The Outsider

by - mars 22, 2018



THE OUTSIDER
de Martin Zandvliet

Si vous êtes un visiteur assidu, de ce blog, vous savez à quel point j'aime la musique de Jared leto. Vous savez que sa Rayon m'a bouleversée et est encore l'un de mes personnages préférés au cinéma.
Martin Zandvliet est le réalisateur du très beau land of mine (les oubliés)qui m'avait bouleversé l'année dernière, et qui m'avait fait découvrir une partie de l'Histoire de la seconde guerre mondiale. Rajoutez à cela la présence de plusieurs acteurs japonnais que j'ai eu le bonheur de découvrir dans d'autres films l'année dernière comme Tadanobu Asano dans l'inoubliable vers l'autre rives ou encore dans 47ronin ou jouait également Min Tanaka. Et imaginez à quel point j'attendais ce film.


1954 un américain est enfermé dans une prison japonaise. Alors qu'il fait le ménage dans la salle des douches, il trouve un homme pendu, appel les gardiens... et se fait condamner au cachot pour cela. Quelques jours après l'homme qu'il a sauvé, après avoir été tabassé, est jeté dans la même cellule que lui. Ils finiront libres tous les deux, et kiyoshi,l'homme en question l'introduira auprès des yakuza.
Ne nous mentons pas, vu mon attente, ce film est quand même une demi déception. Son point faible le scénario. Je ne suis pas en mesure de juger la qualité du film de mafieux et de yakuza. Pour une raison principale, je n'aime pas ce genre. Même si étrangement à cause du «key maker» de ce blog , les films de yakuza sont encore ceux que j'ai vu le plus. Je ne suis donc pas en position pour théoriser dessus, et absolument pas légitime.
Mais pour le reste, il y a matière à parler.
Ce film a avant tout un gros problème de positionnement. Si je peux me permettre, il a le cul entre deux chaises. Il y a tout un pan de l'histoire, qui nous parle d'un «chien errant» qui finit par se trouver; qui finit par trouver une famille, des frères, un père, un amour. L'histoire d'une évolution. Alors elle est dans le film, le scénario jalonne le récit de ces changements, mais jamais il ne s'appuie complètement sur cela. Ou pour être précise, jamais le scénario investi totalement ce pan de l'histoire. La transition entre l'homme nageant dans ses habits, habillé à la Brando, avec jean , tee-shirt aux manches retournées, et perfecto sur l'épaule, et celui avec un costume parfaitement taillé qui semble à sa place dans son histoire est très vite présente dans l'histoire. Mais ce fil n'est jamais tiré, ni cet aspect réellement exploité.
Il y a un autre coté, assez nauséabond, en ce qui concerne la place de l'américain.
Il semble avoir, le courage, la détermination, voire la loyauté que d'autres n'ont pas. C'est parfois super gênant. Si pendant une partie du film, s'est noyé dans la masse du récit; et pour faire passer la pilule on le traite d'arrogant (alors qu'à l'écran ce n'est pas vraiment présent en tant que tel). Les choix scénaristiques de la fin me laisse dubitative. De plus,le scénario ne se positionne jamais réellement sur Nick. Lui, s'il est américain, rapidement ne se pense plus en tant que tel. Les propos racistes contre les japonnais réveille sa violence comme très peu d'autres choses dans le film. Mais par une écriture mal fichue et des raccourcis de réalisation. Il reste représentatif de ce qu'il n'est plus. Je pense que lorsqu'il tue son ancien frère d'armes, c'est son ancienne identité aussi qu'il enterre. Tout ça laisse celui qui regarde ce film, dans une situation peut agréable.
Autre problème de base.... mais qu'est ce qu'il fiche là, Nick? Pourquoi il est emprisonné au japon. Au moment où se déroule le film, la guerre est finie depuis presque dix ans. L'occupation américaine, en tant que telle, s'est achevée depuis un an. Alors il reste des soldats américains en faction (ils y resteront encore pendant plusieurs décennie), mais pourquoi est-il là? Ensuite il faut attendre la moitié du film pour apprendre qu'avant c’était un soldat. C'est un postulat étrange.
Je me permets de glisser un mot sur la vision de la femme qui souffre de la même schizophrénie que le reste du film. Il y a un discours bien odieux sur la virginité, portait par des personnages qui ne sont pas du tout dans ce genre d'état d'esprit. Et dans les derniers moments du film, Miyu a un discours de femme forte, sur ce qu'elle attend d'un homme... et comme un soufflet ça retombe, et on revient à un fonctionnement archaïque à la fin...
Quant à l'histoire elle même, on anticipe chaque élément qui va se produire. Le traître, apparaît en tant que tel dans me premier quart d'heure. J'ai du mal à comprendre ce qui provoque ce sentiment. Une trame, peu originale, d'accord. Mais je pense aussi que le nombre de clichés véhiculés y est pour beaucoup. On peut faire un bingo des stéréotypes sur le Japon. À l'exception des geishas, des pagodes, et des cerisiers en fleurs on a tout: la cérémonie, le saké, les costumes des yakuza, les tatouages traditionnels, la sœur du bandit, les sumo, les guerres d'influences..... mais vous ne verrez pas la crise sévère qui sévissait à ce moment là au japon. Crise qui nourrissait, les yakuza, non.
J'ai rarement eu autant à dire sur un scénario. Je pense que c'est en partie provoqué par la multitude de projets autour de cette histoire. Il y a eu au par avant deux autres tandem, acteurs et réalisateurs qui ont travaillé sur lui. Jamais il n'ont pu le monter. Et d’après ce qui a pu en être dit ce scénario a parfois eu des accents très différents, voire racistes.

Malgré tout ça, la réalisation essaie de surnager.
D'abord le tandem Camilla Hjem Knudsen et Martin Zandvliet, elle a la photo et lui à la réalisation, je l'avais déjà vu à l’œuvre dans leur précédent film. Mais là c'est totalement différent. La maîtrise des palettes de couleurs, leurs intensités, est saisissante.
Le film majoritairement parlé en japonnais amène un chouia d’authenticité dans cet univers très stéréotypé.
La composition de l'image est toujours soignée et propre, la caméra est très souvent dans un premier temps bien posée, et se met à bouger de manière énergique dans ce cadre bien dessiné. A l'écran ça donne quelque chose de contenu, et finalement pas très explosif.
Des le départ le réalisateur ne cachait pas sa joie de travailler avec Jared Leto. Et on peut se demander s'il n'était pas un peu trop fasciné par lui.

Il y a tout un pan du film, où la couleur n'est là que pour flatter le physique de son acteur. Le début tout en nuance de gris bleus, raccord avec les décors, et les yeux de l'acteur. Ce n'est pas beau, ça se retrouve beaucoup voire de plus en plus dans les films.Mais ça ne flatte personne. Ensuite il est sur tout les plans. Moi, ça ne me dérange pas, mais j'avoue qu'il n'est pas le plus représentatif des yakuza. Au sein de notre foyer on s'est divisé, et c'est rare. Et avec le recul, ce film nous a beaucoup fait parler. Le «key maker» aurait voulu voir Jared Leto plus marqué, plus buriné, mais une fois qu'on rase sa barbe, Jarde leto, est tout lisse, pas une ride, pas une cicatrice. Il ne semble pas avoir traversé la guerre, et les bagarres. Alors on lui a bien ajouté une cicatrice à l'arcade dans le film,mais il trouve que c'est léger (on remarquera du reste, qu'a chaque fois que Jared Leto tourne un film où il doit avoir une cicatrice, elle est toujours au même endroit). Son jeu, est toujours très investi, on aime où pas. Ici, sa voix est très basse, il est «a man on focus», et est contracté et tendu tout le film, dans un contrôle total, comme son personnage. Son jeu ne m'a pas étonné, car j'aime l'acteur, mais il a dérangé Fred.
Tadanobu Asano, est sublime. Il est l'empathie de ce film. Cet acteur est toujours absolument juste, il me bouleverse quand c'est un spectre, je lui en veux quand il est méchant, et là je veux bien qu'il m'adopte comme petite sœur.
Min Tanaka, a un jeu d'une puissance telle que je l'imagine sans peine dans les classiques japonnais de Kurosawa. C'est toujours un moment parfait de le voir jouer.

J'aurai tellement voulu adorer ce film. Certaines de ses composantes m'ont séduite, ailleurs dans un autre cadre, mais rassemblées ici, bien que toujours aussi alléchantes, elles ne font pas un met goûteux. Probablement car le fond n'y est pas. Et surtout car ce film a du mal à savoir qui il est. Cependant il y a des choses sympas, des choses qui divisent, alors si vous avez l'occasion regardé le et faites vous votre propre opinion.

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