Frankenstein (1932)

by - septembre 12, 2016


Henry Frankenstein est un jeune scientifique qui rêve de créer un être humain à l'aide de ses connaissances. En compagnie de son assistant Fritz, les deux hommes vont concrétiser ce dessein à partir de morceaux de cadavres mais l'expérience va tourner au cauchemar. En effet, le monstre à qui les savants ont greffé le cerveau d'un criminel, va échapper à leur contrôle et commettre plusieurs meurtres.

Frankenstein – 17 Mars 1932 – Réalisé par James Whale


Comme avec « La Momie », il est intéressant de voir que « Frankenstein » est une figure bien ancrée dans la culture populaire. A un point que même si vous n'avez jamais vu le film, vous savez très bien ce que cela désigne. Bon, pour ma part j'ai mis un certain temps avant de faire la différence entre la créature et son créateur, car je n'avais jamais pris un seul instant pour découvrir l’œuvre cinématographique à l'origine de toutes ces déclinaisons. Je parle bien évidemment du film de James Whale, l'intriguant et fascinant « Frankenstein ».

Henry Frankenstein est le fils du richissime baron Frankenstein. Une situation dont il pourrait profiter, surtout qu'il est sur le point de se marier, mais cet ancien étudiant en médecine n'est obsédé que par une seule chose, donner la vie ! Pour mener ces expériences a terme, il a réaménager une vieille tour ou avec son assistant Fritz, ils peuvent agir à l'abri des regards. C'est ainsi qu'ils volent régulièrement des corps, comme au cimetière ou après un enterrement, ils volent la dépouille du défunt. Ou celle d'un quidam pendu au bord de la route, sauf qu'il ne les intéresse pas car son cerveau étant atteint, il ne pourra servir à la future création du docteur. Malgré ça, ce contre temps n’arrête pas Frankenstein, parce que son assistant est allez en trouver un à l'université ou il avait étudié. Une idée ingénieuse, sauf que Fritz ce maladroit prend celui qui est défectueux. Un détail qui va s'avérer désastreux !

Ce film est l'adaptation du roman « Frankenstein ou le Prométhée moderne » écrit par Mary Shelley et publié en 1818. Oeuvre gothique unanimement saluée, elle connut de nombreuse déclinaisons, dont un court-métrage en 1910 réalisé par J.Searle Dawley avant d’être adapté vingt ans plus tard par James Whale. Et si la découverte du film fut une bonne surprise, il pâtit lui aussi de son age, car c'est un film qui ne fait plus peur. Mais malgré ça, il possède encore bien des atouts.

L'histoire est écrite par John L.Balderston qui adapte l’œuvre de Shelley assez librement ! On se concentre ainsi sur le personnage de Henry Frankenstein plus que sur la créature. Ce qui nous permet d’être au plus proche de lui et de mieux comprendre ce qui l'anime. Dans le titre de l’œuvre de Mary Shelley, elle cite le nom du personnage principal, mais aussi « Prométhée Moderne » en référence au mythe du même nom, qui mets en scène un créateur qui donne la vie à partir d'eau et de terre, similaire à notre cher Frankenstein qui crée a partir de différents morceaux d’êtres humains. Mais le parallèle ne s’arrête pas la, car « Prométhée » était un titan, une divinité, la ou le docteur en simple mortel va accéder a cette « fonction » en dépassant sa propre condition et en se montrant plus fort que la mort, en créant la vie.

Frankenstein qui se prend pour un dieu, une chose qui clame à un moment dans le film, peut cacher aussi un profond traumatisme comme le deuil. Lors d'un décès qu'il soit douloureux ou non, on perd un être que l'on apprécié et souvent plus on est proche du défunt, plus cela peut nous faire mal et créer ainsi un manque ! Ce que Frankenstein essaye de combler en créant un substitut (la créature) de la personne qu'il aurait perdue, se montrant ainsi plus fort que la mort !

Des thématiques qui vont parcourir les soixante-dix minutes que dure le film de Whale en n'oubliant pas d'exploiter avec efficacité la créature interprétée par Boris Karloff. Le récit que l'on peut couper en quatre parties (la création, la découverte, l'évasion et la destruction de la créature) s'articule à chaque fois sur un changement que provoque l'expérience de Frankenstein et James Whale dose admirablement bien chaque élément, pour nous amener avec aisance vers un climax d'une incroyable cruauté. De plus, chacune des apparitions de la créature sont pensées avec soin. Que cela soit dessous un drap où l'on attend juste quelle apparaisse, à sa première apparition dans l'encadrement d'une porte, on est saisi par le jeu de Boris Karloff, mais surtout par le talent de Jack Pierce, créateur et maquilleur derrière cette réussite qu'est le monstre de Frankenstein.

Malgré ces qualités indéniables, un détail me chagrine ! Normalement, on aurait dut parler d'intolérance et de la peur de l'étranger, sauf que le scénario parasite cela avec le fameux « choix des cerveaux » au début du film. En ayant fait quelques recherches, j'ai pu constater que cela n'existait pas dans le roman et que de facto le comportement de la créature était celle de quelqu'un abandonné et de persécuté qui cherché a se venger de son créateur. Une attitude qui s'explique à vue du traumatisme que subit la créature, mais qui est totalement désamorcé dans le film, car il a eu un « cerveau de criminel » et qui le rend de facto coupable de tous les mots ! Ce qui dédouane aussi de toute responsabilité le docteur Henry Frankenstein, qui a voulu crée la « vie » sans jamais se préoccuper des conséquences. Une attitude hautement répréhensible qui est atténué qu'a la fin parce que la créature est morte …

Quant au casting, il se révèle de bonne facture même s'il se fait voler la vedette par une personne qui ne parle pas ! Boris Karloff prête son physique et son charisme pour devenir la créature de « Frankenstein ». Sa stature imposante et silencieuse reflète à merveille son jeu d'acteur ou tout est non verbal, seul des gémissements ou des cris viennent briser le malaise qu'il procure à chaque apparition. Colin Clive joue Henry Frankenstein ! Il se glisse à merveille dans un rôle qui lui va bien. A la fois très hautain et sûr de lui, il fait passer ce grain de folie nécessaire à une telle entreprise, qui nourrit une composition de qualité. On trouve aussi Mae Clarke dans le rôle de la fiancée Elizabeth, l'élégant John Boles dans celui de Victor Moritz, Edward Van Sloan dans le rôle du professeur Waldmann qui à le rôle ingrat de conscience et enfin Dwight Frye dans celui de Fritz le serviteur de Henry Frankenstein. 

Un classique que l'on se doit de découvrir.



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2 commentaires

  1. Une grande adaptation non littérale, mais qui capture bien l'esprit de la nouvelle. Kenneth Branagh fera un vulgaire copier coller (en rajoutant des éléments de La fiancée de Frankenstein), donnant lieu à un film raté. Là James Whale (y compris avec la suite qui complète cette adaptation) se permet des libertés mais réussit son coup. Le personnage de Franky apparaît avant tout comme un enfant ne comprenant pas le monde, lui même ne cherchant qu'à le persécuter. Puis il y a l'inimitable Boris Kharloff.

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    1. Juste ce détail que j'explicite qui me gache le film, mais sinon ça reste l'un de mes préférés

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