Ring Ø: Birthday
Sur
les trois « Ring » que l'on trouve dans le coffret
qu'avait édité Canal, il y en avait un que je n'avais pas vraiment
envie de découvrir, c'est « Ring 0 ». Pour une simple et
bonne raison que je n'aime pas les préquels, surtout quand ils
arrivent après deux films. L'autre problème, c'est que lorsqu'on se
penche sur « Ring » et « Ring 2 », on se
demande comment ils vont nous raconter le passé de Sadako, car d'un
film à l'autre, ce personnage est différent. Bref rembobinez votre
cassette, évitez les puits et le bord de mer et installez vous, on
va parler de « Ring O ».
« Une
trentaine d'années avant les événements de Ring,
vivait encore celle que l'on connaît sous le nom de Sadako
Yamamura... Jeune fille d'une vingtaine d'années, très belle mais
d'une timidité quasi-maladive,
Sadako est quotidiennement en proie à ses pouvoirs paranormaux, et
vit seule, avec ses souvenirs de sa mère défunte : Shizuko
Yamamura. Le théâtre est un moyen d'évacuation, et elle s'y
investit tout entière. Hélas, son arrivée dans une troupe de
théâtre concorde avec une série d’événements étranges et
inquiétants … »
Sans
être une claque monumentale « Ring 0 » est un film
intéressant et qui est loin d’être aussi mauvais qu'on peut
le lire ici et là sur internet. Le réalisateur Norio Tsuruta,
accompagné par le même scénariste que les précédents films, à
la lourde tâche de passer après Hideo Nakata. Il choisit pour ça
de nous conter un préquel, qui nous prend à contre-pied, passant du
film de fantôme vengeur, au film dramatique d'inspiration
gothique. Sadako n'est plus un spectre vengeur, mais le produit d'un
environnement hostile, qui n'a jamais su la protéger.
Le
scénario que l'on nous sert dans ce film a bien des faiblesses,
notamment des incohérences notables avec « Ring » qui
rendent l'ensemble fragile. Toutefois l'histoire de « Sadako »
telle qu'elle est contée à le mérite de donner un tout autre
regard sur le personnage que l'on a découvert par le prisme d'une
VHS maudite. On se retrouve trente ans en arrière, à l'époque ou
Sadako fréquentait le lycée. Un endroit difficile pour elle, car
elle a des pouvoirs et surtout une personnalité double, qui tend
parfois à se manifester, ce qui ne l'aide pas à se sociabiliser,
sauf lorsqu'elle participe à la troupe de théâtre de
l'établissement ou elle se trouve. C'est ainsi qu'on est loin la
jeune femme menaçante, elle ne rêve que d'une vie normale et
d'amour, sauf qu'elle est hantée par son côté sombre et ce qu'il a
pu provoquer par le passé. Elle engendre ainsi malgré elle, la
haine, le ressentiment et la peur.
Une
désacralisation de « Sadako » qui a le mérite
d’être bienvenue, même si cela veut dire ne plus voir
« Ring » du même œil ! Car désormais ce
personnage à des motivations, un passif tragique qui nous pousse à
avoir de l'empathie envers elle, alors qu'elle nous était toujours
apparue comme un spectre vengeur impitoyable. Dans un sens cela peut
paraître totalement incohérent, alors que si on y réfléchit, ce
n'est pas aussi simple. Sadako ne fait pas que tuer des gens à
travers l'intermédiaire d'une cassette, elle reproduit ce qu'on lui
à fait subir, en faisant ressortir les plus vilains côtés de
l’âme humaine ou les gens vont constamment se perdre dans les
méandres de la cassette, par avidité, orgueil ou égoïsme.
Ce
cœur d'intrigue est passionnant, presque poignant, ou l'on assiste
impuissant au destin tragique de « Sadako », qui est
brillamment interprétée par Yukie Nakama. Mais voilà, une fois
encore, il ne s'agit que d'une partie d'un film, la meilleure et qui
ne reflète pas la qualité réelle du long-métrage de Norio
Tsuruta. Il mélange allègrement les genres sans faire attention à
ce que cela va donner ! On est là et on voit de la romance, de
la vengeance, du drame ou encore du teenage movie, sans qu'il y est
un semblant de cohérence qui s'en dégage. De plus, les nombreuses
références jetées à la vite comme « Carrie au bal du
diable » ou « Le Fantôme de l'Opéra » se
révèlent être aussi inutile que mal digérée.
Bref
si le cœur du film est intéressant, on ne peut pas en dire autant
de son enveloppe …
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