The Strangers

by - juillet 29, 2016


La vie d’un village coréen est bouleversée par une série de meurtres, aussi sauvages qu’inexpliqués, qui frappe au hasard la petite communauté rurale. La présence, récente, d’un vieil étranger qui vit en ermite dans les bois attise rumeurs et superstitions. Face à l’incompétence de la police pour trouver l’assassin ou une explication sensée, certains villageois demandent l’aide d’un chaman. Pour Jong-gu aussi , un policier dont la famille est directement menacée, il est de plus en plus évident que ces crimes ont un fondement surnaturel…

The Strangers – 6 Juillet 2016 – Réalisé par Na Hong-jin

En France on se targue souvent d'avoir une offre de film au cinéma riche et diversifiée, mais en 2014 la part de marché des films français et américains était presque de 90%, ce qui laisse alors peu de place à la concurrence. Ainsi fait, il ne reste pas beaucoup de portes d'entrée, si ce n'est les festivals de cinéma en France, dont le fameux festival de Cannes. Et c'est ainsi que le réalisateur Na Hong-Jin entretient une relation particulière avec la croisette pour avoir fait souvent sensation la bas. « The Chaser » en 2008 fut présenté en hors-compétition et « The Murderer » fut sélectionné dans la catégorie « Un Certain Regard » ou à chaque fois, il fit sensation. Et il n'a pas dérogé à cette règle avec la présence cette année en hors compétition de son dernier film « The Strangers »


Jong-goo est un policier fort sympathique. Le genre de gars gentil, avenant avec sa famille et ses concitoyens. Une attitude apprécié par les gens du petit village de Goksung ou lui et ses proches vivent. Mais cette quiétude est dérangée par un double meurtre d'une rare violence. Jong-goo qui arrive en retard sur les lieux du crime ne peut cacher son malaise devant une telle horreur, de plus le coupable ne semble pas avoir toute sa tète. Ceci n'aide pas la police qui ne sait pas par ou commencer. En effet un autre meurtre a eu lieu, identique aux précédents. Mais le coupable est différent. Alors petit à petit, la ville ainsi que les policiers plongent dans un océan de rumeurs, de superstitions et d’événements paranormaux dont un étranger serait la cause …

Le jour ou je l'ai vu, j'en suis sortie sceptique. Mais il faut bien se l'avouer que « The Strangers » c'est un film particulier et qu'il faut un petit laps de temps pour le digérer, du moins me concernant. Et même si je n'ai pas tout aimer, le dernier film de Na Hong-jin est une des plus sympathique proposition cinématographique de cette année. Elle mêle polar, épouvante, réflexion sur la place des superstitions dans les habitudes des gens et sur le racisme.

Tout comme dans l'immense Memories of Murders, on est dans un environnement qui nous est familier, la campagne sud-coréenne, avec une ambiance aussi lourde que dans son illustre aîné. Si de ce coté là, on est pas vraiment surpris, le réalisateur trouve une pirouette osée en mélangeant les genres. Car si « The Strangers » est un polar noir c'est aussi un film d'épouvante étonnant et c'est dans cet exercice périlleux que le film se réalise ! Dans un premier temps, on se retrouve devant un polar classique, avec son lot de morts et d'inspecteurs dépassés, mais avec subtilité le surnaturel s'immisce dans le récit.


Le polar s'efface et les caractéristiques habituelles d'un récit policier se transforment et changent pour mieux nous déstabiliser. L’enquête fait place aux rumeurs, les indices deviennent des manifestions paranormales, les tueurs sont possédés et le seul suspect est considéré comme un fantôme. Cet improbable mélange marche et Na Hong-jin réalise cela avec beaucoup de sang-froid et avec maîtrise jusqu'aux derniers instants du film. Le suspense latent ne nous quitte jamais, tout comme l'effroi et l'angoisse que le réalisateur nous présente aux termes de séquences aussi chocs qu’éprouvantes, ou le travail sur la lumière (Alex Hong) et la musique (Dal Palan) prennent tout leur sens.

Mais tout dans le film ne m'a pas séduit pour autant ! Premièrement, une chose m'a gênée c'est le manque de luminosité et de contraste de certaines scènes qui font qu'on a du mal à les comprendre et à voir ou l'on se trouve. Ensuite j'ai eu un problème avec la gestion de l'intrigue policière que l'on délaisse sans ménagement au profit du surnaturel, une chose que j'apprécie, mais je ne comprends pas pourquoi on nous fourgues alors la solution au détour d'une scène sans aucun intérêt. Tout comme la fin qui me semble être un moyen totalement gratuit de rajouter une dernière dose de sang et d'effroi sans que cela apporte quoique ce soit à l'intrigue si ce n'est d'appuyer lourdement son propos sur le racisme.


C'est aussi une histoire qui fait la part belle aux réflexes humains. Le film prend place dans une petite ville de campagne, isolée en quelque sorte du reste du monde et de ce fait, elle ne s'ouvre que très peu au monde, préférant ainsi un repli sur soi beaucoup plus rassurant que le monde extérieur quand cela s'y prête. En effet la série de meurtres hyper violents à de quoi choquer surtout pour une petite ville aussi paisible, de plus les difficultés de la police n'aide pas à rassurer la population. Et à partir de là, les rumeurs les plus folles deviennent des points d'ancrage crédible face à une violence incompréhensible, la religion devient la solution aux problèmes des victimes et les chamans font office d'autorité quand la police est dépassée. Mais c'est aussi une allégorie sur le racisme, car ce repli sur soi, cette foi dans la religion, passe avant toute logique et justifie le comportement horrible du policier envers le seul étranger de la ville qui au lieu de poser une question simple comme « Qui êtes vous ? » ou « Que faites vous dans la région ? » le condamne sans aucune forme de procès, une attitude qu'il payera …

Quant au casting, c'est un sans faute ! Petit coup de cœur pour la toute jeune Kim Hwan-hee qui joue la fille du policier. Elle est bluffante du début à la fin, tant dans la spontanéité dont elle fait preuve que pendant les moments ou elle est soi-disant « possédée », elle tressaute, râle et se tort de douleur avec un tel réalisme que l'on ne peut douter de son investissement. On trouve aussi l'excellent Jun Kunimura dont la présence et le charisme suffise à asseoir son personnage, puis il y a Hwang Jeong-min dans le rôle du chaman, une composition extravagante et pleine d'énergie qui laisse planer le doute sur ses intentions, à la manière de Cheon Woo-hee qui joue une « dame blanche » aussi mystérieuse qu'effrayante . Le policier est jouer par Kwak Do-won qui est vraiment pas mauvais dans ce rôle ingrat de policier maladroit et un brin peureux ... 

Un polar aussi étrange qu'éprouvant ...

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4 commentaires

  1. Une énorme claque qui ne fait que confirmer que Na Hong Jin est actuellement une des valeurs sûres du cinéma sud coréens. Un très grand film qui aligne les genres avec une dextérité folle.

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    1. Quand je l'ai vu, j'ai vraiment bien aimer, mais maintenant avec le recul, pas mal de choses m'ont déranger, ceci dit ça reste un bon film.

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  2. J'ai bien aimé ce film même s'il ne dépasse pas pour moi The Chaser. C'est sacrément bien foutu, ça fait flipper, c'est bien mis en scène... le film passe vite mais je reste persuadée qu'il est trop long...

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