2000 - 20092009Alan ArkinBlake LivelyCritiqueJulianne MooreKeanu ReevesMonica BellucciRebecca MillerRobin WrightWinona Ryder
Les Vies privées de Pippa Lee
LES VIES PRIVEES DE
PIPPA LEE
de Rebecca Miller
Les
vies privées de Pippa Lee est un film de femme. En tout cas c'est un
film écrit par une femme qui décidera de revêtir toutes les
casquettes. Elle a d'abord écrit un roman, qu'elle transposa en
scénario puis elle réalisa le film. Il suit une femme qui flirte
avec la cinquantaine pendant quelques semaines, voire
mois et nous confronte à
sa vie.
Le
film s'ouvre sur un repas chic dont Pippa est l’hôtesse qui réunit
des gens de bonne compagnie. Il célèbre son installation avec son
époux (un riche éditeur qui a aussi écrit quelques livres) dans
une banlieue riche est vieillissante ou il pourra se reposer. Leurs
enfants sont grands et vivent leurs vies. Très vite ce qui frappe
est l'énorme différence d'age entre les deux ( plusieurs décennies)
et l'aspect de parfaite femme d'intérieur de notre héroïne.
La peur qui régit sa
vie,est perceptible des le début, c'est celle de la mort de son mari
qui a fait deux infarctus et sans qu'on ne sache pourquoi la peur
qu'il sombre dans la folie. Et lorsqu'on découvre son voisinage, on
perçoit à quel point elle détonne et à quel point elle doit se
sentir seule.
La
première chose qui saute aux yeux est le choix bizarre (voire le non
choix) du point de vu narratif. Si au début on choisit une narration
avec un point de vue externe objectif, elle glisse progressivement
vers un
point de vue subjectif qui suit exclusivement Pippa. Mais tout d'un
coup Pippa décide d'écrire sa vie (notons qu'on ne la verra jamais
écrire) et surgissent régulièrement dans le film des épisodes de
sa vie, racontés à la première personne).
Ce switch particulier ne gène pas la compréhension, mais elle
accentue un aspect décousu voire mal maîtrisé.
Visuellement,
la réalisatrice arrive à faire un joli objet, qui forme un écrin
sympathique et hors du temps pour passer son message. C'est parfois
drôle, en général ça concerne la maison de Dot (les couleurs de
la chambre de son fils, les champignons en plastique)... mais elle
utilise aussi cette banlieue comme l'antichambre de la maison de
retraite ou de la mort. Une antichambre avec un sourire de façade
mais
pas très sereine.
Ensuite
il y a le fond de l'histoire que je vous laisse découvrir. il est
cathartique pour les spectatrices. Mais l'ambition ultime de ce film,
disons le, c'est de développer des thèmes psychologiques et ce
n'est pas très délicats.
Par
exemple le somnambulisme comme stigmate d'un refoulement ou du déni;
et qui finit par amener (en voiture) la personne qui en souffre en
chemise de nuit près de l'homme qui ne la laisse pas indifférente.
Ou encore un vieil homme qui séduit inlassablement la même femme,
avec peu d'estime d'elle, des failles affectives énormes et qui va
tout faire pour le satisfaire. Et qu'il finit , inlassablement, par
quitter.
Ou
cet autre qui tombe toujours amoureux des femmes de son pote.
Puis
il y a aussi la culpabilité des femmes, les rapports mère-fille qui
semblent régir l'éducation des femmes depuis la nuit des temps...
et plein d''autres points développés avec très peu de finesse.
J'avoue
que j'ai passé un bon moment en voyant ce film. J'ai aimé ce
mélange de bons sentiments, et de jolies choses. Cependant en y
repensant et en écrivant dessus je me suis aperçue que les choix de
la réalisatrice ainsi que les propos féministes du films sont en
inéquation. Et lorsqu'on repense à toutes les casquettes qu'à la
réalisatrice, le film perd de la cohérence, et utilise les ficelles
qu'elle dénonce.
Elle
montre du doigt la manière dont est traitée Pippa, mais elle
applique les mêmes réflexes avec ses actrices.
Par exemple la
manière dont elle dirige Blake Lively qui incarne Pippa Lee jeune.
Lorsqu'elle a des scènes a interprété elle est touchante et juste.
Ce qui n'est pas simple vu le rôle. Mais pendant toute une partie du
film elle devient une belle femme trophée, le summum de cette
situation c'est quand elle la pose nue diaphane et sublime, sur son
vieil amant qui lui est engoncé dans une robe de chambre noire, et
dont on ne voit que son visage.
Pareillement pourquoi décrire la jeunesse de son héroïne comme elle le fait. Elle l'hyper sexualise, la faisant passer d'un homme à l'autre et se «défonçant gaiement». Alors qu'elle dit être vendeuse, elle sous entend qu'elle est entretenue. Image si valorisante que le scénario relance en la faisant devenir la maîtresse d'un homme riche et marié. On comprend la logique mais pourquoi la dévaloriser autant. Heureusement que l'actrice excelle et que l'empathie naît instantanément.
Pareillement pourquoi décrire la jeunesse de son héroïne comme elle le fait. Elle l'hyper sexualise, la faisant passer d'un homme à l'autre et se «défonçant gaiement». Alors qu'elle dit être vendeuse, elle sous entend qu'elle est entretenue. Image si valorisante que le scénario relance en la faisant devenir la maîtresse d'un homme riche et marié. On comprend la logique mais pourquoi la dévaloriser autant. Heureusement que l'actrice excelle et que l'empathie naît instantanément.
Tout
ce coté «sexualisé» disparaît lorsque c'est la sublime Robin
Wright qui prête ses traits à notre personnage central. Alors
pourquoi dans ce film ou
l'on nous parle de
femme entre quarante et cinquante ans, on décide de rhabiller la
bombe qui l’interprète? Et
pourquoi présente t-on Keanu Reeves qui a sensiblement le même age comme un homme taiseux
mais «soooo caliente»,qui fait sauter la chemise en cas
d'urgence?ce n'est pas l'antithèse de ce
que le film veut prôner.
Et d’où vient l'idée de dire à longueur de film «mais tu
sembles rajeunir», sous entendu tu semblais vieille ou en sous texte
du sous texte l'amour te fait rajeunir. C'est Robyn Wright, elle est
sublime, ce n'est pas deux boucles en plus dans les cheveux qui vont
changer son apparence
Si
moi j'ai bien ressenti le coté cathartique de ce film. Le maître
des clés de ce blog l'a juste trouvé super culpabilisant pour les
femmes et notre héroïne. Et c'est vrai qu'elle est tout le temps
jugée par les autres, que jamais le scénario n'est bien veillant et
que le seul orgasme qu'elle aura finira en crise
de larmes.
Je
pense que je devrai parler de la place très étrange de la religion
dans ce long métrage. Mais j'ai pas bien compris les partis pris. Je
comprends cependant que l'on puisse devenir mystique en priant comme
elle le fait à un certain moment du film.
Je
pense que Freud et Lacan aurait beaucoup de travail à analyser la
dichotomie de ce
long métrage. Mais
moi là, je suis perdue.
Oui
il y a un filon psychiatrique dans ce film. Mais je n'arrive pas à
appréhender tout ce qu'elle a voulu dire. Peut être que
l'omnipotence de cette créatrice a troublé le message. Car elle est
la fille d'un écrivain célèbre (Arthur Miller), et connaît
parfaitement le monde de l'édition. Elle a le même age que ses
personnages et que les acteurs qu'elle choisit. Et vit depuis des
décennies avec une personnalité très médiatique (Daniel Day
Lewis). Je ne sais pas ce qu'elle projette et je n'ai pas envie de
trier. J'ai aimé ce film, j'ai apprécié le voir, mais avec le
recul je ne pense pas le revoir.
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