2010 - 20192017Ana Lily AmirpourCritiqueDiego LunaGiovanni RibisiJason MomoaJim CarreyKeanu ReevesSuki Waterhouse
The Bad Batch
d'Ana
Lily Amirpour
En
français on pourrait traduire the bad batch, par la mauvaise graine,
et c'est le seul bagage dont on a besoin pour commencer ce film.
Dans
une période futur les personnes que l'on aurait mis en prison sont
conduites à la frontière du Texas, ou un immense grillage sépare
le désert d'un coté les usa et leur législation, de l'autre une
zone de non droit. Ils ne sont pas des prisonniers ils sont des « bad
batch ». C'est à ce
moment de sa vie que l'on rencontre Arlen, toute pépette avec jupe
pastèque, sac à dos avec écussons et smiley, porte feuille vans
avec photo de son ex et un petit air de jeune femme énervée.
Ce film que l'on a eu envie de voir en partie pour son casting est l'un des plus wtf que j'ai eu l'occasion de visionner ces dernières années. Il est extrêmement ambitieux (autant dans la forme que sur le fond). Il est également totalement hors sol tout en restant en prise avec la société ou nous évoluons.
Ce film que l'on a eu envie de voir en partie pour son casting est l'un des plus wtf que j'ai eu l'occasion de visionner ces dernières années. Il est extrêmement ambitieux (autant dans la forme que sur le fond). Il est également totalement hors sol tout en restant en prise avec la société ou nous évoluons.
Son
esthétisme est à l'image de son héroïne. Il est très beau.
La manière de filmer le désert, de créer des villes ou des
campements. Tout cela en mélangeant les styles. Il y a un petit coté
stealpunk dans la prothèse de jambe, de l'onirisme dans sa manière
de filmer la nuit... Mais il est amputé de choses qui nous semblent
nécessaires pour garder un certain équilibre. Très rapidement on
s’aperçoit que même les interdits que l'on pensait de base sont
transgressés.
Ce
qui marque dans un premier temps ce qu'il reste c'est le
silence. Il n'y a pas un seul
dialogue pendant les vingt premières minutes. Et quand les
conversations commencent c'est souvent ces mots que l'on échange
pour ne rien dire. Arlen commence à communiquer réellement que
vers la moitié du film. Et c'est judicieux comme ça on est
confronté au film, à sa brutalité (les scènes de cannibalisme et
ce qui va autour, le grincement de la carriole de l'hermite, ou le
bruissement de comfort). Le spectateur prend tout de plein fouet, et
doit deviner et déduire.
Quant
à la musique elle est réconfortante et surgit de notre passé au
moment des scènes d’anthropophagie et elle prend des rythmes
électroniques quand ce sont les habitants qui font la fête et
s'amusent.
L'histoire
est bien menée, et rythmée. Il n'y a pas de temps morts, elle
rebondit et évolue à chaque étape. Le scénario sait
laisser rouler l'histoire et la parsemer de moments de tensions
extrêmes, de cruauté, et de
douceurs quasi irréelles. Il n'y a pas un moment ou l'on est
complètement serein. Et pour parler des deux personnages principaux,
la réalisatrice utilise des images dans l'image. Les tatouages de
Miami man et d'arlen racontent leurs histoires. Pour elle sont
premier et grand amour qu'elle cache sous ses cheveux, les cerises
sur sa poitrine, suicide qui est gravée sur son bras, puis le
dernier, le numéro qu'on lui a tatoué avant d'arriver; tant de
choses dont elle peut parler. Ceux de l'homme commencent à
s'effacer, comme cuba dans son cou, et les autres qu'on a du mal à
décrypter. Seul celui qui barre son torse est visible et il est
devenu son identité. Alors qu'il est taiseux, il communique
majoritairement par ses dessins. Et les plus beaux sont les portraits
qu'il fait de sa fille.
Le
casting est délicieux. Jason
momoa est un miami man très efficace. Il a une présence animale
inquiétante et fascinante à la fois.
Suki
Waterhouse et bien dans son rôle, lumineuse, mais pas toujours à la
hauteur de son personnage. Cependant ça ne gène pas le film. La
réalisation arrive à palier à ses faiblesses et à s'en servir.
Puis
il y a une myriade de second rôles prestigieux. Keanu Reeves en
dreamer. Il est à contre emploi et pourtant à chaque fois qu'il
est présent à l'écran ça fonctionne. Il est à la fois inquiétant
et magnétique, malgré des tenues disgracieuses. On pourra noter la
présence de Jim Carrey et un caméo de Diégo Luna.
Ce film
est riche de sens. Il formalise
les dires de certains. Éliminer de la société ceux qui ne se
fondraient pas dans le moule (délinquants, sans papiers...), créer
une séparation entre le Texas et le Mexique, une zone de non droit.
Et il pousse l'exercice au bout de lui même. Mais l'histoire
met à mal cette dystopie
(société imaginaire qui s'organise de manière à ce que ses
membres ne soient jamais heureux). Les gens arrivent à être
heureux. Le rêveur en re créant une société proche de celle qui
les a mis à l'annexe «comfort». Donnant un certain confort de vie
aux habitants de sa cité. Créant un but «chercher le rêve»,
provoquant des moments de joies par la musique et des drogues,
beaucoup de drogues; puis en prônant des notions de transmissions,
et de protections.
Ou
ceux qui se mettent en marge,tel que l’Hermite ou miami man qui
refusent ces concepts et fonctionnent à leurs manières, cruellement
parfois mais en y trouvant un certain bonheur.
Lesquels
des deux sont les plus bad batch. Ceux
qui recréent une société tout confort alors qu'ils sont condamnés
à ne plus vivre comme cela. Ou ceux qui ne vivent pas dans cette
société car ils s'y sentent mal. Le film ne le dit pas, à vous de
voir.
Je
finirai juste en relevant la critique sévère des états
unis, du rêve américain et de
la manière dont sont traités les laissés pour compte dont se fait
l'écho ce film
Ce
film est une surprise. Une surprise qui a la forme d'une
grande baffe!soit on l'aimera
soit on le détestera. Moi j'ai aimé
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