Ex Machina

by - mai 14, 2017



À 26 ans, Caleb est un des plus brillants codeurs que compte BlueBook, plus important moteur de recherche Internet au monde. À ce titre, il remporte un séjour d’une semaine dans la résidence du grand patron à la montagne. Mais quand Caleb arrive dans la demeure isolée, il découvre qu’il va devoir participer à une expérience troublante : interagir avec le représentant d’une nouvelle intelligence artificielle apparaissant sous les traits d’une très jolie femme robot prénommée Ava.

Ex Machina – 3 Juin 2015 – Réalisé par Alex Garland
Lors des Oscars l'an dernier, « Ex Machina » faisait partie de l'impressionnante liste de films nommés pour une récompense. Considéré comme l'un des petits poucets de la cérémonie de part son budget, il à contre toute attente remporté l'oscar des meilleurs effets spéciaux, devant des poids lourds comme Star Wars : The Force Awakens, Mad Max : Fury Road, The Revenant et Seul sur Mars. Une surprise qui n'est pas si étonnante que ça, pour un film de SF unanimement salué par la critique …

Caleb est un brillant employé de la firme BlueBook. Codeur émérite, il apprécie son travail et le fait avec minutie. Un jour il remporte un tirage au sort effectué parmi les employés pour passer une semaine dans la résidence du grand patron de BlueBook à la montagne. Un voyage énigmatique qui l'excite autant qu'il ne l'intrigue. Une fois sur place il fait la connaissance de son patron, Nathan, un esprit brillant qui mène une vie de recherche, dans l'immense maison qu'il lui sert aussi de laboratoire. Caleb est très vite mis au travail, il va effectuer un test de Turing avec une intelligence artificielle que Nathan a créé et qu'il a implanté dans une androïde. Perplexe et étonné, Caleb va se prendre au jeu et découvrir derrière Ava, bien plus qu'une simple androïde …

L'ensemble du film est de très bonne facture et l'oscar n'est pas volé, car visuellement c'est réussi et en terme d'ambiance, ce que Alex Garland crée fonctionne pendant les 2/3 du film. Par contre il se plante totalement dans ce qu'il raconte et très honnêtement c'est assez gênant, car si les questions que le film soulève amènent à réfléchir, l'intrigue elle n'est pas à la hauteur, surtout quand elle enfonce des portes maintes fois ouvertes …

L'histoire est écrite par Alex Garland en personne, auteur déjà auparavant du scénario des films de Danny Boyle « 28 Jours plus tard » et « Sunshine ». Il se concentre sur un triangle amoureux sordide entre Caleb, Nathan le créateur et Ava la créature articulé autour des tests devant prouver qu'Ava est « humaine ». Peu à peu, une atmosphère paranoïaque s'installe, autour des projets de Nathan, autour de Ava, de leur relation, de sa relation avec Ava, posant peu à peu les interrogations classiques propres aux films de ce genre. Ce qui est évidemment redondant, car en ce qui concerne le sujet de l'IA, des Androides, on a déjà vu ça mille fois, que cela soit chez Ridley Scott (Blade Runner) ou chez Mamoru Oshii (Ghost in the Shell), voir même dans des blockbusters comme I-Robot par exemple !

Associez à ça, une structure narrative répétitive, le scénario gâche peu à peu ce qu'il créé au début, qu'au delà des interrogations qu' Alex Garland amène, ce qu'il raconte pendant deux heures est assez nauséabond. On a Nathan, un scientifique narcissique qui créé des androïdes féminins qui lui servent de partenaires sexuelles (régulièrement filmées nues) et à chaque fois que cela ne va pas, il les « tuent » ! Gardant même les trophées de ses androïdes détruites dans un placard, comme le ferait un tueur en série. Il place constamment la femme comme un simple objet et au travers du personnage d'Ava, il perpétue une certaine idée que la femme n'est que manipulation et traîtrise. Une image que je n'approuve pas et que je trouve aussi bête que facile à véhiculer, comme si il avait un compte à régler …

Ce qui est évidemment dommage, car d'un point de vue formel et visuel, le premier film de Alex Garland à une vrai identité ! Le choix d'un hôtel en Norvège est judicieux, ce décor permet de poser la pierre angulaire de ce que sera l’atmosphère du film. Mélange entre une architecture urbaine, proche de la nature, avec un intérieur aseptisé pour marquer la bascule avec la science-fiction. C'est servi par une photographie très froide de Rob Hardy qui accentue la superficialité des rapports et des êtres, accentuant quand il faut les contrastes pour signifier la colère, voire l'angoisse. La musique de Geoff Barrow et Ben Salisbury bien qu'un poil trop systématique par instant, sert aussi avec goût l'atmosphère paranoïaque du film. A ça on pourra rajouter le trio d'acteur qui porte le film, avec un Oscar Isaac intriguant, un Domhnall Gleeson parfait en amoureux naïf et une Alicia Vikander magnétique dans le rôle de Ava … 

Une belle coquille vide !

EX MACHINE BY JOCK
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4 commentaires

  1. Le paragraphe sur le côté "nauséabond" du film me laisse un peu perplexe. Vous parlez des agissements de Nathan, puis vous parler de sa vision de la femme, mais il semblerait que vous parliez également de la vision d'Alex Garland de la femme, sans faire la distinction entre les deux (à qui le "il" des dernières phrases du paragraphe réfère-t'il ?). Or j'ai l'impression que si le film met en scène un personnage qui réduit effectivement les femmes au rang d'objet, les auteurs n'adhèrent pas du tout à cette perspective, et au contraire la critique. La révélation des agissements de Nathan est présenté comme quelque chose d'absolument horrifique, il n'y a pas de glorification de sa vision.

    Même chose pour le personnage d'Eva. Une fois le film terminé, nous sommes censé comprendre sa perspective, comprendre ce qu'il a amené là. Elle est uniquement manipulatrice parce qu'elle s'est retrouvée dans un environnement qui nécessite d'avoir ce comportement. C'est vers elle que le film encourage notre empathie à aller.

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    1. Je comprends que ça laisse perplexe, surtout quand ce n'est pas une critique qui revient fréquemment sur le film.
      J'admets cependant qu'il y a un peu de confusion. Le "il" des derniers paragraphes fait référence au réalisateur qui a aussi écrit le film et qui a pour moi une grande part de responsabilités dans ce qu'il montre.
      Vous dites:

      "Or j'ai l'impression que si le film met en scène un personnage qui réduit effectivement les femmes au rang d'objet, les auteurs n'adhèrent pas du tout à cette perspective, et au contraire la critique."

      Si ce n'était pas Garland qui l'avait écrit, je ne ferais pas l'amalgame, sauf que là, c'est lui qui écrit son histoire et qui crée un personnage aussi détestable que Nathan pas un autre. Quant à la critique, personnellement je ne l'ai pas vu ...

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  2. Je vois que tu es plus sévère que moi. ;) Le film est assez intéressant, notamment dans ce qu'il évoque de la possession de l'objet, qui dans le cas présent est un androïde. D'autant plus quand il s'agit d'en faire des objets de désir. Les acteurs jouent plutôt bien d'ailleurs. Mais j'ai trouvé cela assez vain. On a fait tout un plat de ce film (un peu comme La la land) et finalement la meilleure séquence est une séquence... de danse! Maintenant j'ai Get down saturday night dans mes favoris de deezer. ;)

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    1. Oui beaucoup de bruit pour grand choses au final. Les différentes réflexions que Garland soulève sont intéressantes, mais le reste ...

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