaginaire qui s'organise de manière à ce que ses membres ne soient jamais heureux). Les gens arrivent à être heureux. Le rêveur en re créant une société proche de celle qui les a mis à l'annexe «comfort». Donnant un certain confort de vie aux habitants de sa cité. Créant un but «chercher le rêve», provoquant des moments de joies par la musique et des drogues, beaucoup de drogues; puis en prônant des notions de transmissions, et de protections.

Ou ceux qui se mettent en marge,tel que l’Hermite ou miami man qui refusent ces concepts et fonctionnent à leurs manières, cruellement parfois mais en y trouvant un certain bonheur.
Lesquels des deux sont les plus bad batch. Ceux qui recréent une société tout confort alors qu'ils sont condamnés à ne plus vivre comme cela. Ou ceux qui ne vivent pas dans cette société car ils s'y sentent mal. Le film ne le dit pas, à vous de voir.
Je finirai juste en relevant la critique sévère des états unis, du rêve américain et de la manière dont sont traités les laissés pour compte dont se fait l'écho ce film

Ce film est une surprise. Une surprise qui a la forme d'une grande baffe!soit on l'aimera soit on le détestera. Moi j'ai aimé





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