Lincoln

by - décembre 16, 2013

Alors que la fin d'année approche, je rattrape avec sûreté les films que j'ai pu louper dans les salles. L'un d'eux est « Lincoln » de l'estimé Steven Spielberg qui est bien loin de ce que j'avais pu lire et ces avis m'ont fait rater « a tort » l'un des films de 2013. Est ce que Spielberg a réussis son pari ? Mettre en avant le personnage Lincoln, tout en faisant le point sur les horreurs de la guerre de sécession et sur l'abolition de l'esclavage ? A ces interrogations, je réponds simplement oui …

Abraham Lincoln est le seizième président des Etats-Unis d'Amérique, il fut élu le 6 Novembre 1980 pour un mandat de quatre ans. Réélu pour un second mandat, il sera hélas assassiné lors d'une sortie au théâtre. Son second mandat aussi court que bref et violent sera le point final à une Guerre de Sécession sanglante, ainsi que l'aboutissement de son combat pour faire voter le 13 ème Amendement. Spielberg se consacre ainsi à montrer un homme affable, charmant qui a toujours une anecdote sous le coude, une réalité de façade qui cache les faiblesses d'un homme, d'un président et de son épuisement devant la tache qu'il a devant lui ....

On est pas loin du chef d'oeuvre au final et devant l'ampleur de la tache, Steven Spielberg ne sait pas défiler. L'histoire tirée d'une biographie de Doris Kearbs Goodwin se concentre sur les derniers instants de la guerre, des ultimes tractations pour faire voter le 13 eme amendement.

Pourtant le sujet c'est bien Lincoln, un personnage au trois facettes; le père, l'homme politique et le président qui vont permettre de voir avec ses yeux les événements qui se passent. Avant d’être un président, c'est aussi un père et un époux, avec les devoirs que cela impose. Lincoln n'a pas le droit de faillir, il présente un visage tranquille, bienveillant alors qu'il souffre encore de la mort de l'un de ses fils, de la dépression qu'a vécut sa femme et de l'horreur de voir des jeunes hommes, partir à l'abattoir. Lincoln protège ainsi son autre fils Robert Todd, mais malgré une visite déchirante dans un hôpital ou l'on voit un Lincoln plein de compassion et d'amour qui donne un peu de son temps à d'autre de ses « fils » , on assiste ainsi au pire, au soldats amputés, au membre qui son brûlés … Malgré l'horreur que voit Robert, il prend part au dernier mois de la guerre ...

« L'homme politique » n'a jamais été aussi fort, mut par des convictions gravées dans la roche, il multiplie les appels du pieds envers ses ennemis, ménage ses confrères tout en ayant une légèreté d'esprit suffisante pour remotiver ses troupes (la blague sur les WC, un « must » dans son genre). C'est aussi lui qui mandate plusieurs émissaires dans le dos de son secrétaire d'état qui devront « gratter » les quelques voix qui leurs manquent. Une façon détournée de ménager ses collaborateurs et pour Spielberg de donner par moment une légèreté salvatrice pour casser la lourde responsabilité qui pèse sur les épaules de Lincoln, d'ailleurs ses scènes là sont hilarantes ...

Puis il y a le « Président », l'homme d'état, le chef des armées imposant de par sa stature hors du commun, 1m93, il fut à ce jour le plus grands des présidents américains, mais aussi par sa capacité à garder son calme, magnanime avec ses adversaires, bienveillant avec ses proches voire familiers avec ses collaborateurs. Lincoln sait aussi présider avec autorité, il sait déléguer a qui de droit, il sait qui va faire pencher les débats, il sait aussi mettre en lumière les autres, comme Thaddeus Stevens ...

Steven Spielberg réussit l'amalgame parfait entre le personnage d'Abraham Lincoln, l'aspect politique et le débat d'idée. Sur un ton à la fois grave et solennelle, on assiste a des débats passionnés, enlevés, les coups pleuvent avec des propos odieux, le personnage de Thaddeus Stevens habité par une foi inébranlable donne une âme a cette assemblée somme toute assez timorée et qui hésite à invectiver l'adversaire !!! Des débats houleux qui ne sont pas sans rappeler l'actualité de cette année et la lutte dans divers pays pour l'égalité avec les dérives que cela a pu engendrer et personnellement ce qui ont trouvé cela trop long, avec trop de blabla, pensez simplement au temps que passent nos élus sur une loi … Le film finit par l’assassinat de Lincoln, un meurtre qui est finement suggérer, filmer avec recul, ou la douleur laisse la place à l'amertume pour un président qui n'a lutté que pour l'égalité.

Un rythme précis et une narration complètement maîtrisée finissent de parachever un film impressionnant d'authenticité dans la reconstitution, le boulot abattu par Rick Carter aux décors, de Joanna Johnston sur les costumes est juste phénoménal; c'est aussi visuellement parfait, le travail de Janusz Kaminski sur la photographie du film est un petit bijoux et la partition de John Williams quant a elle souligne à merveille l'importance de l'instant !!!

Steven Spielberg finit de nous achever avec un casting de qualité qui est incarné avec brio par le génie de Daniel Day-Lewis. Premier comme second rôle, il n'y a que des acteurs de choix et franchement beaucoup d'entre eux méritaient une récompense. Tout d'abord Tommy Lee Jones est fabuleux, le rôle de Thaddeus Stevens lui va comme un charme et il sait mettre ce qu'il faut pour nous marquer a vif, son passé trouble, ses convictions mais aussi son indéniable talent d'orateur qui à chaque intervention nous laisse pantois devant tant de maîtrise et de bon sens. Ensuite la femme de Lincoln est jouée par Sally Field, une femme au combien talentueuse pour une épouse forte mais torturée par tant de malheurs, de souffrances et par la constante pression qu'elle subit a travers le prisme de son mari, son jeu tout en sensibilité permet d’appréhender au mieux cette grande dame. Il y a aussi le « Thranduil » du Hobbit en la personne de Lee Pace qui incarne l'opposition avec beaucoup de véhémence, d'auto suffisance et de haine, on aperçoit assez vite toutes les craintes du camp d'en face à l'approche de ce 13 eme Amendement.

Dans une moindre mesure, mais avec toujours énormément de talent, David Strathairn en secrétaire d'état dévoué, Joseph Gordon-Levitt joue le fils aîné de Lincoln, Jared Harris incarne le fameux Ulysses S. Grant, général et chef d'Etat Major, Hal Holbrook est un brillant journaliste; Jackie Earle Haley joue le vice-président des états confédérés ; le trio comique est incarné par les trois excellents James Spader, Tim Blake Nelson et John Hawkes pour un résultat des plus réjouissants ….

Si le film devait reposer que sur un seul argument, il serait grand, talentueux, irlandais et il aurait obtenu son troisième oscar pour sa composition parfaite de Abraham Lincoln. Je veux bien sur parler de « Daniel Day-Lewis ». Un acteur aux choix sélectif qui ne cesse de surprendre, on devrait y être habitué !?!? Mais non, chaque nouveau rôle est une façon de l'apprécier d'une autre manière, d'admirer cette implication obsessionnelle pour le détail qui fera la différence. Lincoln est un personnage plein d'aspérité et de nuances, de doutes et de certitudes, un terrain idéal pour un acteur aussi grand. Tout est travaillé, de la gestuelle, précise et puissant, en passant par la parole, posé, calme à l'intonation si particulière. Lincoln renaît ainsi grâce à l'un des meilleurs, filmé par l'un des plus grands artistes d'Hollywood.

Une leçon d'histoire, de vie et de cinéma ... 

LINCOLN
Réalisé par Steven Spielberg
Sortie en salle le 30 Janvier 2013

Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l'esclavage. Cet homme doté d'une détermination et d'un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir.


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10 commentaires

  1. Bon film il n'y a pas à dire..
    Trop réducteur cependant & quelque peu à l'écart de la réalité historique à mon humble avis, trop centré sur le 13ème amendement & c'est un poil regrettable.
    Pour le reste Day-Lewis n'a pas volé son Oscar, il est Lincoln c'est indéniable.

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    1. C'est une bonne remarque, ce qui n'en fait pas un réel biopic, toutefois je trouve que cela résume bien le combat de cet homme pour l'égalité .

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  2. Beaucoup trop long pour le peu qu'il a à dire. Surtout il y a un cruel manque de rythme et au final, l'impact de Lincoln est très limité. Reste que Day Lewis est encore une fois brillant.

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    1. Et pourtant il y en a des choses a dire ...
      Sur l'homme, sur ses pratiques, sur la politique, sur la guerre ...

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    2. Exact et pourtant je trouve que Spielby ne s'est pas assez focalisé sur le personnage plutôt que le symbole politique. On ne le voit pas assez.

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    3. Je trouve qu'on a tout ce qu'il faut ...

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  3. Un film un peu trop long, mais c'est surtout Sally Fields, avec laquelle j'ai un peu de mal en général, et que je ne trouve pas excessivement convaincante ici. Mais cela reste une oeuvre essentielle sur Lincoln, avec une maitrise technique imparable (la scène du charnier de membres, très impressionnante).

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    1. Perso c'est une des séquences qui m'a le plus marquées du film. On retrouve la cruauté que l'on pouvait voir dans Schindler (même si on atteint pas le même impact).

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    2. @2flicsamiami
      Cela ne m'a pas gener meme si je peux comprendre qu'on trouve ça long ...
      Moi Sally Fields m'a plutot impressionner au final, bon en comparaison avec DDLewis ...
      Ceci dit le film est vraiment puissant ...

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  4. @borat

    Ce qui est bien fait, c'est que la scène est à la fois dure et banale, ce qui est assez atroce au fond

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