Ring

by - septembre 11, 2018



RING
de Hideo Nakata


Si le key maker de ce blog, vous dit un jour, « Tu peux regarder ce film, il ne fait pas plus peur que l'un de ceux de Kiyoshi Kurosawa », ne lancez pas le film.

Deux adolescentes gloussent dans l'une de leur chambre. L'une raconte à l'autre une légende urbaine. Il paraîtrait qu'une cassette vidéo circule. Si vous la regardez, une semaine après vous mourez, après un coup de fil. Tomoko la deuxième fille, passe aux aveux, et raconte qu'elle a vu avec trois autres amis cette fameuse cassette... le téléphone sonne.

Ce film s'inscrit dans une continuité. Il est un maillon tout comme la genèse d'autre chose. C'est avant tout l'adaptation d'un roman de Koji Suzuki écrivain japonais qui a pour genre de prédilection la science fiction et pour particularité de réfléchir sur les relations humaines. Il est à l'origine de deux autres films estampillés Ring (Ring 2, et Ring 0). je vous laisse deviner lequel est le sacro-saint préquel... mais aussi d''une autre suite, qui se focalise sur l'un des personnages qui se nomme Rasen et puis on trouve aussi des remakes coréen et américain. Et cela ne concerne que le Japon. Car évidement le succès des "ring" asiatiques aidant, il y a eu des remakes américains. Le film dont nous parlons aujourd'hui est donc le premier.
C'est avant tout une prouesse scénaristique que l'on doit à Hiroshi Takahashi. Il rythme et chapitre son film comme une enquête. Une enquête sur cette cassette dans un premier temps, puis sur ce qu'elle contient. En mettant en place un compte à rebours, nous indiquant les jours sans pour autant que nous soyons sure du point de départ. Il créé un rythme, et une ossature à ce qui est une histoire traditionnelle de fantômes japonais, un Yurei Eiga. Et de manière quasi scolaire il reprend les marqueurs forts.
Il met en place un climat propice. Je lisais que traditionnellement au Japon, on pensait que l'univers était régit par des lois floues et incompréhensibles auxquelles l'homme ne pouvait faire face, ce qui expliquait le surnaturel. Et dans le film c'est ce qui se passe :mis devant le fait accompli dès les premières minutes, on est prêt à tout accepter. Comme le personnage qui a quelques pouvoirs de médium. Il est présenté avec tant de minutie, de délicatesse, par petites touches, tout parait crédible. ce personnage rend tout possible; il permet à l'histoire de parler de la société japonaise tout en faisant de lui un vecteur, et enrichissant alors d'autres personnages. 
A partir du moment où le climat est installé, le scénario déroule. Il installe son histoire dans le folklore traditionnel, s'inspirant d'une femme qui a vraiment existé pour le personnage de Yamamura et qui se suicida dans les mêmes circonstances. La scène où elle se brosse les cheveux étant elle copiée sur un extrait du documentaire qui lui a été consacré. 
Le scénario installe une yuurei un fantôme féminin et vengeur. Il reprend les caractéristiques que Lafcadio Hearn (dont je vous ai parlé pour l'excellent kwaidan, et dont je vous conseille de googler le nom, tant la vie de cet homme est passionnante) avait décrit pour son fantôme en colère Yuki Onna (la femme des neiges) et qui sont devenues aujourd'hui le nouvel uniforme de ce genre de personnage. Elle est belle, longiligne, avec un teint «inhumainement» pale, de long cheveux très noirs et très longs, et elle porte un kimono blanc couleur du deuil au japon. Kimono qui s'est transformé en robe avec le temps.
Elle n'a pas de visage, ou en tout cas on me le voit pas. Elle a une démarche particulière, dans les yurei eiga, ces fantômes bougent peu, ils apparaissent puis ils se mettent à se mouvoir de manière progressive déshumanisant encore un peu plus la silhouette. Ici c'est la jeune actrice Rie Inoue, étudiante en théâtre Kabuki qui fait un travail extraordinaire. Elle utilise des mouvements exagérés, quasiment étirés pour souligner l'émotion. De plus elle a été filmée marchant en arrière et a été monté à l'envers. Ceci donne une démarche incroyable et digne de ce que doit être un de ces fantômes japonais.
Car oui ce film n'est pas qu'un scénario à première vue un peu bateau, mais plus que malin; c'est aussi un travail sur l'image qui prouve la maîtrise de ce réalisateur. Il utilise plans fixes, et cadrage intelligent pour installer une tension dans l'histoire et ne jamais la faire baisser. À partir du moment où elle vous saisit,
elle ne vous lâche plus, même plusieurs heures après avoir vu le film. Et sur moi ça marche beaucoup plus que ce que peut être un film américain. Pas d'hémoglobine, peu de cris, pas de grand couteaux, juste un frisson le long de la colonne vertébrale. Mais là, on est plus dans la sensibilité qu'autre chose.
Il y a aussi quelque chose, qui m'a fait penser fort à l'oeuvre de kiyoshi Kurosawa, c'est l'art de la coupe. Ce moment de couper les plans, ne laissant voir que ce qu'il veut au spectateur, lui faisant supposer plus qu'autre chose. Attisant notre angoisse en soufflant le chaud et le froid.
Rajouter à cela le choix des couleurs, toujours ternes et froides qui asseyent le mal etre.
Je vous parlais du travail de Rie Inoue, mais elle n'est pas la seule. Le casting finalement pas si nombreux que ça est génial. Reiko est interprétée par Nanako Matsushima qui imprègne ce film d'une douceur et d'une détermination bouleversante. Hiroyuki Sanada, est Ryuji un homme qui se dévoile au fil du film et qui est probablement celui qui parle le plus de la société japonaise dans ce film. C'est une performance pleine de charme et de forces. Rikiya Otaka est yoichi, petit bonhomme de six ans, qui subit plus sa vie qu'autre choses. Il est la candeur incarnée.

N'écoutez pas le key maker de ce blog, ce film fait peur, il est angoissant et laisse une emprunte en vous. si ce n'est qu'une fois écoutez moi, et regardez ce film. Mais faites comme moi éteignez vos téléphones

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