My Own Private Idaho
MY OWN
PRIVATE IDAHO
de Gus
Van Sant
S'il
y a un film qui me suit depuis de mon adolescence c'est «my own
private idaho». Tournait juste un peu avant, ce titre qui sonnait
comme une vieille chanson country, ses acteurs charismatiques, puis
la mort de River Phoenix l'ont fait entrer dans l'histoire.
Je
ne vous raconterai pas l'histoire du film, car le début n'est pas
représentatif de son ton. Car ce film est un film de Gus Van Sant et
son visionnage n'est pas linéaire.
Il
est d'abord et avant tout un témoignage sur une population précise
à une époque donnée.
Il suit Mickey, un jeune homme qui se
prostitue pour vivre et payer sa drogue ainsi que son meilleur ami
dont il est amoureux Scott. Les deux hommes ont eu des enfances très
différentes mais évoluent dans un même milieu fait de squats de
passes et de photos pour des magasines gays. C'est pour moi la partie
la plus forte de ce film. Avec des monologues face caméra, ou les
compagnons des personnages principaux racontent leurs premières
expériences tarifées qui ont toutes en commun d’être des viols
et leurs projets. Ce sentiment de schéma est accentué par la
reproduction des silhouettes et des attitudes lorsqu'ils sont en
Italie. une espèce d'universalité du malheur ou les mêmes
problématiques mèneraient aux même résultats
Ce
film n'est jamais dans la caricature ou dans le jugement et cela
permet d'esquisser des portraits riches. Comme celui de Scott, fils
du maire de Portland, et qui se prostitue. Extrêmement ami avec
Mickey qui est amoureux de lui, alors que Scott est hétérosexuel.
Ou
comme celui de Mickey dont le parcours familial est traumatisant et
qui cependant cherche sa mère.
Se
soulève également la question du rapport aux parents. Que ce soit celui de
Scott avec son père. La seule rencontre qui est mise en scène entre
ces deux est réalisée de telle manière qu'elle soulève plus de
questions qu'elle n'y répond. Ou
que ce soit celui de Mickey que je ne veux pas spoiler mais qui
l’entraîne dans un espèce de road trip avec son meilleur ami qui
le conduira en Italie. Il semble ne jamais s'apercevoir que sa mère
comme lui pourchasse sa famille pour oublier son présent. et qu'à
chaque fois que quelque chose le ramène à elle,il fait dans une
crise de narcolepsie.
Les
choix du réalisateur de faire des allers et retours puis des allers
et venus casse le charme du road movie. Il n'apporte rien à Mickey
qui en est à l'origine c'est son ami qui en sort changé et renforcé
dans son choix.
Ce
film avait vraiment tout pour me happer. Surtout que par moment il es
emprunt d'une poésie naïve qui ne me laisse pas indifférente. Mais
les choix de réalisations m'ont violemment sortie de l'histoire.
Tels que la forme du voyage en Italie ou les scènes d'amour en
images arrêtées qui ne sont pas sans rappelées les photos des
magasines érotiques des années 80 (prime à celles dans
l'encadrement de la fenêtre avec contre jour) et tant d'autres.
Le
point fort de ce film est son duo d'acteurs. River Phoenix qui
cultive ici un petit coté James Dean. Il donne corps à ce personnage
désespéré quasi tragique et qui cherche à se sauver. la
sensibilité qu'il lui offre traverse l'écran.
Keanu
Reeves qui interprète Scott un jeune homme aux multiples facettes au
moins quatre ou cinq différentes. Il est parfaitement crédible. Il
arrive à changer notre sentiment et notre appréciation sur le
personnage par un regard, ou à son ton.
Ce
film est un film culte et il le mérite. Sa richesse n'est pas
toujours canalisée par la réalisation, mais c'est un moment
enrichissant.
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