THE OUTSIDER
de Martin Zandvliet
Si
vous êtes un visiteur assidu, de ce blog, vous savez à quel point
j'aime la musique de Jared leto. Vous savez que sa Rayon m'a
bouleversée et est encore l'un de mes personnages préférés au
cinéma.
Martin
Zandvliet est le réalisateur du très beau
land of mine
(les oubliés)qui m'avait bouleversé l'année dernière, et qui
m'avait fait découvrir une partie de l'Histoire de la seconde guerre mondiale. Rajoutez à cela la présence de plusieurs acteurs
japonnais que j'ai eu le bonheur de découvrir dans d'autres films
l'année dernière comme Tadanobu Asano dans l'inoubliable vers l'autre rives
ou encore dans 47ronin
ou jouait également Min Tanaka. Et imaginez à quel point
j'attendais ce film.
1954 un américain est enfermé dans une prison japonaise. Alors
qu'il fait le ménage dans la salle des douches, il trouve un homme
pendu, appel les gardiens... et se fait condamner au cachot pour
cela. Quelques jours après l'homme qu'il a sauvé, après avoir été
tabassé, est jeté dans la même cellule que lui. Ils finiront
libres tous les deux, et kiyoshi,l'homme en question l'introduira
auprès des yakuza.
Ne nous mentons pas, vu mon attente, ce film est quand même une
demi déception. Son point faible le scénario. Je ne
suis pas en mesure de juger la qualité du film de mafieux et de
yakuza. Pour une raison principale, je n'aime pas ce genre. Même si
étrangement à cause du «key maker» de ce blog , les films de
yakuza sont encore ceux que j'ai vu le plus. Je ne suis donc pas en
position pour théoriser dessus, et absolument pas légitime.
Mais pour le reste, il y a matière à parler.
Ce film a avant tout un gros problème de positionnement. Si je
peux me permettre, il a le cul entre deux chaises. Il y a tout un pan
de l'histoire, qui nous parle d'un «chien errant» qui finit par se
trouver; qui finit par trouver une famille, des frères, un père, un
amour. L'histoire d'une évolution. Alors elle est dans le film, le
scénario jalonne le récit de ces changements, mais jamais il ne
s'appuie complètement sur cela. Ou pour être précise, jamais le
scénario investi totalement ce pan de l'histoire. La transition
entre l'homme nageant dans ses habits, habillé à la Brando, avec
jean , tee-shirt aux manches retournées, et perfecto sur l'épaule,
et celui avec un costume parfaitement taillé qui semble à sa place
dans son histoire est très vite présente dans l'histoire. Mais ce
fil n'est jamais tiré, ni cet aspect réellement exploité.
Il y a un autre coté, assez nauséabond, en ce qui concerne la
place de l'américain.
Il semble avoir, le courage, la détermination, voire la loyauté
que d'autres n'ont pas. C'est parfois super gênant. Si pendant une
partie du film, s'est noyé dans la masse du récit; et pour faire
passer la pilule on le traite d'arrogant (alors qu'à l'écran ce
n'est pas vraiment présent en tant que tel). Les choix
scénaristiques de la fin me laisse dubitative. De plus,le scénario
ne se positionne jamais réellement sur Nick. Lui, s'il est
américain, rapidement ne se pense plus en tant que tel. Les propos
racistes contre les japonnais réveille sa violence comme très peu
d'autres choses dans le film. Mais par une écriture mal fichue et
des raccourcis de réalisation. Il reste représentatif de ce qu'il
n'est plus. Je pense que lorsqu'il tue son ancien frère d'armes,
c'est son ancienne identité aussi qu'il enterre. Tout ça laisse
celui qui regarde ce film, dans une situation peut agréable.
Autre
problème de base.... mais qu'est ce qu'il fiche là, Nick? Pourquoi
il est emprisonné au japon. Au moment où se déroule le film, la
guerre est finie depuis presque dix ans. L'occupation américaine, en
tant que telle, s'est achevée depuis un an. Alors il reste des
soldats américains en faction (ils y resteront encore pendant
plusieurs décennie), mais pourquoi est-il là? Ensuite il faut
attendre la moitié du film pour apprendre qu'avant c’était un
soldat. C'est un postulat étrange.
Je me permets de glisser un mot
sur la vision de la femme qui souffre de la même schizophrénie que
le reste du film. Il y a un discours bien odieux sur la virginité,
portait par des personnages qui ne sont pas du tout dans ce genre
d'état d'esprit. Et dans les derniers moments du film, Miyu a un
discours de femme forte, sur ce qu'elle attend d'un homme... et comme
un soufflet ça retombe, et on revient à un fonctionnement archaïque
à la fin...
Quant à l'histoire elle même, on anticipe chaque élément qui
va se produire. Le traître, apparaît en tant que tel dans me
premier quart d'heure. J'ai du mal à comprendre ce qui provoque ce
sentiment. Une trame, peu originale, d'accord. Mais je pense aussi
que le nombre de clichés véhiculés y est pour beaucoup. On peut
faire un bingo des stéréotypes sur le Japon. À l'exception des
geishas, des pagodes, et des cerisiers en fleurs on a tout: la
cérémonie, le saké, les costumes des yakuza, les tatouages
traditionnels, la sœur du bandit, les sumo, les guerres
d'influences..... mais vous ne verrez pas la crise sévère qui
sévissait à ce moment là au japon. Crise qui nourrissait, les
yakuza, non.
J'ai rarement eu autant à dire sur un scénario. Je pense que
c'est en partie provoqué par la multitude de projets autour de cette histoire. Il y a eu au par avant deux autres tandem, acteurs et
réalisateurs qui ont travaillé sur lui. Jamais il n'ont pu le
monter. Et d’après ce qui a pu en être dit ce scénario a parfois
eu des accents très différents, voire racistes.
Malgré tout ça, la réalisation essaie de surnager.
D'abord le tandem Camilla Hjem Knudsen et Martin Zandvliet, elle a
la photo et lui à la réalisation, je l'avais déjà vu à l’œuvre
dans leur précédent film. Mais là c'est totalement différent. La
maîtrise des palettes de couleurs, leurs intensités, est
saisissante.
Le film majoritairement parlé en japonnais amène un chouia
d’authenticité dans cet univers très stéréotypé.
La composition de l'image est toujours soignée et propre, la
caméra est très souvent dans un premier temps bien posée, et se
met à bouger de manière énergique dans ce cadre bien dessiné. A
l'écran ça donne quelque chose de contenu, et finalement pas très
explosif.
Des le départ le réalisateur ne cachait pas sa joie de
travailler avec Jared Leto. Et on peut se demander s'il n'était pas
un peu trop fasciné par lui.
Il y a tout un pan du film, où la couleur n'est là que pour
flatter le physique de son acteur. Le début tout en nuance de gris
bleus, raccord avec les décors, et les yeux de l'acteur. Ce n'est
pas beau, ça se retrouve beaucoup voire de plus en plus dans les
films.Mais ça ne flatte personne. Ensuite il est sur tout les plans.
Moi, ça ne me dérange pas, mais j'avoue qu'il n'est pas le plus
représentatif des yakuza. Au sein de notre foyer on s'est divisé,
et c'est rare. Et avec le recul, ce film nous a beaucoup fait parler.
Le «key maker» aurait voulu voir Jared Leto plus marqué, plus
buriné, mais une fois qu'on rase sa barbe, Jarde leto, est tout
lisse, pas une ride, pas une cicatrice. Il ne semble pas avoir
traversé la guerre, et les bagarres. Alors on lui a bien ajouté une
cicatrice à l'arcade dans le film,mais il trouve que c'est léger
(on remarquera du reste, qu'a chaque fois que Jared Leto tourne un
film où il doit avoir une cicatrice, elle est toujours au même
endroit). Son jeu, est toujours très investi, on aime où pas. Ici,
sa voix est très basse, il est «a man on focus», et est contracté
et tendu tout le film, dans un contrôle total, comme son personnage.
Son jeu ne m'a pas étonné, car j'aime l'acteur, mais il a dérangé
Fred.
Tadanobu Asano, est sublime. Il est l'empathie de ce film. Cet
acteur est toujours absolument juste, il me bouleverse quand c'est un
spectre, je lui en veux quand il est méchant, et là je veux bien
qu'il m'adopte comme petite sœur.
Min Tanaka, a un jeu d'une puissance telle que je l'imagine sans
peine dans les classiques japonnais de Kurosawa. C'est toujours un
moment parfait de le voir jouer.
J'aurai
tellement voulu adorer ce film. Certaines de ses composantes m'ont séduite, ailleurs dans
un autre cadre, mais rassemblées ici, bien que toujours aussi
alléchantes, elles ne font pas un met goûteux. Probablement car le
fond n'y est pas. Et surtout car ce film a du mal à savoir qui il
est. Cependant il y a des choses sympas, des choses qui divisent,
alors si vous avez l'occasion regardé le et faites vous votre propre
opinion.
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