The Lobster

by - octobre 08, 2015


Dans un futur proche… Toute personne célibataire est arrêtée, transférée à l’Hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme soeur. Passé ce délai, elle sera transformée en l'animal de son choix. Pour échapper à ce destin, un homme s'enfuit et rejoint dans les bois un groupe de résistants ; les Solitaires.
The Lobster - 28 Octobre 2015 - Réalisé par Yorgos Lanthimos

Pour sa quatrième édition, le festival international du film indépendant de Bordeaux mise pour son ouverture sur Cannes ! Mais aussi sur un nom connu des festivaliers bordelais, celui de Yorgos Lanthimos, qui fit l'objet avec un autre cinéaste d'un focus sur la Grèce. Reconnu comme l'une des figures de la nouvelle vague grecque, le réalisateur présentera le 8 Octobre en ouverture du F.I.F.I.B son dernier film, le premier tourné en langue anglaise, l'intriguant « The Lobster » .

Dystopie glaçante sur un futur monotone et sans vie, le célibat est interdit ! Toute personne célibataire qui se signale ou qui se fait signaler, se retrouve en état d'arrestation et transféré dans le lieu dit de « L'hotel ». Un lieu unique ou chaque homme ou femme seul à 45 jours pour trouver l'amour, le parfait compagnon sous peine d’être changé en l'animal de son choix ! L'un des derniers arrivants se nomme David, il sort d'une relation de onze ans et a du mal à l'accepter surtout quand il sait ce qui l'attend. Mais l’hôtel ne laisse pas de place à l'individu, ils ne peuvent garder leurs affaires personnelles et les hommes comme les femmes ont tous les mêmes tenus ! Un conditionnement extrême qui va amener bien des tensions ...

Un pitch improbable, ceci n'est pas inhabituel chez Lanthimos. ses films précédents cultivés aussi cette singularité, « Canine » dépeint le quotidien d'une famille qui séquestre ses enfants et dans Alps des comédiens proposent a des familles de prendre la place de l'un de leurs défunts. Une façon de décortiquer les sujets de société avec décalage !

Si je ne peux qu'émettre des suppositions sur les précédents films de Lanthimos, je peux sans aucun doute dire que « The Lobster » est un petit sommet d'humour absurde, cynique et profondément désabusé. Son scénario habilement écrit par le réalisateur lui-même et Efthymis Filippou raconte une histoire en deux parties distinctes. Une vraiment drôle (Meme si je n'ai pas vraiment rigoler), loufoque et surréaliste ou les scènes les plus bizarres se déroulent sur un rythme régulier et une autre au rythme plus lent, avec un changement de ton radical, en opposition totale avec la première. Un ensemble qui forme un tout homogène et cohérent, qui dissèque les relations amoureuses avec beaucoup de cruauté.

The Lobster ne se contente pas alors d'avoir un scénario bien écrit, c'est aussi un film à la réalisation maîtrisée de bout en bout ! Un film qui a su faire beaucoup avec peu, en optimisant ce qu'il avait sous la main. Pour planter le décor du film, Lanthimos fait dans la sobriété et la simplicité. Premièrement il se dispense de détailler le contexte du film, seul l'essentiel nous est décrit, c'est abrupte et cela maintient une once de mystère sur ce qu'il se passe réellement ! Une société totalitaire dont on ne sait presque rien, car c'est par l'image qu'il en dit énormément, les gens sont habillés uniformément, les personnes qui n'acceptent pas le système sont traqués et les bâtiments comme l’hôtel dégagent une froideur de mort tandis que les bâtiments urbains et modernes que l'on voit renvoient l'image d'une société aseptisé ! Et c'est habilement mené tout au long du film, sa réalisation variant au fur et a mesure du récit, de la première partie très mécanique avec un montage rapide jusqu'au plan plus long de la seconde partie. C'est parsemé de changement de tons, de répliques absurdes (Olivia Colman qui précise qu'une fois transformé en animal, il faut choisir un compagne de la même espèce car le contraire serait absurde), de tension, de sexe, de drame et de violence, transformant même cet hôtel en « Overlook Hotel » oppressant !

Une histoire pleine de surprise, comme le final, inattendu, énigmatique et abrupte qui laisse le spectateur avec ses questions. Et Yorgos ne manque pas d'en soulever par sa vision désenchantée de l'amour et des rapports humains dans notre société moderne. D'un coté il y a le poid des traditions qui poussent les gens à se mettre en couple en dépit du bon sens, juste par une peur irrationnelle de la solitude. Le culte de l'apparence prenant le pas sur l'individu qui paradoxalement ressemble souvent à son voisin, dénonçant par la même occasion l'uniformisation et la mondialisation à outrance. Tandis que si vous faites partis des « Solitaires » a.k.a les Célibataires vous subissez le même matraquage, le même harcèlement moral car le « couple » dans le film c'est le « mal », une idéologie aussi nocive qui pointe elle aussi la perte de repère des gens ou le poid des conventions sociales écrasent ceux qui ne peuvent les rejeter. Et enfin par extension, Yorgos Lanthimos plaide pour un monde ou les différences doivent existées ou les gens peuvent penser ; avoir des avis, voire des centres d’intérêts divergents sans qu'ils ne soient forcés d’être avec une personne identiques, ce qui donne une dimension puissante à la fin du film, car qu'auriez vous fait à la place de Colin Farell ?

Le casting du film quant à lui est au top !!! J'ai beau ne pas aimer ce que renvoi Lea Seydoux dans les médias mais ici elle a un rôle fait sur mesure pour elle, froide et sadique elle joue la chef des solitaires avec beaucoup de force, ce qui est réussi. Colin Farrell ce caméléon est parfait en célibataire bedonnant prêt a tout pour être a nouveau en couple, Ben Whishaw joue un homme boiteux légèrement arriviste et calculateur, tout le contraire du touchant John C. Reilly véritable boule de tendresse maladroite et attachante. Il y a aussi l'impeccable Olivia Colman en directrice d’hôtel intransigeante, Ariane Labed en bonne dévouée mais aussi la toujours très talentueuse Rachel Weisz dans un rôle attendrissant et plein de nuances, le parfait opposé de Colin Farrell ...

Dystopie amère, légère et désenchanté ou l'absurde est roi ! 



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2 commentaires

  1. Le côté "perché" de cette fable d'anticipation éveille ma curiosité, et la présence de Farrell et Reilly me donne d'autant plus envie de le découvrir directement en salle.

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