2046

by - avril 17, 2018


2046
de Wong Kar-wai

Il y a un peu plus d'un an que j'ai découvert In the Mood for love, et je suis tombée amoureuse de ce film. Alors nous avons acheté le dvd de 2046 qui en est la suite. Je n'ai pas eu envie de le voir avant, j'avais peur d’être déçue.

Chow personnage central du précédent film, décide de rentrer à Hong Kong. Il passe de fête en fête, de femme en femme, et de livre en livre.
Chow est le principal marqueur qui nous renvoie au film qui le précède. Toujours interprété par Tony Leung, avec son jeu parfaitement adapté; précis, charismatique voire hypnotique. Tout ce talent permet de rendre crédible l'évolution de ce personnage qui passe d'époux délaissé, d'homme amoureux, attentif et respectueux. A cet homme qui se perd dans les bras des femmes pour s'oublier, et qui en paye certaines, prenant soin de ne pas prendre en compte leurs sentiments.
Si un chose reste constante, c'est la photographie. Elle est toujours orchestrée par Christopher Doyle. Elle est brillante, les couleurs sont chaudes et profondes. Les verts sont parmi les plus beaux que j'ai pu voire dans un long métrage. Et il est bon de constater que cette identité perdure lorsque Wong Kar-Wai met en images le roman de Chow. Le travail sur les contrastes, et sur la profondeur des couleurs est impressionnant. Tout comme la réinterprétation d'une des scènes symboliques du premier ou l'on confie un secret à un trou dans un arbre. Et quelque soit le film, c'est un secret d'amour.
Si je pense à in the mood... je revois la sublime silhouette de Maggie Cheung et ses robes incroyables, si proches de son corps parfait avec ses cols hauts qui mettent en valeur son visage fin et son port de tête. Ici on retrouve ces costumes sublimes. Ces robes incroyables viennent habillées Bai et Lulu. Et Chow garde aussi son style. Ses costumes impeccables et élégants, son port altier. Seule une moustache vient entachée la perfection du précédent film.
Il y a de fortes discontinuités entre ce film et le précédent, et pas seulement une moustache. Au départ Wong Kar-Wai, imaginait trois films, un pour le passé, un pour le présent et un pour l'avenir. Mais comme le passé et le présent influence l'avenir, il a décidé de n'en faire que deux, et de rajouter une couche au mille feuille qui est l'histoire du roman. C'est quelque chose qui se sent dans le film. Il manque une fin. Un épilogue, moi comme le personnage de Wang j'aime les happy ends, mais juste une fin marquée m'aurait suffit. Plus que la scène finale si triste de ce film qui ne conclue rien.
Ce film a mis du temps à se faire. Il s'est passé quatre ans entre la sortie des deux films, et Wong Kar-wai y réfléchissait depuis le milieu des années 90. De nombreuses personnes ont quitté le projet, et Maggie Cheug a claqué
la porte et les quelques apparitions de son personnage, ne font que souligner le manque. Du coup le scénario prend le partie de multiplier les conquêtes de notre héros. Celle qui lui apprend à danser le chacha, celle qui l'aime mais qu'il n'aime pas, celle dont il est amoureux mais qu'elle n'aime pas, et quelques autres. Soyons clair, moi voir jouer Faye Wong ou Carina Lau avec Tony Leung, ça me fait palpiter le cœur. A partir de là je deviens très bon public. Et il faut dire qu'ici toutes les actrices Zhang Ziyi comprise, jouent juste. Elles portent chacune en elle une part de désespoir qu'elles font perler par moment. Elles sont magistrales, en face d'un Leung tellement attentif et présent pour les mettre en valeur. Cependant le personnage de ce long métrage est assez différent du Chow que j'imaginais. Mais pourquoi pas, nous avons tous différentes facettes. Puis chacune de ces femmes symbolise une étape dans l'acceptation de ce qui s'est passé dans le film précédent . D'ailleurs le roman n'est il pas l'allégorie, de ce qu'il vit. Et nous voici encore avec la question de la part du créateur dans une œuvre. D'ailleurs Chow dit que le but du départ pour 2046 et de retrouver les souvenirs perdus. Et que personne n'en est revenu... et c'est bien ce dont il rêve.

Les symboles sont très présents dans ce film. À tel point que je ne suis pas toujours sure de ce qu'ils peuvent bien représenter. Le premier étant 2046 qui fait référence à la fois au film précédent, mais aussi au titre du livre dont je vous parlais. Là il fait clairement le lien.
Mais on retrouve aussi un récurrence du nombre 10. 10 dollars qu'il donne régulièrement à Bai, 10 dollars qu'il touche à chaque pige, ou les dix pour cent qu'il donne à la «migale», et je pense que j'en oublie . Je n'ai pas compris ce que cette évocation pouvait amener au film.
Les femmes aussi symbolisent des étapes, mais il est drôle de remarquer que celle dont notre héros tombe amoureuse est encore celle qui l'aide à écrire.
2046 ramène à autre chose, à une autre facette de ce film, son ancrage dans l'histoire. Lorsqu'il commence à penser à ces films, l’Angleterre est en train de rétrocéder Hong Kong à la Chine. Chine qui promet que rien ne changera pendant cinquante ans, jusqu'en 2046.
et dans ce film, Wong Kar-Wai décide de donner plus d'importance à cette ville que dans ses précédents films . Il contextualise son histoire, et les mouvements qui la traverse .

Il est dure pour moi de vous dire ce que je pense de ce film. Si on le prend comme une suite on peu faire un bilan contrasté. On perd sur le coté simple de l'histoire. On perd de la sensualité, et de la confidentialité. Tout ce coté contemplatif, que l'économie des personnages, permettait et que le thème musical retranscrivait si bien. Cependant on garde les marqueurs forts à l'image , comme cette photographie luxueuse. Mais le casting est tellement plus riche, ces actrices et Tony Leung sont tellement extraordinaires, que ce film est un pur moment de plaisir.
Je dirai que j'aime ces films, mais il faut arriver à les dissocier

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