Interstellar

by - novembre 21, 2014


L'espace est un endroit qui a toujours fasciné l'homme, avec son lot de mystères, de peurs et d'exaltations. C'est bien la que se situe la contradiction qui nous habite, car depuis la fin de l'acharnement entre deux hypers puissances pendant la guerre froide sur la conquête spatiale, on veut pousser plus loin l'exploration, poser une base sur la lune pour certains, voir explorer Mars, mais a la moindre erreur de calcul c'est la mort, le vide et l'obscurité à jamais. Une incertitude qui pousse à l'imagination, a rendre possible ce qui ne l'est pas! Comment ? Par l'intermédiaire de la littérature, la télévision ou encore le cinéma. Ce dernier réserve encore plein de surprises, on peut même dire qu'entre 2013 et 2014, l'espace fut mis sur un piédestal, d'abord avec l'étonnant succès « public » de Gravity, réalisé par l'excellent Alfonso Cuaron mais aussi depuis peu avec la sortie du lumineux « INTERSTELLAR » du tout aussi doué Christopher Nolan ! C'est ainsi que deux ans après The Dark Knight Rises, que le londonien, aussi adulé que détesté, nous livre son odyssée spatiale, un film ambitieux, fruit d'une longue maturation qui a débarqué en France le 5 Novembre 2014 !

Au mois d'Aout 2014, le 19 plus précisément c'était le « Earth Overshoot Day », le jour de l'année, ou nous l'humanité avions déjà consommé une fois les ressources que la Terre peut nous fournir en un an ! (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/environnement/en-240-jours-nous-avons-consomme-ce-que-la-terre-peut-produire-en-2014_1568815.html) En résulte un déficit écologique, nous vivons donc a crédit sur le dos de la terre et quand on pense que dans les années 60 nous utilisions que ¾ des ressources, que ce seuil diminue inexorablement, le contexte écologique semble plausible et cela place l'histoire du film bien plus proche de nous !!!



Depuis plusieurs années, la Terre envoie des signes d’essoufflement évident, fruit d'une surpopulation croissante et d'une intense exploitation des terres arables, des tempêtes de sables se multiplient et détruisent les cultures (Phénomènes qui à déjà exister dans les années 30 sous le nom de Dust Bowl) , ceci rendant de plus en plus difficile la vie de la population ! Dans l'attente d'une réponse viable, les USA tournent leurs ressources vers l'agriculture, adaptant ainsi les cultures face aux menaces naturelles de la terre qui cependant reste a long terme condamnée !


On fait ainsi connaissance avec Cooper, agriculteur, ingénieur et ancien pilote d'essai. Il élève ses deux enfants en conciliant ses envies et leurs avenirs, notamment celui de sa petite fille Murphy, vive d'esprit et bien trop brillante pour son age, ce qui lui attire quelques ennuis. obnubilée par une « présence » dans sa chambre, Murphy attire ainsi son père, qui décèle autre chose, une anomalie gravitationnelle qui lui révèle les coordonnés d'une base de la Nasa … Cooper apprend stupéfait les projets de l'agence spatiale, trouver une planète habitable dans le sillage de la mission Lazarus ou créer une colonie pour donner une chance au genre humain ! Il choisit le risque qu'on lui propose, c'est ainsi que pour ses enfants, pour la planète et pour lui, Cooper s'embarque dans un voyage interstellaire ….

Depuis 2006, cette histoire complexe aura fait son petit bonhomme de chemin. Tout d'abord en développement chez Dreamwork, le film qui devait se baser sur les travaux du professeur Kip Thorne, ainsi que sur les divers travaux de Carl Sagan dont Jonathan Nolan avoue avoir beaucoup lu pour écrire le scénario ! Ce projet était promis a l'un des plus grands, le réalisateur Steven Spielberg !

Cette première mouture du scénario d'Interstellar, riche, complexe et profond promettait un film intéressant mais pour des raisons d'emploi du temps, Spielberg le lache en 2012 et cette histoire se retrouve sans commandant pour la mener au bout sauf que Jonathan Nolan a de la suite dans les idées et il propose a son frère le dit scénario. En mars 2013 l'annonce tombe, Christopher Nolan le réalisateur de Memento, de la trilogie Batman et d'Inception est officiellement annoncé comme le réalisateur d'Interstellar!




Quand une grande partie de Hollywood se goinfre de franchises, de remakes, de sequels, d'adaptations et de films en 3D, Nolan débarque avec une histoire originale basée sur les travaux d'un professeur, pour ensuite tourné en IMAX 70 mm ! Tout comme Cooper, Christopher Nolan s'attelle une fois de plus a pousser les limites du divertissement dans le seul but d'offrir un cinéma de qualité, a la fois simple, humain et réfléchi ! Pourtant il a tout pour faire « peur », c'est un film de hard sf qui utilise des concepts scientifiques avérés, les trous noirs, les trous de ver, donc l'approche scientifique dans le scénario fut approuvé par le professeur Kip Thorne. Malgré tout c'est aussi un film d'aventure et d'exploration spatiale qui offre son lot de frissons, d'actions et d'émotions.

Il ne faut pas s'y méprendre, c'est bel et bien un film de sf, il n'y a aucun doute la dessus, pourtant il est bien plus que ça ! Christopher Nolan s'impose en explorateur des temps modernes et dans la veine des pionniers de l'espace, il explore inexploré, tourne ses yeux vers les étoiles pour permettre a Cooper, Murphy ou encore Brand d’être son relais a l'écran ! Et avec incertitude Christopher Nolan allie mathématiques et CGI pour repousser les limites de l'espace alors que l'amour dépassera les limites visibles de l'humain !

Les mathématiques au service du Cinéma ?

Quand un professeur renommé comme Kip Thorne collabore avec les frères Nolan, on peut s'attendre a une certaine dose de rigueur et de réalité ! Ce qui est le cas car Kip Thorne, célèbre pour ses travaux en astrophysique, physique et relativité générale, pose deux conditions, rien de ce qui sera écrit doit aller contre les lois de la physique et que toutes originalités viennent de la science et non du cerveau d'un scénariste fou ! Ce qui est une bonne idée, les concepts qui reviennent le plus sont explicitement décrits et expliqués, le trou noir et son influence sur le temps, le principe du trou de ver … Des phénomènes physiques décrits a l'écran d'une façon unique par les effets visuels mais aussi par la collaboration de Kip Thorne avec le studio de SFX. il leurs a fourni ses équations « théoriques » pour modéliser un « trou de ver » ainsi qu'un « trou noir » par une simulation sur ordinateur, un travail de titans (800 to de données récupérées) pour un rendu aussi beau que surprenant!





Des planètes à un « trou de ver » près ?

Si les équations de Thorne et le boulot des équipes de SFX ont donné un résultat, ils permettent aussi de rendre perceptible des phénomènes en « théorie » possibles mais qui restent quand même très hypothétiques ! Une phrase dite par Cooper résume bien ce qu'a fait Nolan !

« We used to look up at the sky and wonder at our place in the stars, now we just look down and worry about our place in the dirt. »
Il ne se contente pas de donner ce que l'on attend pour un blockbuster de 165 millions de dollars, il veut plus, il veut être au dessus et se démarquer, tel que le fond ses personnages qui pour s'en sortir, doivent aller plus loin que ce qu'ils connaissent ! Une logique qui pousse Nolan a nous offrir un tel spectacle, il va de soit sans la 3D, mais avec des images inédites sur ce que sont les trous noirs et trous de ver, livrant par leurs intermédiaires des scènes fortes, angoissantes et réellement spectaculaires le tout magnifié par une musique d'un Hans Zimmer des grands jours!



L'amour par delà le temps et l'espace !

Le pragmatisme devrait faire foi, si on regarde la situation de la terre dans Interstellar, pourtant grand nombre des personnages sont poussés par une émotion beaucoup plus humaine « L'amour »! Un sentiment fort et contradictoire qui prend plusieurs formes, filial, fraternel, amical mais aussi qui transcende, qui pousse a aller au delà de soi malgré les danger. Et c'est ce dont parle le film, d'amour, de tendresse et cette relation filiale Cooper/Murphy que Nolan dépeint, apporte une dose d'émotion sincère, tendre et déchirante, qui évoluera avec le « temps » et le montage du film qui fait progresser les histoires en parallèles, alterne les points de vues de façon pertinentes ou l'amour entre ces deux personnages les amène a se consacrer corps et âmes a la Terre ! Et dans un final purement onirique et poétique, a base de trou noir, de tesseract et de voyage dans le temps, Cooper pousse l'amour a son paroxysme ….


Au delà du destin d'une mission spatiale, il est aussi question du destin de l'humanité ! Laisser en second pendant une majorité du film, Christopher Nolan y place une allusion par l'intermédiaire du projet Lazarus ! Cette expédition de douze hommes partie pour trouver une terre d'accueil. Le mot essentiel c'est Lazarus ou encore Lazare en français qui est un personnage de la bible, il apparaît dans le nouveau testament, sa particularité ? C'est d'avoir ressuscité 4 jours après être mort d'une douloureuse maladie ! L'analogie avec le destin des hommes est donc intéressante, car Lazare symbolise l'humanité ! C'est l'histoire d'une seconde chance, une occasion de changer de mentalité, de faire preuve de discernement pour ne pas chuter à nouveau. Cette « résurrection » spirituelle passe par l'épreuve de l'agonie et de la mort pour Lazare, ce qui se réfère a la dégradation perpétuelle de l'environnement et a la mort programmée de la vie humaine sur terre ! Une seconde chance est alors offerte a Lazare, elle se matérialise dans Interstellar par l'abnégation dont fait preuve l'humanité pour trouver une solution pérenne et s'en sortir !!! Une symbolique discrète et pertinente pour souligner l'optimisme ainsi que la foi que porte Nolan en l'homme !


Résolument ouverte et optimiste, la fin d'Interstellar conclue avec brio une histoire limpide. Film de Hard S.F qui s'assume, entre des dialogues travaillés mais accessibles, des phénomènes physiques comme le Trou de ver et le trou noir clairement expliqués, sans détour ni piège, l'histoire va crescendo !!! C'est grâce a un rythme maîtrisé, habilement monté ou la partition de Hans Zimmer sortie de sa léthargie de plusieurs années,il compose enfin quelques choses de différent ! Jamais dans le spectaculaire pour le spectaculaire, Nolan donne un sens a chaque scène fortes, qu'elles soient sur terre (les tempêtes de sable) ou dans l'espace tout est justifié par une mise en scène maîtrisée, personnalisée par une direction de la photographie de qualité signée Hoyte Van Hoytema ! Toutefois Christopher Nolan n'évite pas quelques ellipses un peu abruptes, ou une certaine prévisibilité par moment, notamment sur la seconde planète explorée mais quand un long-métrage aussi dense et riche commet quelques erreurs … N'est ce pas au fond une preuve que le réalisateur est comme nous, humain ?

Pour donner vie a ces personnages Christopher Nolan réunit un casting de choix fait d'acteurs en vogue et de collaborateurs réguliers ! C'est ainsi que l'élégant Michael Caine signe sa 6 eme collaboration avec Nolan et qu' Anne Hathaway revient après avoir été une certaine Catwoman ! Mais les têtes d'affiches sont Cooper et sa fille Murphy, qui hérite tout deux de ce qui se fait de mieux à Hollywood. Matthew McConaughey a une fois de plus un rôle fait pour lui, une imposante figure paternelle, a la fois inspirante et protectrice ou il fait preuve d'une grande sensibilité ou seul son accent si particulier du sud des USA nous rappelle qu'il a les pieds sur terre ! Pour Murphy elle sont trois mais seulement deux d'entre elle sont mises en avant ; jeune c'est la surprenante Mackenzie Foy qui l'incarne, une actrice pétillante, vive et profondément attachante qui vole presque la vedette a son papa … du coup quand Jessica Chastain prend le relais, on est directement en empathie tant elle se cale sur les pas de sa jeune partenaire, sans fioriture et avec une délicatesse hors du commun !


Vers l'infini et au delà ... 
Une Odyssée spatial a l'épreuve de l'amour ! 

Poster crée par Simon Delart

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8 commentaires

  1. Un des meilleurs films de l'année, à la fois terriblement beau et grandiose visuellement. Voilà le genre de blockbuster que je veux voir au cinéma.

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    1. Si seulement c'était ça ! J'en redemande aussi des films comme Interstellar mais bon ...

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    2. Malheureusement pour un film de ce type tu as dix Hercule. Je caricature malheureusement que trop bien.

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    3. C'est assez vrai malheureusement !
      Bon c'est film la ne marche pas tous et c'est tant mieux quand on voit le résultat !

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  2. J'ai mis du temps pour aller voir ce film mais j'ai finalement trouvé du temps. Je n'aime pas forcément les autres films de Nolan mais je dois avouer ici que le réalisateur m'a bluffée. Magnifique visuellement, le film est également très émouvant. Les presque 3h sont très vite passées et j'ai trouvé le film accessible (je redoutais ces deux aspects). J'ai également aimé le casting et la musique délicate et enivrante de Hans Zimmer.

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  3. Tu as raison, Nolan propose des œuvres de qualité. Interstellar est un long-métrage qui ne s’oublie pas. De plus, je peux même m’asseoir et le revoir avec le même plaisir que j’ai eu la première fois que je l’ai visionné.

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    1. Content qu'il vous ai plus !
      Le film peut paraitre complexe mais il est d'une grande limpidité, ceux qui doit l'aider a etre si accessible !

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