Phantom Thread

by - mars 18, 2018




PHANTOM THREAD
de Paul Thomas Anderson


Je ne suis pas une grande amatrice des films de Paul Thomas Anderson. Mais malgré tout j'ai vu la majorité de sa filmographie. Le dernier que j'avais vu au moment de sa sortie était the Master, film qui m' a convaincu de ne pas voir vice, celui qui a suivit, tant il m'avait déplu. Les oscars étant passés par là, on a regardé phantom thread

Reynold Woodcock est le couturier référence des années 50 à Londres. Il habille la bonne société européenne et des princesses. Il partage ça avec Cyril, sa sœur, totalement dévouée à lui et à leur atelier de couture. Un jour épuisé après son défilé, il part dans leur maison de campagne. Alors qu'il s’arrête pour prendre un petit déjeuner, il est servi par Alma. À l'opposer des précieuses capricieuses qu'il a l'habitude d'habiller. Il tombe sous le charme de sa spontanéité et sa sublime silhouette atypique...
ce film est avant tout d'une facture sublime. Les décors et les lumières sont étudiés. Ceux de l’hôtel particulier londonien ne sont que contrastes. Les lieux où sont reçus les clientes ne sont que lumières blanches et blancheure lumineuse des lieux. Le bureau, sanctuaire de Cyril n'est que de couleurs froides, tandis que la chambre de Reynold toujours filmée dans la pénombre est très austère.Quant à la salle où ils se retrouvent pour manger, elle s'habille différemment en fonction des moments. C'est un théâtre avec la scène et ses coulisses. L'élément de transition est un escalier en bois, majestueux. Escalier où le positionnement de nos personnage n'est jamais gratuit.
Les costumes sont sublimes, ils sont à la fois d'époque et parfois ont un charme suranné. Ils sont toujours très élaborés. Et ont valu un oscar à Mark Bridges.
La réalisation est très classique la majorité du temps, le fait que le film soit principalement filmé en intérieur donne lieu à une image construite régulièrement avec des champs contre champs,ou par une caméra posée bien sagement. C'est propre, comme tout dans ce film. Il y a cependant des petits moments de poésie. Comme lorsque la caméra virevolte autour d'un jupon de robe de mariée, mettant à la fois en lumière les petites mains de cette maison, mais aussi les anonymisant, et montrant l'intensité de leur labeur.
Ce film est cliniquement beau, froid, est impeccable à l'image.
Mais.....
mais ce film ne m'a jamais parlé.
D'abord pour le portrait qu'il esquisse de la famille et des enjeux. Le rapport entre Cyril et son frère, des le début semble beaucoup trop complexe pour qu'une troisième personne puisse trouver une place à leur coté.
Le rapport que Cyril et Reynolds ont à leur mère morte, et tout ce qui se joue de malsain autour de la robe de mariée qu'il a créé pour elle. Qu'est ce que ça implique de faire coudre par son fils adolescent sa robe de mariée? Et dans quelle mesure tu laisses ta fille se sacrifier pour que toi tu te maries? Questions abordées, mais pas forcément approfondies. 
Tout comme l'espace offert à Cyril pour s'exprimer. Si au début on voit combien
elle peut être une composante compliquée à gérer. Le film la rend de plus en plus rare, elle devient l'égale de ses bibelots luxueux qui font parti de l'image. Chacune de ses interventions est un peu toujours la même. Elle est le marqueur que quelque chose va mal. Heureusement elle est interprétée par la talentueuse Lesley Manville, qui l'habille d'un rigidité très britannique. Mais qui jamais ne lui ôte de son humanité. Ces enjeux familiaux sont bizarrement exploités. Le parti pris, m'ont laissé un sentiment de non abouti.
Il y a autre chose de non abouti, les petits mots brodés que Reynolds cache dans les coutures de la robe. Ça aurait pu être tellement mieux utiliser. Pour moi ça parle de la possessivité de ce créateur. Une manière de laisser autre chose de lui que
son œuvre. Une prière, le nom de son amoureuse...on est témoin de ce lien, autour d'une autre robe de mariée qu'ils récupèrent sur la mariée car il ne la trouve plus digne de la porter. Il n'y a rien de romantique à faire ça, ou à le voir le faire. De même, lorsque l'on découvre le tempérament d'Alma, il semble difficile de pouvoir croire qu'elle ne va pas inspecter les coutures des robes que lui a créé l'homme qu'elle aime.
Mais le point qui me gâche le film, c'est «l'histoire d'amour»
Chacun vit ses relations et son amour comme il le veut. Mais là c'est autre chose. 
Alma explique qu'elle aime reynolds, que quand il est épuisé et dans un état de doutes intenses. Mais est-ce que c'est vraiment aimer quelqu'un, de l'aimer quand il n'est pas vraiment lui? Quand il est en souffrance?
Reynolds ne supporte pas Alma quand elle est elle. Spontanée, lumineuse,quand elle bouge en mangeant son petit déjeuner. Il l'aime quand elle devient une pasionaria de sa couture, quand elle le soigne, et qu'elle lui obéit. Est ce que c'est de l'amour?
Ce qui s'en suit je ne le spolierai pas. Je dirai juste que le réalisateur s'inspire de sa vie. Il raconte qu'il a été malade et obligé de garder le lit pendant quelque temps, et que ça faisait longtemps que sa femme ne l'avait pas regardé avec tant de tendresse. C'est mignon comme anecdote, quoiqu'un peu flippante en soi. Mais pour moi, la relation que lie les deux personnages, n'est de l'amour que pour ces deux, et dans le cadre d'une relation particulière. Moi, j'y vois de la possession, du sadisme, et un brin de masochisme. Mais ce couple est interprété par Daniel Day Lewis, acteur toujours parfait. Il est si touchant dans les moments de faiblesses, il est crédible quand il joue avec les épingles, puis parfois très désagréable, finalement il est
follement humain dans sa rigidité. Puis par Vicky Krieps, qui respire à la fois la force et la délicatesse. On passe une partie du film à avoir de la peine pour elle, et l'autre à en avoir peur. Elle est très forte. Je pense que c'est grâce à eux que ce film à cet aura et que tant de personne voient de l'amour dans ce film.

Ce film, est à la fois classique et raffiné, et pourtant le réalisateur le baptise d'un nom qui sonne faux dans tous ces falbalas.
Il parle d'art et d'amour, mais je n'y vois que possession et soumission.
Il est pour mois un mystère cousu dans une très belle photographie. Mais il ne me réconciliera pas avec ce réalisateur.


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