EXPOSED
de Gee Malik Linton
a.k.a Declan Dale
Écrire
sur ce film, est une expérience autant que de le voir. Il a eu droit
à tout: ce long métrage n'a pas de titre définit: Exposed, mais
aussi Suspicion ou Daughter of god; à sa sortie il a été vendu
pour ce qu'il n'est pas un thriller centré sur un Keanu Reeves, puis
son réalisateur qui signait là son premier film à décider de
prendre un pseudo; il a été mal reçu et pourtant...
ce
film dont je ne savais rien, et un de ceux qui m'a le plus fascinée
de cette année. Il livre certains de ses secrets longtemps après
son visionnage.
Un
dimanche matin, un policier est trouvé poignardé dans le métro.
Quelques heures au par avant une jeune fille y était et a vu passer
un homme qui lévitait. C'est Scott (le partenaire du policier mort)
qui est chargé d’enquêter.
Ce
film est trompeur; même les précédentes lignes je ne les trouve
pas assez justes. Il y a un univers très cartésien dans ce film.
Ce métro vide en pleine nuit, le poste de police qui est celui que
l'on voit dans tous les films. Du placement dans la pièce des
bureaux, à l'agencement de celui du chef, ou alors la manière dont
le supérieur parle avec
une bienveillance de façade à Scott. Tout y est, même les
sempiternelles couleurs vertes au mur. Un vert que l'on devrait
appeler vert des films américains. Tout semble simple et
réconfortant. Et par conséquence on anticipe un peu ce qui va se
passer comme on le ferait d'une bonne série B.
Le personnage principal qui ne l'est pas vraiment est scott. IL est le "bon flic", et on n'a aucun doute sur ça. mais il semble pouvoir se briser à tout moment. il est malheureux et le meurtre qui doit résoudre, celui de son ami, n'est qu'une embuche de plus sur son chemin de croix.
En
face il y a Isabel. Jeune femme qui parle exclusivement espagnol.
Enseignante, elle vit avec la famille de son mari qui combat en Irak.
La particularité de cette jeune femme est son mysticisme. Elle va de
groupes de prières en messes. Et elle a des
visions, qu'elle perçoit comme des anges. Les gens qui l’entourent
s'interrogent, mais sa conviction les gagnent. La réalisation donne
à ses créatures des allures bien particulière et nous le
spectateur ne les aurions peut être pas interprétés comme cela.
Ces êtres ne parlent pas pendant un long moment du film est du coup,
nous sommes tributaires des interprétations d'Isabelle ou de ses
peurs.
Ces
postulats sont renforcés par plusieurs choses dont le fait que
chacun des personnages parle mal, ou ne veut pas parler la langue de
l'autre. Ils semblent évoluer dans des univers difficilement
perméables aux autres. Il y une vraie création de zones avec des
codes et des pratiques différents. C'est le policier qui seul fait
le lien entre ces deux mondes. Il n'est jamais à sa place que ce
soit dans une partie de la ville ou de l'autre. Ces insertions ne
sont jamais sans conséquences et ça devient intéressant. Ça créé
un film assez peu bavard, ou l'on échange pas avec n'importe qui. Et
pour n'importe quoi.
le
sentiment de cloisonnement est accentué par tout ce que l'on ne sait
pas. Entre autre pourquoi Isabel ne parle qu'espagnol, pourquoi
vit-elle avec sa belle famille, ou qu'est-il arrivé à Scott? À sa
femme? Pourquoi cultive t-il sa solitude? Ses relations avec ce
coéquipier qui a l'air si différent?Des petites choses qui laisse
ce film dans la pénombre. Est-ce un choix de la réalisation ou un
choix de studio, je ne saurais pas le dire. Mais
ça ne dessert pas l'histoire au contraire.
Ne
nous mentons pas ce film brassent de nombreux thèmes, du coup ils
sont plus au moins bien développés, mais c'est ambitieux. Il traite
des abus policiers et des violences qu'ils commettent. Et cette
volonté de cacher ces méfaits presque autant par les coupables que
par ceux qui les exécutent.
Il
témoigne sur les viols, sur les hommes, sur les femmes, comme sur
des enfants, sur l'absence de châtiments des coupables. Et surtout
sur le secret qui les entoure.
Isabel
prend les trais de la douce et lumineuse Ana De Armas, qui semble si
fragile et délicate dans ce film. Spécialement lorsqu'elle est
perchée sur des talons aussi fins que ses chevilles. Elle est
splendide. Son rôle est compliqué, entre un mysticisme qui est
parfois désarmant et une solitude visible à l'écran. Elle emporte
notre empathie instantanément. Son jeu est délicat et il me tarde
de la revoir dans Blade runner 2049.
Keanu
Reeves est un anti héros. Il est l'homme qui n'est pas dans le
cadre. Il n'est pas un flic comme les autres. Il semble dans ce film
buriné et marqué par la vie. Il porte son rôle avec compassion et
délicatesse, et ça lui va bien. Les moments ou il s'énervent nous
saisissent toujours.
Mira Sorvino a un petit rôle inutile. C'est pour cela que je m’arrête
sur son cas, dans ce film ou chaque personnage amène quelque chose
elle apparaît comme un cheveux sur la soupe pour être la milf de
service partenaire d'une relation sexuelle pas assumée. J'ai été
assez déçue.
Ce
film a été envisagé comme un drame surréaliste bilingue à le
jonction du Labyrinthe de Pan et Irréversible. Et c'est là que l'on
voit que la drogue c'est mal. Le film est tout sauf ça, mais il est
intéressant, généreux, et pas facile vous comprenez des choses
des heures après avoir vu le film. Et c'est de plus en plus rare,
pour moi c'est un atout.
Puis
c'est efficace. Moi je n'ai rien vu venir, j'ai compris ce qui
motivait l'épilogue du film ou ce qui le motivait que quelques
secondes avant que ça soit énoncé. C'est une vraie bonne surprise
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