In The Mood for Love
de
Wong Kar-Wai
j'ai déjà vu des films de Wong Kar-Wai, mais c'est
la première fois que j'écris sur l'un d'eux. Avant c'est à ce
moment là que je regardais Fred en lui disant «bien, tu n'as plus
qu'à écrire dessus» aujourd'hui c'est à mon tour.
Monsieur Chow et madame Chan cherche une chambre pour
se loger à Hong Kong. C'est là qu'ils se rencontrent devenant avec
leurs conjoints les locataires de deux voisins.
Ce film est une œuvre dans l’œuvre. Il est d'un
esthétisme à couper le souffle. La photographie est fascinante.
L'utilisation de la lumière en est un des aspects les plus beaux.
Le plus souvent les scènes se passent de nuit, elles est tamisée ou artificielle; mais cependant elles sont chaudes et ocres. Et la pénombre omni présente crée une ambiance incertaine, et une proximité qui tend vers la promiscuité. A la fois fascinante et attirante mais laissant une inquiétude et une ombre, ne nous libérant jamais réellement. Les scènes se passant de jours, ou dans des espaces éclairés ont une lumière très particulière froide et jamais réconfortante.
Le plus souvent les scènes se passent de nuit, elles est tamisée ou artificielle; mais cependant elles sont chaudes et ocres. Et la pénombre omni présente crée une ambiance incertaine, et une proximité qui tend vers la promiscuité. A la fois fascinante et attirante mais laissant une inquiétude et une ombre, ne nous libérant jamais réellement. Les scènes se passant de jours, ou dans des espaces éclairés ont une lumière très particulière froide et jamais réconfortante.
Les couleurs ont un rôle essentiel. C'est ce qui
nous reste de ce film. Les éclairages rouge et orangers de la nuit,
les couleurs des robes de Me Chan, le rouge de l’hôtel, ou les
costumes noirs et chemises blanches de M Chow ce sont des petits
cailloux qui jalonnent nos souvenirs. Ils sont aussi son identité.
De plus elles sont aussi parties prenantes dans les
décors qui sont très graphiques, il utilise les murs pour partager
son écran, ou des miroirs pour jouer la profondeur. Ou que l'on pose
notre regard il y a un marqueur de l'époque ou se passe se film, les
années 60. Ce long métrage semble casser l'écran, donnant de la
profondeur ou le réduisant; le peintre construit sa toile. Les
costumes sont d'une beauté sans nom et rajoutent quelque chose à ce
tableau.
Alors que la garde robes de M Chow est assez limitée, il est cependant impeccable dans ses costumes.
Quant aux robes et à l'allure de Me Chan c'est un enchantement. Les couleurs et les motifs sont parfaits, d'un simple regard on perçoit la qualité du tissu qui épouse parfaitement la silhouette de cette femme. Il est difficile de décrire l'importance de cette silhouette dans le film mais c'est un élément essentiel.
Alors que la garde robes de M Chow est assez limitée, il est cependant impeccable dans ses costumes.
Quant aux robes et à l'allure de Me Chan c'est un enchantement. Les couleurs et les motifs sont parfaits, d'un simple regard on perçoit la qualité du tissu qui épouse parfaitement la silhouette de cette femme. Il est difficile de décrire l'importance de cette silhouette dans le film mais c'est un élément essentiel.
Un autre élément fait l'identité du film c'est son
environnement sonore très immersif.
D'abord par la bande originale choisie, des morceaux
asiatiques plein de sens. Je suis passée complètement à coté car
personne ne parle cantonais dans mon entourage. ainsi que quelques titres
sixties américain qui sont du miel à nos oreilles,
et ce morceau de musique, le thème de Yumeji, dont je vous mets le lien. Il ne vous quitte plus quand elle n'est pas jouée et qui vous fais frissonner lorsqu'elle retentit.
Rajouter à cela tout l'environnement sonore. Les babillages des logeuses, les sons particuliers de la cuisine, le crissement de la soie des robes tous ces bruits poussés à leurs maximums qui rompent le silence du quotidien, et qui habillent le film.
Puis il y a ses bruits très organiques la pluie très présente et apaisante semblant rythmer le film et refroidir l'ambiance. Un éveil des sens.
et ce morceau de musique, le thème de Yumeji, dont je vous mets le lien. Il ne vous quitte plus quand elle n'est pas jouée et qui vous fais frissonner lorsqu'elle retentit.
Rajouter à cela tout l'environnement sonore. Les babillages des logeuses, les sons particuliers de la cuisine, le crissement de la soie des robes tous ces bruits poussés à leurs maximums qui rompent le silence du quotidien, et qui habillent le film.
Puis il y a ses bruits très organiques la pluie très présente et apaisante semblant rythmer le film et refroidir l'ambiance. Un éveil des sens.
Tous cela se met en place pour raconter une histoire
particulière, une histoire d'amour, celle de l'amour d'une vie et en
négatif celle d'un adultère, et au final une description de comment
l'amour naît. La réalisation arrive à raconter tout cela en une
histoire. D'abord en ne montrant jamais l'adultère et le couple
adultère que forme les époux de nos deux protagonistes. On les voit
deviner ce qui se passe, et c'est en voulant comprendre comment ça
s'est fait qu'ils entrent dans un jeu de séduction demeurant
platonique. On est témoin de ce jeu de séduction, qui leur est
propre mais qu'ils prétendent être celui des autres.
Pour cela, il y a l'absence à l'image et dans l'histoire des conjoints. Parce qu'ils sont en déplacements, mais lorsqu'ils sont dans les lieux, ils ne sont jamais filmés de face, on ne voit pas leurs visages, ils sont tout au plus une silhouette sombre. On ne se concentre que sur un couple, c'est avec leur histoire que l'on est en empathie.
Pour cela, il y a l'absence à l'image et dans l'histoire des conjoints. Parce qu'ils sont en déplacements, mais lorsqu'ils sont dans les lieux, ils ne sont jamais filmés de face, on ne voit pas leurs visages, ils sont tout au plus une silhouette sombre. On ne se concentre que sur un couple, c'est avec leur histoire que l'on est en empathie.
Mais cette histoire est narrée avec délicatesse.
Une histoire qui se raconte petits pas par petits pas, par des
détails une partition de l'écran faite grâce à l'architecture,
des espaces qui s'ouvrent de plus en plus; tout en délicatesse.
C'est aussi le cas avec les gros plans sur une partie
du corps de l'un ou de l'autre. Un bras qui a la chaire de poule,
sous la pluie. Une main qui glisse sur son bras, encore, sa main à
elle qui se pause sur la sienne à lui, ou un repas qu'ils partagent.
Tout cela est filmé avec délicatesse, et sous une lumière douce
qui embellit l'image. Ces petites choses qui jalonnent l'intensité
de cette relation, et la manière dont ils se découvrent et se
correspondent. Une histoire d'amour qui naît mais qu'on se refuse de
vivre.
En plus de cette belle histoire, des thèmes forts
sont abordés. La solitude est le plus marquant. Nos deux personnages
sont tellement seuls. Seuls au milieu de la maison de quelqu'un
d'autre, seul à courir après des époux peu décidés à sauver
leurs mariages, seuls avec leurs secrets si lourds et dont ils ne
peuvent pas parler.
La trahison est aussi récurente dans l'histoire. La
trahison de leurs mari et femme, mais aussi leurs propres trahisons,
par rapport à leurs mariages Ou est ce que commence l'adultère, est
ce que ressentir de l'amour pour un(e) ou un(e)autre n'est pas
tromper? Mais aussi sur les petits renoncements de tout un chacun,
oublier ses rêves et ses ambitions; accepter se faire un enfant avec
un homme que l'on n'aime pas et qui vous a trompé; oublier l'amour
et l'homme de sa vie.
Mais cette histoire est aussi un témoignage sur une
époque. Et avant sur tout un pan d'une histoire dont on passe
largement à coté si on n'est pas au point sur le cantonais. Pour
nous ça a commencé des le menu du dvd et le choix épineux de la
langue cantonais ou mandarin. On en a mis un au pif, car on était
dans l'impossibilité de trouver la langue dans laquelle il avait été
tourné. Au moment ou se passe le film une grande communauté
chinoise a immigré à Hong Kong, et c'est en son sein que se situe
l'action. C'est leur langue que parlent tous ces gens, et ce sont
leurs coutumes qui sont exposées, jusqu'au jeu de go. Et cette
situation est aussi racontée au moment ou monsieur Chow va au
Cambodge et ou l'on voit De Gaule s'opposer aux USA et à la guerre
du Viet Nam. Ce film est un vrai témoignage sur cette époque. Et
sur la manière
de vivre de tout un pan de la population.
Il souligne aussi la difficile cohabitation d'une vie
de plus en plus occidentale (la musique, les restaurants, les
couverts, le rythme) et une vie emplie de traditions aux origines
d'un autre temps (ne pas se faire voir avec un homme autre que son
époux, se méfier des racontars, et accepter et se taire devant son
mari).
Ce film est porté par deux acteurs formidables
monsieur Chow est joué par Tony Leung. Il est charismatique en
diable, et compose un personnage avec délicatesse et finesse. A
aucun moment son jeu est en force. Une composition qui le rend
attachant. Quant à madame Chan elle prend les trais de Maggie
Cheung, qui par son port de tête et sa démarche dégage la classe,
la solitude, et un certain respect des traditions. Et elle fait
passer toutes ses émotions par un regard ou une moue.
Ce film est riche, j'ai découvert tant de choses en
écrivant sur lui que je crois que je l'aime encore plus maintenant,
sachant qu'il était déjà l'un de mes préférés. Je découvre
toujours quelque chose lorsque j'y repense. Il est une bénédiction
pour mon cœur de cinéphile
2 commentaires
Pas un grand fan mais il faudrait que je me mette un jour au cinéma de Wong Kar Wai plus particulièrement. Reste un récit intéressant et un duo d'acteurs magnifiques (en même temps ils le sont très souvent).
RépondreSupprimerC'est un film très particulier, il n'y a pas de doute la dessus et je pense très sincèrement qu'on l'apprécie ou non ! Et cela malgré ces immenses qualités plastiques.
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