Phantom Thread
PHANTOM THREAD
de Paul Thomas
Anderson
Je
ne suis pas une grande amatrice des films de Paul Thomas Anderson.
Mais malgré tout j'ai vu la majorité de sa filmographie. Le dernier
que j'avais vu au moment de sa sortie était the Master,
film qui m' a convaincu de ne pas voir vice,
celui qui a suivit, tant il m'avait déplu. Les oscars étant passés
par là, on a regardé phantom thread
Reynold
Woodcock est le couturier référence des années 50 à Londres. Il
habille la bonne société européenne et des princesses. Il partage
ça avec Cyril, sa sœur, totalement dévouée à lui et à leur
atelier de couture. Un jour épuisé après son défilé, il part
dans leur maison de campagne. Alors qu'il s’arrête pour prendre un
petit déjeuner, il est servi par Alma. À l'opposer des précieuses
capricieuses qu'il a l'habitude d'habiller. Il tombe sous le charme
de sa spontanéité et sa sublime silhouette atypique...
ce
film est avant tout d'une facture sublime. Les décors et les
lumières sont étudiés. Ceux de l’hôtel particulier londonien ne
sont que contrastes. Les lieux où sont reçus les clientes ne sont
que lumières blanches et blancheure lumineuse des lieux. Le bureau,
sanctuaire de Cyril n'est que de couleurs froides, tandis que la
chambre de Reynold toujours filmée dans la pénombre est très
austère.Quant à la salle où ils se retrouvent pour manger, elle
s'habille différemment en fonction des moments. C'est un théâtre avec la scène et ses coulisses. L'élément de transition est un escalier
en bois, majestueux. Escalier où le positionnement de nos personnage
n'est jamais gratuit.
Les
costumes sont sublimes, ils sont à la fois d'époque et parfois ont
un charme suranné. Ils sont toujours très élaborés. Et ont valu
un oscar à Mark Bridges.
La
réalisation est très classique la majorité du temps, le fait que
le film soit principalement filmé en intérieur donne lieu à une
image construite régulièrement avec des champs contre champs,ou
par une caméra posée bien sagement. C'est propre, comme tout dans
ce film. Il y a cependant des petits moments de poésie. Comme
lorsque la caméra virevolte autour d'un jupon de robe de mariée,
mettant à la fois en lumière les petites mains de cette maison,
mais aussi les anonymisant, et montrant l'intensité de leur labeur.
Ce
film est cliniquement beau, froid, est impeccable à l'image.
Mais.....
mais
ce film ne m'a jamais parlé.
D'abord
pour le portrait qu'il esquisse de la famille et des enjeux. Le
rapport entre Cyril et son frère, des le début semble beaucoup trop
complexe pour qu'une troisième personne puisse trouver une place à
leur coté.
Le
rapport que Cyril et Reynolds ont à leur mère morte, et tout ce qui
se joue de malsain autour de la robe de mariée qu'il a créé pour
elle. Qu'est ce que ça implique de faire coudre par son fils
adolescent sa robe de mariée? Et dans quelle mesure tu laisses ta
fille se sacrifier pour que toi tu te maries? Questions abordées,
mais pas forcément approfondies.
Tout comme l'espace offert à Cyril
pour s'exprimer. Si au début on voit combien
elle peut être une
composante compliquée à gérer. Le film la rend de plus en plus
rare, elle devient l'égale de ses bibelots luxueux qui font parti de
l'image. Chacune de ses interventions est un peu toujours la même.
Elle est le marqueur que quelque chose va mal. Heureusement elle est
interprétée par la talentueuse Lesley Manville, qui l'habille d'un
rigidité très britannique. Mais qui jamais ne lui ôte de son
humanité. Ces enjeux familiaux sont bizarrement exploités. Le parti
pris, m'ont laissé un sentiment de non abouti.
Il
y a autre chose de non abouti, les petits mots brodés que Reynolds
cache dans les coutures de la robe. Ça aurait pu être tellement
mieux utiliser. Pour moi ça parle de la possessivité de ce
créateur. Une manière de laisser autre chose de lui que
son œuvre.
Une prière, le nom de son amoureuse...on est témoin de ce lien,
autour d'une autre robe de mariée qu'ils récupèrent sur la mariée
car il ne la trouve plus digne de la porter. Il n'y a rien de
romantique à faire ça, ou à le voir le faire. De même, lorsque
l'on découvre le tempérament d'Alma, il semble difficile de pouvoir
croire qu'elle ne va pas inspecter les coutures des robes que lui a
créé l'homme qu'elle aime.
Mais
le point qui me gâche le film, c'est «l'histoire d'amour»
Chacun
vit ses relations et son amour comme il le veut. Mais là c'est autre
chose.
Alma explique qu'elle aime reynolds, que quand il est épuisé
et dans un état de doutes intenses. Mais est-ce que c'est vraiment
aimer quelqu'un, de l'aimer quand il n'est pas vraiment lui? Quand il
est en souffrance?
Reynolds
ne supporte pas Alma quand elle est elle. Spontanée, lumineuse,quand
elle bouge en mangeant son petit déjeuner. Il l'aime quand elle
devient une pasionaria de sa couture, quand elle le soigne, et
qu'elle lui obéit. Est ce que c'est de l'amour?
Ce
qui s'en suit je ne le spolierai pas. Je dirai juste que le
réalisateur s'inspire de sa vie. Il raconte qu'il a été malade et
obligé de garder le lit pendant quelque temps, et que ça faisait
longtemps que sa femme ne l'avait pas regardé avec tant de
tendresse. C'est mignon comme anecdote, quoiqu'un peu flippante en
soi. Mais pour moi, la relation que lie les deux personnages, n'est
de l'amour que pour ces deux, et dans le cadre d'une relation
particulière. Moi, j'y vois de la possession, du sadisme, et un brin
de masochisme. Mais ce couple est interprété par Daniel Day Lewis,
acteur toujours parfait. Il est si touchant dans les moments de
faiblesses, il est crédible quand il joue avec les épingles, puis
parfois très désagréable, finalement il est
follement humain dans
sa rigidité. Puis par Vicky Krieps, qui respire à la fois la force
et la délicatesse. On passe une partie du film à avoir de la peine
pour elle, et l'autre à en avoir peur. Elle est très forte. Je
pense que c'est grâce à eux que ce film à cet aura et que tant de
personne voient de l'amour dans ce film.
Ce
film, est à la fois classique et raffiné, et pourtant le
réalisateur le baptise d'un nom qui sonne faux dans tous ces
falbalas.
Il
parle d'art et d'amour, mais je n'y vois que possession et
soumission.
Il
est pour mois un mystère cousu dans une très belle photographie.
Mais il ne me réconciliera pas avec ce réalisateur.
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