L'Enfant Miroir

by - décembre 29, 2015


Dans l'Amérique rurale des années 50, un enfant rêveur et farceur, élevé par un père violent et une mère abusive, échafaude des hypothèses farfelues à propos des villageois qui l'entourent. Il est ainsi convaincu que la vieille dame qui vit seule sur le bord de la route est un vampire...

l'Enfant Miroir – 28 Novembre 1990 – Réalisé par Philip Ridley

Avec ce film, je dois en être à presque une vingtaine de films vu grâce au programme DVDtrafic. Et même si je ne garde pas un bon souvenir de chacun, j'ai pu découvrir malgré ça des films très intéressant. Tel « Les Garçons de la Bande » de William Friedkin, « God Bless America » de Bobcat Goldwaith, « Dernier étage, gauche, gauche » de Angelo Cianci ou encore « Kinshasa Symphony » de Martin Baer et Claus Wischmann. Et le dernier que je viens de voir qui est « L'Enfant Miroir » rentre aussi dans cette catégorie, celle du film que j'ai aimé découvrir avec Dvdtrafic ….

Seth Dove est un gamin un peu paumé au milieu de l'Amérique rurale des années 50. Il a un père violent et absent, une mère abusive et un frère aîné qui s'est engagé dans l'armée Américaine. Et quand il n'est pas chez lui a voir sa mère crier sur son père, il part faire des bêtises avec deux garçons de son age. Un jour après avoir attraper un immense crapaud, Seth le gonfle et quand sa voisine passe, il éclate le crapaud et l'éclabousse ainsi de sang. La voisine horrifiée ne peut s’empêcher de crier pendant que Seth et ses camarades partent en courant. Mais sa bêtise le rattrape et il doit partir chez elle lui faire des excuses. Une fois sur place, c'est partagé entre méfiance et fascination qu'il écoute, qu'il entend son histoire, sa vie et ses malheurs. A partir de là, tout son monde va aller de mal en pis …

Au final c'est un film que j'ai apprécié en trois étapes ! D'abord la découverte fut tout aussi étrange qu'intéressante mais je ne savais quoi penser dessus, ensuite j'ai regardé l'entretien du réalisateur disponible sur le DVD. Ce qui m'a donné beaucoup d'indications sur son œuvre et ses influences. Et ce n'est qu'après ça que le film m'a paru éminemment plus clair !

Car Philip Ridley ne prend aucune pincette avec le spectateur en livrant une œuvre radicale de bout en bout. Sa particularité tient dans le mélange constant des influences qu'invoquent le réalisateur, comme les collages et le surréalisme de Joseph Cornell ou encore les tableaux de Andrew Wyeth avec en plus son talent d'ecrivain pour un jeune public qu'il aura éprouvé plus d'une fois. D’où un résultat des plus déstabilisant ! Parce que le film ne se lit pas au premier regard comme une histoire classique mais bien comme une succession de tableaux d'une beauté picturale hypnotique qui compose ensuite la trame d'un film sur l'enfance particulièrement noir.

L'histoire de Seth ou du moins celle qui se passe dans sa tête est une histoire teintée de fantastique qui bascule peu à peu dans l'horreur avec une précision remarquable. Ridley nous fait vivre le cauchemar de son personnage à ses cotés, ou peu à peu son monde s'écroule, ou la beauté des décors et des plans qu'il compose tranche avec l'horreur que Seth vit mais qu'il ne voit pas ! Il symbolise cela par une imagination débordante, la Cadillac noire est comme une faucheuse motorisée que seul lui semble voir, a contrario de la séquence des photos, souvenirs d'un Hiroshima dévasté, que son frère et lui voient mais qu'il ne peut comprendre. Et jusqu'au climax de fin, chaque image que nous présente le réalisateur devient alors le reflet de la pensée de Seth, imaginative, glauque et torturée !

Et c'est guidé par la précision d'un artiste peintre qui compose, la réalisation de Philip Ridley est un émerveillement de tous les instants ! Chaque lieu ainsi que chaque plan sont semblables à des toiles et les détails qu'il y apporte sont juste superbes. De plus le soin apporté a la photographie par Dick Pope finit de contribuer les décors a l'ambiance du film. Une atmosphère glauque et oppressante ou le casting très talentueux donne sa pleine mesure. On trouve Jeremy Cooper dans le rôle de Seth, un jeune acteur au visage d'ange mais aux actions de démon ! Très vite agaçant au début, son jeu se nuance au fur et a mesure que le film se déroule et qu'il se confronte a ses camarades adultes. Comme Lindsay Duncan dans le rôle de Dolphin Blue (La voisine) ou encore Viggo Mortensen qui joue le frère de Seth; deux acteurs qui sont en osmose avec leurs rôles, entre empathie, colère et une sensibilité exacerbée, ils apportent un équilibre au film ainsi qu'au personnage principal ... 

C'est un film étrange dans le sens noble du terme, aussi fascinant qu'intriguant !



Retrouvez aussi ma critique sur Cinétrafic 

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« L'ENFANT MIROIR » en DVD le 7 Décembre 2015

Éditeur : Blaq Out
Édition : Digipack, PAL, Interdit aux moins de 12 ans
Région : Région 2
Audio : Anglais Dolby Digital 2.0, Français Dolby Digital 2.0
Vidéo Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 1.85, Format DVD-9, Film en Couleurs
Sous-titre : Français

Bonus: 


Entretien exclusif avec le réalisateur Philip Ridley (22min)

Indispensable pour avoir une vue plus complète de l'oeuvre et des influences du réalisateur.

Courts métrages :

- Visiting Mr. Beak (1987)(21min) 
- L'univers de Dermot Finn (1989)(10min)

Le DVD:

Commençons par le contenant qui est un sublime digipack avec l'affiche française en couverture et l'affiche originale au verso. Petit coup de cœur pour l'affiche française qui est un dessin que le réalisateur a certainement fait et qui illustre a merveille le film. Quant au film a proprement parler, on y trouve la VO/VF mais surtout il a subit une restauration de toute beauté qui font de cette galette de plastique une vrai petite perle à posséder !

« L'ENFANT MIROIR » en DVD le 7 Décembre 2015

Retrouver Blaq Out sur http://www.blaqout.com/ et sur leur page facebook https://www.facebook.com/Blaq-Out-61338913279/
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6 commentaires

  1. Voilà une belle chronique qui met justement en valeur les qualités d'un film trop longtemps marginalisé dans l'oubli. C'es vrai qu'il n'est pas d'un abord aimable, évoluant constamment sur la tangente entre réel et fantasme. M'étant déjà frotté à l'univers très particulier de Ridley (je conseille également "Darkly Noon" toujours avec l'excellent Mortensen), l'approche fut moins raide, ouvrant le regard vers les choix de mise en scène et les partis-pris visuels. Le tout emballé dans une édition classieuse, il n'en faut pas plus pour faire de cet objet un incontournable de toute filmothèque.

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    1. Je te remercie du compliment car j'ai vraiment eu du mal à en parler. Ceci dit c'est vraiment une sacrée petit découverte et je te rejoins sur ce que tu dit. En tout cas je retiens Darkly Noon comme conseil !

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  2. Mad Movies a fait une interview avec Philip Ridley dans le numéro de ce mois. Si cela t'intéresse, c'est l'occasion ou jamais. ;)

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    1. C'est sympa Mad Movies mais pas que pour une interview :)

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    2. C'est toi qui voit! Il y a toujours quelque chose d'intéressant à grignoter avec Mad Movies. ;)

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