Live By Night
LIVE BY
NIGHT
de Ben
Affleck
Il
y a longtemps que je voulais voir Live By Night. Mais il y a toujours
eu un problème. J'aurai du interpréter ça comme un signe. Ne
regarde pas ce film, Cécile!
Des
le premier quart d'heure, je me suis demandée si on ne pouvait pas
changer de salle, et aller voir autre chose. Mais je connais ma
moitié. Je savais que nous étions partis pour deux longues heures.
Normalement
je parle un peu du début du film. Mais voilà ce film ne s'attarde
sur pas grand chose. Les premières minutes et ce qui s'y passe n'a
déjà plus beaucoup d'utilité au bout de vingt minutes. Pour
planter le décor, rapidement je vous dirai, que l'on rencontre Joe
Coughlin hospitalisé dans une prison, avec un énorme pansement sur
le nez. Sa voix , en voix off, nous explique à quel point la
première guerre mondiale a bouleversé sa vie. Elle l'a transformé
en hors la loi.
Ce
qui prendrait un film entier, ici est emballé en un quart d'heure,
vingt minutes. Et cela vous annonce un marathon d’événements
pénibles à venir.
Ce
film est inspiré par le roman éponyme de Dennis Lehane, je voulais
le lire avant d'écrire se billet, mais bon cette séance de ciné
m'a vraiment découragée. Je n'ai pas trouvé le courage de le
faire. Je voulais savoir si ce que je reproche au script qu'a écrit
Ben Affleck y était déjà présent.
Le
script m'a rendu impossible un quelconque sentiment d'empathie, ou
l'immersion dans l'histoire. On suit un moment de la vie de Joe. Mais
Joe n'est pas l'homme le plus cohérent dans ses décisions. Et donc
l'histoire fait comme une balle magique, elle rebondit frénétiquement
des que l'occasion se produit, nous laissant dans l'expectative.
Il
y a une multitude de thèmes abordés: entre autre les traumatismes
de la guerre; la place et l'utilisation de la femme par les réseaux
mafieux, et dans la société des années 30; la drogue; l'alcool; la
place de la religion; celle des prédicateurs; la rédemption, les
rapports cuba-usa... mais à trop vouloir embrasser jamais rien
n'étreint. Les sujets sont balancés mais aucun processus de
réflexion n'est engagé.
L'histoire
se compose d'un ensemble de situations. Mais il n'y a pas de fluidité
dans la manière dont c'est raconté. Elles ne sont pas non plus
traitées comme des moments phares mis en exergue. Elles sont juste
accolées, un peu comme serait chapitré un livre...
Ensuite
parlons de la réalisations qui ne pallie en rien les lacunes du
scénario.
Dès
les premiers moments du film Joe part dans une tirade concluant par
«je ne suis pas un gangster». Et comme ce film marche dans les pas
de cet homme. C'est donc un film qui n'est pas de gangsters mais avec
tous les codes du genre...vive la schizophrénie!
Alors
oui, je suis certaine que Ben Affleck a pris du plaisir à réciter
ses gammes. Les gens pourront s’arrêter sur la magnifique
photographie, le classicisme de ses plans, les plans
fixes composés avec goût; mais ça n'aide en rien l'histoire.
A
la fin je désespérais des couchés de soleil de Tampa, les longues
marches sur la plage avec des scènes dignes des photos postées sur
Instagram. Je m'ennuyais tellement que je m'amusais à déterminer si
c'était une scène filmée en studio ou en extérieur. C'est vous
dire mon taux d'ennuis.
Et
comme si ce n'était pas assez lent, pour jouer la carte de la
«charte du film de gangsters». Il y a la voix off , celle de Ben
Affleck, monocorde, et blanche quelque soit le moment ou la
situation. Rien n'est contrasté, ou souligné. Tu n'as vraiment pas
envie qu'il te raconte une histoire.
L'acteur
principal est Ben Affleck, monolithique qu'on lui tire une balle
dessus, qu'il vive le pire moment de sa vie, ou qu'il soit avec les
personnes qu'il aime. Rien ne passe. Son apparence est en adéquation
avec ce qu'il renvoi. Et l'apparence qu'il choisit d'avoir me laisse
plein d’interrogations. La coupe de ses costumes qui bien qu'elle
soit sur mesure n'est jamais cintrée, ou le symbolisme à deux cents
de leurs couleurs et de leurs formes... mais pourquoi?
Les
seules qui ont fait du bien à mon petit cœur de spectatrice sont
Zoé Saldana qui est à la fois sublime et dégage une force qu'elle
fait passer par son regard ou la manière dont son corps se meut.
Et
Elle Fanning qui compose le rôle le plus complexe de ce film, en un
minimum de temps. A chacune des facettes de Floretta, elle la créée
à nouveau. Son corps plus ou moins voûté, son regard plus ou moins
naif mais elle irradie toujours. Cette actrice est lumineuse.
Elles
sont toutes les deux aidées par des costumes absolument sublimes qui
complètent parfaitement leurs personnages.
Je
n'ai pas aimé ce film. Il y a plein de belles choses, mais c'est
une beauté plate. Je pense que l’extrême investissement de Ben
Affleck (il a écrit le scénario, il l'a réalisé, il joue le rôle
principal, il est la voix off, et c'est l'un des producteurs)a
desservi ce film. Je suis certaine qu'il aime son film mais il manque
un regard extérieur.
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